Retrospective BARONESS : « Red Album »

Written by Chronique

C’est lorsque j’ai appris que le mythique groupe de métal prog BARONESS préparait un album pour la fin de l’année que je me suis dit « rah il faut quand même que je fasse une chronique de leurs deux albums, le monde a le droit de savoir ». Oui, le monde doit savoir que BARONESS est un groupe hors-norme qui trimballe avec lui un univers complètement fantastique. Ils sont bons, la preuve : deux albums, deux chefs-d’oeuvre.

Pourquoi une double chronique ? Parce que selon moi Blue Record et Red Album sont les deux faces d’une seule et même pièce. Ou si vous préférez, deux chapitres d’une même histoire. Le dernier exemple illustre mieux le délire, car ce sont bien des contes fantastiques que nous livre BARONESS, de véritables épopées entre ciel et mer. Les pochettes rouge et bleue sont tellement étrangement représentatives de ces épopées… On a jamais autant fait coller un visuel à une musique en fait, et c’est normal car ce n’est ni plus ni moins le chanteur/gratteux du groupe John Baizley qui les a dessinées. Bref, parlons musique avec le 1er opus du groupe.

Artiste : BARONESS (page)
Album : « Red Album »
Date de sortie : Septembre 2007
Label : Relapse Records
Genre : sludge / métal progressif
Notation : ☆☆☆☆

Avec Rays On Pinion, on débute sur une ambiance new age qui laisse vite place à des harmonies de guitare clean aériennes et transcendantes, suivi d’un assaut sludge prog bien trempé. 7 minutes d’intensité onirique à vous foutre la chair de poule qui placent la barre très haut pour le reste à venir… The Birthing enboîte le pas telle une suite logique de Rays On Pinion, laissant un peu plus la place au chant de Baizley et Blickle et dont la structure en « chapitres » évite tout ennui pour l’auditeur.

Là où le groupe fait atteindre son paroxysme au terme « fascinant », c’est avec Wailing Wintry Wind où on touche carrément les abîmes sous-marines, se laissant porter par le chant des baleines. Plus le morceau prend du volume, plus on s’enfonce dans les profondeurs. La montée en puissance du morceau est comme une tempête qui se serait soudainement levée, et pourtant à aucun moment on flippe car Baizley nous accompagne avec ses incantations étranges « See inside/Till you find me blindly/Slice the rind/Till you see me bleeding/Thousand blades/Of an unbeliever/Sift the sand/Hear the wail of winter winds« . Une oeuvre prog qui s’inspire sans nul doute du « Chtulu » de Metallica pour l’ambiance aquatique, mais qui garde sa personnalité propre avec la « Savannah touch » du groupe.

De retour sur la terre ferme après une épopée mouvementée au sein du Nautilus, on a droit à une pause acoustique mélancolique faussement redneck avec Cockroach En Fleur. Encore et toujours, mélodie et émotion priment, même si BARONESS les associe le plus souvent à la force brute.

Autant Isak me rappelait les voisins Kylesa, autant Wanderlust me rappelle les cousins barbus hurleurs Mastodon. On s’enfile sans sourciller ce morceau, puis le suivant, puis le suivant… Tout passe comme un lettre à la poste, grâce à cette alliance de force et de douceur, de mélodies épiques et de riffs post-punk bruts, le tout à peine saupoudré de quelques voix ça et là, juste ce qu’il faut pour ne pas être trop emmerdé par les cris rébarbatifs chers aux groupes sludge prog, laissant presque oublier la présence d’humains derrière tout ça. Plongés au coeur de l’histoire sans intermédiaires.

Le temps d’une courte pause stoner prog avec Teeth Of A Cogwhell et on reprend le bourrinage (il faut bien) avec O’Appalachia, un morceau qui fait le même effet que d’avoir le pied attaché à une corde tirée par un mustang sur des kilomètres de montagnes vertes et fleuries, vlà l’délire. Merci au revoir, l’album se clôt sur ce que la néophyte que je suis pourrait qualifier de Sonate ou Symphonie en Do Majeur, bref aucune idée de ce que c’est mais c’est beau tel un orchestre symphonique qui aurait décidé de jouer avec des amplis Bad Cat.

Vous l’aurez compris, BARONESS prend toutes ses influences, réfléchit, teste, puis pond un « bouquin musical » de 10 titres puissant et lourd en émotion. Et je pousserais encore plus loin en disant qu’il y a quelque chose d’atypiquement jazz et parfois classique dans les compos du groupe, ça force au respect. Pas un mot de plus je vous préconise juste de tenter l’envol avec le « Red Album », vous m’en direz des nouvelles…

L’ODYSEE SUIT SON COURS, PROCHAIN EPISODE : « BLUE RECORD »…

Last modified: 31 mars 2013