50 Shades of Doom : les albums pour se lancer.

Written by Focus scène

Ô toi, jeune téméraire devant l’éternel. Toi qui, devant les milliers de memes qui envahissent les écrans ces derniers jours, t’es soudainement posé des questions saines telles que : “Mais attends, c’est qui ce vieux perché ? Et c’est quoi cette musique lancinante qui groove mais qui semble aussi démoniaque que psychédélique ?” Alors lui, c’est Bobby Liebling, et s’il a effectivement le cerveau transformé en soupe par des décennies de came (comme son nom de famille le laisse présager), c’est une LÉGENDE. Le groupe, c’est Pentagram. Et leur histoire est aussi culte que mouvementée et désastreuse.

Bravo, tu viens de découvrir le doom dans sa branche la plus classique et, même si tu n’en es pas encore conscient, te voilà prêt pour un long voyage initiatique, artistique, psyché-satanique, et il est possible que tu en viennes à gonfler les rangs des adorateurs de bas tempo, de fuzz pachydermiques et de riffs répétés à outrance. Le doom, c’est la vie… enfin c’est plutôt la mort mais oh, ça va, t’as compris. Ici, nos idoles riment en “i”. On parle d’Ozzy, Iommi, de Bobby. 

“You can only trust yourself and the first six Black Sabbath albums.”

Ton voyage commencera probablement par « Iron Man », « War Pigs », « Sweet Leaf » et compagnie. Mais une fois que tu auras mordu dans des peluches de chauves-souris pour faire comme tonton et que tu te demanderas comment rassasier ta soif de doom, tu trouveras dans les lignes qui suivent les recommandations et coups de coeur de l’équipe THC au rayon doom, du plus classique au plus contemporain. Régale toi !

Acid Mammoth

Album recommandé : Under Acid Hoof
Titre pour s’initier : Berserker

Tu veux du classic doom qui vénère Ozzy mais joué par deux générations de Grecs prêts à en découdre sur toutes les scènes d’Europe ? Tu veux une touche de psyché sur tes riffs suintant comme le soleil Hellénique ? Acid Mammoth c’est la relève (enfin) assurée, c’est la famille, c’est des concerts emplis de sourire par des mecs tellement heureux de pouvoir faire péter les watts et s’enjailler sur des riffs intemporels, le tout en alliant style et sobriété. Déja culte.

Witchthroat Serpent

Album recommandé : Trove of Oddities at the Devil’s Driveway
Titre pour s’initier : Nosferatu’s Mastery

Parce que nos régions ont du talent et que la France a ses propres représentants d’un classic doom tendance film d’exorcisme en found footage trouvé lors d’une session d’urbex dans le grand sud-ouest. Witchthroat Serpent a commencé par un doom des plus 70’s et à tendance heavy pour s’en aller, au fur des albums vers toujours plus de lourdeur. Aujourd’hui c’est leur savoureux mélange de classicisme et de dissonances dans les leads guitares et le sentiment de maîtrise qui se dégage de leurs albums (toujours captés en live) qui font de Witchthroat Serpent, une force sur laquelle il faut compter ! – MATT


AHAB

Album recommandé : The Call Of The Wretched Sea
Titre pour s’initier : Below The Sun

Quelle est la plus profonde et funeste tombe sur Terre ? Tous les marins vous répondront l’océan, celui qui vous submerge, vous avale et vous entraîne dans les profondeurs abyssales. Ahab tire son blase du nom du célèbre capitaine du récit d’Herman Melville. Jamais un doom n’aura développé telle ambiance évocatrice tout en restant fidèle au codex du genre. Avec ses guitares ondulantes comme des vagues et des drones gémissants tels des baleines, le tout donne l’impression de se faire broyer son frêle esquif par Moby Dick, pour finir noyé dans les flots lugubres et froids. Ces Allemands appellent cela du « nautik funeral doom ». Bienvenue dans le monde du silence.

Spelljammer

Album recommandé : Abyssal Trip
Titre pour s’initier : Lake

L’école suédoise post Monolord a fait des émules. Spelljammer est l’un des dignes héritiers de ce doom à la basse grondante et écrasante. Ajoutez des riffs inquiétants et lourds comme une enclume qui vous entraîne par le fond, le tout passé au concasseur rythmique … et vous obtenez le son Spelljammer. Délaissant album après album leur identité (heavy) stoner des débuts, le trio suédois réussit sur leurs deux dernières productions une greffe moderne entre l’héritage d’Esben Willems et les ambiances brumeuses de Sleep. Écrasant, immersif et flippant. – YANNICK K.

Saint Vitus 

Album recommandé : Born Too Late
Titre pour s’initier : Born Too Late

Précurseurs du doom aux côtés de Pentagram, les Californiens sont l’incarnation pure de ce genre lent et massif ralentissant la recette heavy au maximum, accompagné d’un chant de prédicateur de messe noire. Mais Saint Vitus est également capable d’accélérations fulgurantes à vous faire décoller la pulpe en un claquement de doigts, ayant influencé nombres de groupes qui seront qualifiés plus tard de hardcore ou encore de tHrasH. Saint Vitus exécute parfaitement ses riffs pesant, vous donnant l’impression que la gravité disparaît au fil des écoutes. « Born Too Late » (le morceau et l’album) est le fondement historique de ce genre et les plus cultes. Point.

Dopelord

Album recommandé : Children of The Haze
Titre pour s’initier : Navigator

Tous droits sortis des restes fumant d’une civilisation marquée funestement, les Polonais de Dopelord sont rien moins que les héritiers des légendes du Doom. Loin de se contenter de copier leurs aînés, ils ont su élever le genre vers des hauteurs où peu de groupes sont capables de rivaliser tout en maintenant les thématiques et les codes en lien avec la Mort et l’occulte. Children of The Haze est le tournant de leur discographie, le premier album aussi abouti et féroce, le creuset dans lequel seront forgés les suivants et que d’autres groupes essaieront vainement de copier. – LORD PIERRO

Uncle Acid and the Deadbeats

Album recommandé : Blood Lust
Titre pour s’initier : I’ll Cut You Down

Les films d’horreur, les séries B (ou Z), les gialli… toute une esthétique inhérente au doom. Sans Black Sabbath (Mario Bava, 1963) pas de Black Sabbath. Et pas de meurtres de femmes dénudées en arrière plan des concerts d’Electric Wizard. Maintenant imagine si John Lennon avait troqué ses obsessions pour Elvis et la paix pour se concentrer sur Charles Manson et le meurtre au couteau : ça donne Kevin Starrs et sa voix perché et grinçante, détaillant sur des riffs de doom psyché les différentes façon d’être victime d’un meurtre rituel. C’est rétro, c’est raw, c’est vénéneux mais pas dénué de mélancolie (l’album The Night Creeper). 

Bongripper

Album recommandé : Satan Worshipping Doom
Titre pour s’initier : Hail

Avec un album intitulé Satan Worshipping Doom (et ses quatre titres Hail, Satan, Worship, et Doom), difficile de faire plus explicite sur l’allégeance des Chicagoans envers le genre. À fond dans l’idée creuser jusqu’au bout le riff doom dans sa lourdeur et sa répétitivité, le quatuor instrumental conçoit ses albums comme de longues descentes aux enfers destinées aux masochistes acceptant de les accompagner. Le voyage est aussi éprouvant qu’exaltant, encore plus en live. – SYLVAIN GOLVET


Tout ça, ce n’est qu’un début et comme tu le découvriras bien vite, le Doom est un genre aux ramifications illimitées qui t’embarquera dans des contrées inattendues, se mélangeant à la perfection à tous ses cousins : Sludge, Stoner, Death Metal, Grunge, Post-Hardcore, Post-Metal, Black Metal, Metal Epique, Heavy Metal, etc. Alors comme disent les anglais : doom me a favor, va écouter tout ça et rejoins notre culte !

Pour aller plus loin

Les incontournables : Electric Wizard, Cathedral, Candlemass, The Obsessed, Windhand, Acid King
Les modernes : Domkraft, Messa, Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs, Ufomammut, Yob, Sunnata
Les violents et lents : Conan, Sunn O))), Thou, Primitive Man
Les locaux : Wormsand, Witchfinder, Witchorious, Barabbas
Les weedian : Sleep, Monolord, Egypt
Les serial killers : Church Of Misery (what else)

Last modified: 14 mars 2025