Le terme « drawer » a plusieurs sens en français : « dessinateur », « tiroir » ou encore « culotte ». Mais comme les geeks et les meubles Ikea ne nous intéressent guère, on dira plutôt que DRAWERS est un groupe qui en a assez dans le slip pour se produire en terres inconnues et mettre K.O. chaque audience. Car écouter Drawers équivaut à peu près à se faire asmater par une horde de trolls, tout en étant complètement déf’. Pour ce qui est des faits, DRAWERS est un groupe de Toulouse qui sévit depuis quelques années dans l’underground avec pour armes un sludge magistral et mélodique, un premier album « All Is One » qui défie les lois de la pesanteur, et une capacité à se mettre dans la popoche n’importe quel public. Facile de prédire un avenir brillant au groupe, qui a joué à quatre reprises en première partie de Red Fang l’année passée. Normal, quand on connaît le caractère incontestablement sympathique des deux groupes. Logique donc, que je retrouve Drawers avant leur concert au Glazart le 29 novembre dernier, pour un petit bilan sur cette année on the road. Derrière leur expansivité et leur tempérament blagueur se cache une bande de potes bien déterminés à multiplier les projets et concerts pour faire entendre leur musique. Croyez-moi, ils ne comptent pas en rester là… (Photos : NASH)
On démarre par la question inévitable : est-ce que vous pouvez revenir rapidement sur l’historique du groupe ?
Olivier (batteur) : En 2006, Alexandre, Jérémy et moi-même avons commencé à répéter à l’arrache dans le garage de mes parents. On avait tous des groupes à côté, et on voulait faire un truc plus stoner pour délirer. Au final, y’a eu tellement de feeling entre nous qu’on a décidé de répéter dans une vraie salle et d’investir dans du matos. C’est vraiment devenu notre groupe principal. On a enregistré l’EP « This Is Oil » qui sonne très Pantera/Down. Lolo nous a rejoint après l’enregistrement car le style lui a plu. Notre premier chanteur, Sam, est parti un peu après ça, et c’est là que Nico nous a rejoints. On cherchait un chanteur avec des couilles, on l’a trouvé. Du coup, on a enregistré « All Is One », et depuis on fait des concerts pour défendre l’album. On joue le même set depuis deux ans !
En parlant de votre album, « All Is One » est dans les bacs depuis maintenant un an, quels sont les retours ?
Olivier : Globalement, on a eu beaucoup de retours positifs avant même d’avoir trouvé notre label. Que ce soit des proches, de très bonnes chroniques sur les webzines, des gens sur Internet… Et sur scène également. On a cherché à avoir un son assez gros, faire un truc assez massif, les gens l’ont bien reçu dans la gueule ! On a vendu nos 500 exemplaires…
Nico (chanteur) : Notre label, Sloburn, vient de commander les derniers exemplaires, après y’en a plus !
Vous comptez le ré-éditer dans le futur ?
O : En vinyle, pour l’objet. À l’époque où on sortait l’album, on parlait déjà de ça, mais ça revenait trop cher.
N : Surtout qu’il y a eu un gros travail graphique sur tout le livret pour mettre l’album en image. Donc après, on a pas les moyens de le sortir en vinyle, et du coup… cristal box dégueulasse !
Parlons de votre split EP avec Hangman’s Chair qui lui, n’est sorti qu’en vinyle. Perso, je l’ai trouvé magistral. Comment le projet s’est-il mis en place ?
Alex (guitariste) : À la base quand on a monté Drawers, on s’inspirait vachement de leur ancien groupe, Es La Guerilla, qui était un peu plus hardcore que ce qu’ils font maintenant. Hangman’s Chair font partie à 50% de nos influences musicales.
O : Nico, qui booke nos dates, s’est rapproché d’eux via Facebook et les a fait jouer à Toulouse via son asso Noiser. On s’est rapprochés d’eux, puis on a fait quelques dates : Marseille, Lyon, Rouen… Le contact est bien passé !
N : Et comme Romain d’Apathia voulait sortir un split sur son nouveau label Moodisorder, avec des groupes qui collaient pile à la désignation dark stoner/sludge/doom… Ils nous a proposé à nous, mais il fallait qu’on trouve un groupe avec qui le faire. Hangman’s Chair avaient déjà enregistré leur album, et ils avaient des morceaux prêts pour des splits…
Ce soir, vous jouez en première partie de Red Fang. Vous commencez à avoir l’habitude de jouer avec eux en France. Ça fait quoi, la quatrième fois depuis le début de l’année ?
N : Oui ! C’est le groupe avec lequel on a le plus joué. Même nos potes, on n’a pas autant joué avec eux !
Maintenant, ça doit être une grande histoire d’amour entre vos groupes ! Comment ça se passe avec eux ?
O : Ils tournent beaucoup, et pourtant dès la deuxième fois où on s’est vus, ils nous reconnaissaient. Ce sont des gars vachement modestes et humbles, et le dialogue est super facile avec eux. Donc le fait d’avoir joué plusieurs fois ensemble, ça crée beaucoup de sympathie entre nous.
Ce soir, ce sera votre deuxième date parisienne. Sans vouloir faire cliché, c’est pas mal du tout pour un groupe de province !
A : Oui, et sans être passés par le Café de Paris, ni le Rigoletto, ni la Miroiterie !
Et le public parisien, vous le sentez comment ?
O : Quand on a joué à Paris la dernière fois, on s’est rajoutés un peu à l’arrache sur la date de Conan aux Combustibles.
Laurent (guitariste) : On a joué un dimanche soir, mais il y avait du monde. Et c’est pas le public le plus froid qu’on ait connu !
Jérémie (bassiste) : Enfin on verra ce soir, si ça se trouve tu devras faire un erratum « le public parisien est bien pourri »… (rires)
O : Ça dépendra combien on vendra de merch ! (rires)
Plus sérieusement, quels seront vos projets en 2013 ?
O : Là on compose, et on compte enregistrer notre prochain album en mars-avril. Pour l’instant on a 7 titres de prêts.
N : Et pour la première fois, on va prendre l’avion pour jouer en Algérie. C’est dans le cadre d’un projet d’échange d’artistes entre Toulouse et Alger, dont je fais partie à la fois avec Drawers et mon asso Noiser (NDLR : orga de concert mentionnée pas mal de fois sur le blog). La première date à Toulouse, ce sera Drawers/Selenites, donc 100% consanguin puisqu’on a un membre en commun. Mais jouer à Alger, ça va être bien cool !
Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?
O : Beaucoup de black métal, mais comme je suis nostalgique, j’écoute que des vieux trucs. Alexandre et Jérémy écoutent vachement de trucs électro un peu bizarres.
L : Je suis un grand fan de Meshuggah, Devin Townsend… Et Nico il écoute du grind et du Napalm Death.
Donc en fait, aucun de vous n’écoute le genre de musique que vous faites ?
O : Autant à l’époque de « All Is One », on écoutait beaucoup de trucs du style, mais depuis on est tous passés à autre chose. Du coup, notre musique va beaucoup évoluer, tout en gardant cet esprit lourd. Mais ouais, on a tous des goûts complètement différents.
Dernière question, que je pose lors de chaque interview : si un tourneur vous proposait de jouer avec les artistes de votre choix, qui choisiriez-vous ?
(ils se mettent tous à parler en même temps)
J : Pour la cohérence, je dirais Mastodon (les autres valident).
N : Crowbar, mais y’aurait trop de compèts de barbes. (rires)
A : Torche !
O : Moi, Pantera ! Rien que pour les voir au moins une fois (également validé par le reste du groupe). On a une passion commune, c’est Pantera.
Merci à vous !
Tous : Merci à toi !
Pour encore plus de DRAWERS, allez sur leur PAGE FACEBOOK et matez cette vidéo…
Last modified: 5 janvier 2017