KVELERTAK cumulent les bons points depuis leurs débuts en 2010. D’abord, avec leur premier album éponyme (produit par le pape des studios et guitariste de Converge, Kurt Ballou) débarqué tel un vent frais du Nord dans nos oreilles, et mettant tout le monde d’accord grâce à un son aussi brutal que festif. Tellement bon qu’il a été gratifié d’un disque d’or, remis par Saint Dave Grohl en personne. Depuis, c’est le sans faute pour les Norvégiens, qui ne cessent de tourner à l’international (aux côtés de Converge, Torche ou Mastodon). Ça fait quand même un très joli CV… Assez joli pour être repéré par le label poids lourd Roadrunner Records, chez qui le groupe sort aujourd’hui son deuxième album « Meir ».
Quelques jours avant sa sortie, j’ai à nouveau eu la chance d’interviewer le groupe. Bon, j’aurais bien aimé avoir Erlend, Bjarte, Maciek, Vidar, Marvin et Kjetil pour moi toute seule, mais il a fallu partager avec de nombreux journalistes venus décrypter « le nouveau groupe bankable » du moment. The Heavy Chronicles peut d’ailleurs se targuer d’être l’un des premiers blogs à avoir soutenu Kvelertak dès le départ (et on ne compte pas les lâcher de sitôt). C’est le guitariste Maciek Ofstad qui s’est plié à l’interrogatoire, avec une sympathie et une zénitude contrastant carrément avec leur image de warriors scandinaves sans foi ni loi. Une raison de plus pour les aimer…
Alors, cette tournée ?
Maciek : Ça se passe hyper bien ! On vient juste de terminer avec l’Angleterre, où on a joué nos meilleurs concerts depuis un moment. Donc ouais, c’était vraiment cool.
Dans le premier album, les lyrics étaient principalement portés sur le folklore et les légendes norvégiens. Est-ce qu’on aura droit à quelque chose de différent pour « Meir » ?
Ouais, Erlend ne voulait pas parler uniquement de ça, parce qu’on ne voulait pas jouer dans ce registre indéfiniment, tu vois ? Celui ci sera plus porté sur des thèmes comme l’apocalypse, le fait de vouloir fuir le quotidien, le besoin de solitude, des trucs du genre… (rires)
À titre personnel, quelle est ta source d’inspiration lorsque tu composes ?
Tout est inspiration. Je ne cherche pas réellement à traduire les choses du quotidien en musique, l’inspiration arrive juste comme ça. Mais on est tellement nombreux dans le groupe, entre la musique que j’aime et cette que les autres écoutent, il y a vraiment beaucoup d’influences différentes.
Venons-en au processus créatif au sein du groupe. Est-ce que vous composez à partir des textes d’Erlend, ou bien est-ce qu’il écrit à partir de vos compos ?
Non, il écrit après que tout les sons soient finis. Bjarte compose la plupart des morceaux. Il fait des démos pourries, les amène en répèt, on apprend les morceaux, puis chacun ramène ses idées. Ensuite, t’as le produit fini. Comparé au premier album, « Meir » a principalement été composé en répèt. On a créé sur place puis passé quatre mois à s’entraîner tous les jours, pour trouver ce qui sonnerait le mieux. Le processus a été beaucoup plus basé sur un travail d’équipe cette fois-ci.
« Kvelertak » a été tellement encensé que vous avez pas mal dû avoir la pression pour le deuxième album…
Ouais je sais, c’est comme cette règle qui dit que si tu fais un super premier album, alors le deuxième sera forcément merdique (rires). Le truc c’est que lorsqu’on a fait le premier album, on ne s’attendait pas à ce qu’il soit écouté, on l’a fait pour nous. Maintenant, plein de gens nous suivent, ils attendent après nous, c’est toute la différence. Mais au final, Kvelertak c’est nous, rien n’a changé. C’est juste cool que les gens attendent quelque chose de nous à présent. En fait, je pense que ce nouvel album est… génial. (rires) J’en suis très content.
Kurt Ballou a produit vos deux albums, ce qui d’un point de vue purement technique, est un vrai gage de qualité. Mais une question me titille : comment vous êtes vous rencontrés ?
C’est une histoire assez drôle en fait. En 2009, on voulait enregistrer un album, mais on se demandait qui pourrait bien le produire. On s’est posé pour écrire une liste, et tout le monde a noté le nom de Kurt, parce qu’à l’époque on écoutait tous des groupes qu’il avait enregistré. On lui a donc envoyé un mail « hey, Kvelertak de Norvège, on veut enregistrer notre album chez toi, c’est cool pour toi ? » (rires) et on lui a envoyé une démo. On pensait qu’il allait jamais nous répondre, pourtant on a reçu un mail de lui « fuck yes, allons y ». Et voilà ! On était partis pour les States !
Wow, tu parles d’une chance…
Ouais ! Il nous a dit qu’il recevait des tonnes de demandes par semaine, qu’il ne lisait même pas. Mais il a regardé la notre parce qu’il y avait un nom bizarre en en-tête (rires). Genre « putain c’est quoi ce truc ? Oh, mais ça défonce ! ».
En parlant de Kurt, vous avez tourné aux States avec Converge à l’automne dernier, mais vous avez aussi tournée en Asie, dans toute l’Europe… Comment est-ce que ces différents publics réagissent à votre musique ?
Pareil ! Tout le monde devient fou, et c’est génial partout… C’est toujours dingue de voir ça, parce qu’on est juste un groupe de Norvège. Mais aller en Australie, à Salt Lake City et voir tous ces gens devenir dingues… Je me dis qu’il y a toujours de l’espoir pour la musique et… oui. (rires)
Quels sont tes meilleurs souvenirs de ces tournées ?
Tout ! À chaque fois que j’ai cette question, y’a genre mille trucs qui me viennent à l’esprit. Mais rencontrer tous ces gens géniaux en fait partie, on a été beaucoup inspirés par tous ces groupes avec qui on a joué. On a rencontré le prince héritier de Norvège, il était présent lorsqu’on a fait la première partie de Foo Fighters chez nous. Cet été, on jouera en première partie de Kiss, tu vois, c’est DINGUE. En quatre ans, j’ai accompli plus de choses que dans toute ma vie.
Parlons du clip de « Bruane Brenn ». C’est pas vraiment courant de voir des gamins dans un clip de métal. Qui a eu cette idée ? Vous avez fait un casting ?
Ouais, y’a eu un casting et tout… L’idée de base, c’était des gosses en train de jouer de la gratte, de conduire des bagnoles et de boire des bières… (rires) On en a parlé à Stian Kristiansen qui a réalisé le clip, et qui gère ce théâtre pour enfants à Stavanger. Donc il connaît un tas de gamins. J’avais peur qu’ils se retiennent mais dès que j’ai vu les premières prises, que j’ai vu le gosse se lâcher au micro… Trop bon. Le truc a vraiment pris une bonne tournure ! Je ne crois pas que les gens s’attendaient à ça, donc c’est encore plus cool.
Ouais, ils devaient sûrement s’attendre à un clip live ou un truc du genre… Mais clairement pas à des enfants !
(rires) Ouais, et ça qui le rend si original.
Donc comme tu le disais, vous avez rencontré un tas de groupes cool en tournée :Converge, Torche, Truckfighters… Est-ce qu’il y a une scène en particulier dont tu te sentes plus proche qu’une autre ?
Je me sens proche de toutes les scènes, en fait. On a de la chance, dans le sens où peut nous caser dans plein de genres différents. Je ne sais pas si ça fait prétentieux, mais je pense qu’on pourrait tourner avec à peu près tout le monde ! (rires) Tant que c’est un groupe cool avec des mecs sympas, c’est tout ce qui compte.
Vous êtes repartis pour une grosse tournée mondiale… Des dates qu’il te tarde de faire plus que d’autres ?
…Rentrer à la maison ? (rires)
Ah, pas mal ! Et ce sera pour quand ?
On sera chez nous du 13 au 20 avril. Éteindre mon téléphone et rester avec ma copine, c’est tout ce qu’il me tarde. Ça, et aller en Australie. J’adore tourner en Europe, mais il fait vraiment trop froid en ce moment. La saison des festivals est toujours cool, tu vois, c’est deux mois de teuf et de rencontres avec les groupes. On l’a fait trois fois déjà, et ce sont toujours de bons moments. Il y a pas mal de festivals où il me tarde de jouer…
Dernière question, pour le fun. Si un booker te proposait de partager l’affiche, et pourquoi pas la scène, avec des groupes de ton choix… Qui choisirais-tu, mort ou vivant ?
(stupéfait) Nooooon… J’aimerais jouer avec Sebastian Bach, ça serait tellement cool ! Il m’apprendrait l’orgue, des arpèges… Ou Mozart, il était vraiment fou. Est-ce que t’as vu le film ? Il n’a jamais développé ce côté de son cerveau parce que son père l’a poussé à jouer du piano et du violon dès l’âge de 2 ans, il a composé sa première symphonie à 6 ans, c’est juste dingue. Il a développé le côté adulte de son cerveau , mais jamais le côté enfant. Donc de super doué, il est retombé à zéro. Mais j’aimerais beaucoup jammer avec Mozart…
Toutes les prochaines dates de KVELERTAK sur leur Facebook.
Last modified: 16 février 2014