THE BAPTIZED nous plonge dans la fraicheur space rock de « Exilion ».

Written by Chronique

Comment déterminer la popularité d’un groupe et son influence sur la scène musicale ? Il n’y a qu’à en juger par le nombre d’émules qu’il peut générer dans son sillon. On ne va pas se mentir, Slift a bouleversé le paysage rock français au point que sa musique s’exporte désormais aussi bien que nos bons vins. Mais il y a aussi plus près de chez nous que leur influence se fait sentir. The Baptized, power trio lillois, pourrait être l’un des disciples du trio toulousain et n’a absolument pas à rougir de la comparaison. D’ailleurs, si on vous en parle aujourd’hui, c’est bien qu’il mérite un coup de projecteur. #lavieaprèsslift #nosrégionsontdutalent.

Eux aussi sont trois, aiment faire les choses en famille (ils sont cousins), adorent la science-fiction de Metal Hurlant et imaginent leur musique comme une odyssée. Mais les analogies s’arrêtent là. L’univers musical déployé par The Baptized sur ce premier album a suffisamment  de quoi surprendre et réjouir tout aficionado de voyages interplanétaires sans bouger de son canapé.

« Exilion » se vit en effet comme les récits des Livres Dont Vous Êtes le Héros (dixit le groupe) où l’auditeur se retrouve parachuté sur « une terre désolée au décor post-apocalyptique, où sont envoyés en exil tous les pires malfrats et damnés. En plus de ce décor pas vraiment accueillant, les conditions climatiques sont très hostiles : tempêtes et sécheresse font la loi. Il ne fait pas bon vivre à Exilion! ». Le cadre est planté. Même si les références de science-fiction se font évidentes et sont naïvement énumérées — on cite pêle-mêle Moebius, La Horde du Contrevent, Metal Hurlant bien sûr, Star Wars — le principal n’est pas là. La collision des styles de rock psyché, stoner et post punk apporte un souffle nouveau aux narrations cosmiques, récits qui se vivent complètement en instrumental.

En effet, pourquoi s’en tenir à des conventions alors que leur musique est synonyme de liberté ? Pourquoi se mettre des barrières alors que les solos de guitares de Nicolas, prédominants mais jamais agaçants, sont si expressifs ?

Dès « Furvent » on retient tout de suite les expressions du soliste, entre torrent incandescent de notes et respirations apaisantes. Alternance dans le jeu permettant d’harponner l’auditeur et de l’emmener au-delà des étoiles. Chaque titre développe une ambiance et narre un nouveau chapitre de cette aventure sur Exilion. On se prend au jeu en se passant de mots. Et l’énergie et la spontanéité de leur musique ont de quoi tenir en haleine ; choix judicieux que d’avoir enregistré en prise live l’ensemble des titres (merci Charly Millioz, activiste familier de la scène indé lilloise).

Si toutes ces qualités ne vous ont pas encore convaincus, c’est la section rythmique qui vous fera changer d’avis : la basse de Julien et la batterie de Vincent sont définitivement les marqueurs de ce premier album. Le duo met en place des modèles rythmiques simples mais à l’efficacité contagieuse. Ça file droit, ça percute fort, mais c’est ultra catchy voire groovy à mort. Si déjà on s’envoie en l’air, autant que ce soit à la vitesse supersonique et que ça remue ! Impossible de rester de marbre sous les attaques de « Furvent », encore elle, l’épileptique « Araski » ou le crescendo quasi punk de « La Malterie » (oui, oui la même). Cette dorsale rythmique, haletante de bout en bout, se mue en dragon spirituel dominant les éléments. Il est alors aisé pour Nicolas d’y plaquer toutes ses expressions sur la magistrale « Storming The Dark » (en guise de conclusion), dont les notes embrasent le firmament.

C’est toujours un signe d’espoir quand on voit débarquer des formations (locales) qui croient encore à la Sainte Trinité guitare-basse-batterie, mues par l’envie d’en découdre avec les étoiles. Un trio dont vous auriez tort de ne pas soutenir la musique. Allez donc les voir, dans n’importe quel rade où l’on peut encore brancher des amplis et tourner le bouton sur onze. Ce premier album a le seul défaut de sa jeunesse, la candeur, quoique presque touchante. Mais retenez bien The Baptized : cette nouvelle agence spatiale lilloise a de quoi vous emmener loin, très loin, dans les années à venir.

ARTISTE : The Baptized
ALBUM : Exilion
DATE DE SORTIE : 7 mars 2025
GENRE : Rock psyché/space rock
LABEL : Atypeek Music
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Last modified: 17 mars 2025