SUNGRAZER + THE MACHINE + LIBIDO FUZZ @ Saint Ex (Bordeaux, 18.02.13)

Written by Live

Sungrazer live @ Bordeaux, 2013

J’ai été mauvaise langue. Ben oui, Bordeaux, un soir de semaine, deux groupes stoner pointus venus de loin : j’avais peur. Peur que la foule ne se montre pas, et que ces groupes si talentueux se retrouvent dos au mur, face à un Saint Ex quasi vide. Mais j’ai fait une erreur, et je l’admets, car c’est tout l’inverse qui s’est produit pour cette soirée aux couleurs acidulées du stoner. Les bordelais ont été nombreux au rendez-vous, et  SUNGRAZER, THE MACHINE et LIBIDO FUZZ se sont vus acclamés par un public à l’enthousiasme grisant. Inutile de préciser que le niveau scénique des groupes a crevé le plafond, nous mettant l’eau à la bouche… pour une prochaine « Holy Mondays Mirror Party » ? Bientôt ?

LIBIDO FUZZ (FacebookBandcamp)

Et quelle agréable surprise quand je pénètre dans la cave du Saint Ex : une foule compacte est en train de gigoter sur la musique heavy 70’s de la première partie bordelaise LIBIDO FUZZ. L’appetizer fait son boulot : le trio fait preuve de cette envie, de cette ferveur typique des jeunes groupes, à la manière de ceux-là même qui animent les rues à la Fête de la Musique, avec pour but de conquérir le passant en l’espace de quelques éphémères minutes. Sauf qu’ici, le public est acquis d’avance, entre les potes et ceux qui sont venus dans un total esprit de découverte. Techniquement et vocalement, le groupe doit encore bosser dur pour faire des sets carrés et se permettre plus de libertés (je les imagine déjà en train de taper de grands jams en live). Parce que les fins de morceaux brutales ou les larsens mal maitrisés, quand on ouvre pour Sungrazer, ça pêche. Mais la motiv’ est là, les influences heavy-bluesy sont là et le potentiel est là, sans AUCUN conteste ! À très vite LF !

SUNGRAZER (site webFacebook)

Au changement de plateau, je vois les ptits gars (enfin tout est relatif, quand on voit le bassiste…) de Sungrazer installer le matos. Au début je me dis qu’ils sont vachement sympas d’aider leur collègues hollandais de The Machine… Sauf que quand les lumières s’éteignent et qu’ils sont encore là, je réalise qu’il y a eu comme un léger changement dans le running order. En soi, ce n’est pas un mal puisque le trio bénéficie de toute l’attention d’un public tout juste échauffé, mais d’un autre côté cela veut dire que leur set passe de 1 heure à 40 courtissimes minutes. Avec un démarrage d’une extrême douceur sur « Sea », le son cosmico-fuzzy du groupe monte sans attendre au cerveau des spectateurs contemplatifs (tout comme les effluves entêtantes de grass), et les corps se laissent aller façon métronome humain.


Après une intervention en français réussie de la part de Sander, Sungrazer nous offre deux des trois morceaux présents sur le tout récent split EP sorti avec The Machine. Dans une vibe un peu moins planante et donc forcément un poil plus énergisant, « Yo La Tengo » et « Flow Through A Good Story » dépotent carrément en live ! Et contrairement à ce que j’imaginais avant de venir, les gens sont toujours aussi nombreux dans la cave du Saint Ex, et super emballés en plus.

Je ne peux pas ajouter grand chose de constructif, étant donné que j’étais dès le départ acquise à la cause de ce groupe que j’avais découvert dans de super conditions aux Stoned Gatherings à Paris. Me concentrer pour filmer (dans le noir, j’adore les caves pour ça) sans headbanguer ou sans finir totalement happée par leur vibe cosmique relève de l’exploit. Heureusement, c’est total lâchage sur la tuerie qui cloture le set : « Common Believer ». Quel dommage que le groupe ne fasse pas de rappel, quelle frustration… Mais lundi soir oblige, le timing est très serré.

THE MACHINE (site webFacebook)

Les deux têtes d’affiche jouant sur la même batterie Ludwig, le changement de plateau est relativement rapide pour The Machine. Et pour le coup, le premier son « 1st U.P » ne manque pas de foutre une claque au public : pas le temps de « rentrer dedans », parce que ce sont eux qui nous rentrent dedans ! Au bout d’une minute à peine, je me dis que finalement, il valait mieux qu’ils passent en dernier, histoire d’avoir un set de heaviness en crescendo.


Sans relâche (et sans trop de communication), The Machine balance parpaing sonore sur parpaing sonore, et comme le dirait un ami : « aucun doute, ce sont les sons of Kyuss«  ! Les hollandais font preuve de grosses influences desert rock vombrissantes, c’est clair, mais ils s’amusent à accentuer soit le côté psyché, soit le côté punk selon les morceaux. En somme, ils font encore plus trembler les murs que leurs « papas » de Palm Desert. Avec un set globalement très punchy, le groupe terminera sa performance sur deux morceaux du split EP : « Not Only » et « Awe ». Le dernier étant une ode acid rock de 10 minutes. Mais comme le public bordelais est conquis à mort, il acclame et réclame avec persistance le groupe pour un rappel. Lessivés, les trois gars s’exécutent et là, la surprise est de taille : ils nous assènent une reprise de « Sabotage » des Beastie Boys ! Décidément, ce morceau a les faveurs de toutes les communautés rock ! Pour avoir vu sa version hardcore en live avec Cancer Bats il y a un mois, je peux dire que la version stoner vaut elle aussi carrément le détour. Après un tel coup de maître, on aimerait que la soirée se poursuive, on rêverait que tous les groupes se mélangent dans un jam géant et sans fin, on aimerait beaucoup de choses…

Encore une énorme soirée organisée par Slice Event & Pizza, en espérant que ces deux Holy Mondays couronnés de succès en inspirent d’autres. Merci un million de fois à Jimmy pour son accueil chaleureux, et merci à la Hollande de produire autre chose que du gouda et des coffee shops.

Last modified: 24 novembre 2013