Pothamus « Abur » : le nouveau codex du post-metal.

Written by Chronique

Pothamus. Retenez bien ce nom. Avec son deuxième album « Abur », le trio belge vient de créer un précédent dans l’évolution du post-metal : la naissance d’une nouvelle branche. Et comme toute naissance, elle est d’une beauté incroyable et c’est un privilège de pouvoir y assister.

Les signes étaient là, sous nos yeux, depuis plus de dix ans et leurs débuts avec un premier EP toolesque et orientalisant. De ses balbutiements, Pothamus a conservé des constructions très progressives avec de lentes mais imparables montées en puissances sur des rythmes tribaux et des motifs répétitifs, tout en laissant l’auditeur se perdre dans des ambiances vaporeuses… jusqu’à l’amener vers un final plus explosif et un réveil agité de spasmes irrépressibles tel le final d’une expérience shamanique.

Pothamus offre une version ésotérique (au sens premier, l’inaccessibilité à un enseignement secret) du post-metal par laquelle vous en ressentirez les bienfaits, d’autant plus si vous vous laissez emporter par les vagues transcendantales qui vous enveloppent lorsque le son rugit à travers les enceintes. Cette mythologie propre au groupe, inspirée de divers courants mais toujours en respect des êtres et des esprits qui les entourent, est une sorte de recherche de liens entre nature et humanité, spiritualité nouvelle où l’Homme doit comprendre qu’il n’existe que par ses liens à la Nature et au Cosmos. Le trio met alors en musique sa vision : embrasser le chaos comme force de création, pour que cette force vitale perdure éternellement, telle une boucle intemporelle.

Véritable introspection musicale, « Abur » reprend là où s’était arrêté « Raya » cinq ans auparavant. Mais sur ce deuxième opus, Pothamus a franchit un cap impressionnant dans la composition de ces morceaux, alourdissant le son pour le rendre encore plus massif tout en alternant un chant qui se fait ici incantatoire puis l’instant d’après hurlé, renforçant l’aspect sombre et inconnu des territoires dans lesquels il veut nous amener.

Les montées se font alors plus sinueuses, comme si le chemin à parcourir était de plus en plus escarpé, mais toujours avec des rythmes martelés et hypnotiques pour nous garder captivés de bout en bout, comme sur le morceau « Svartuum Avur » et cette boucle tribale ressemblant à un battement de cœur à laquelle se greffe ensuite une tempête vocale en dualité avec l’accélération du rythme et un chant mélodieux donnant les derniers sacrements.

Chaque morceau révèle des aspects différents du groupe et des thèmes qu’il affectionne, dans des constructions mouvementées et instables et pourtant toutes liées par la même ambiance, en conservant une façon rassurante de nous envelopper dans son univers sonore, pour mieux se l’approprier. À la fin du rituel, on sort d’un état second totalement abasourdi par ce que l’on vient de vivre, changé à jamais par l’expérience vécue.

Pothamus alimente sa musique de métaphysique et donne naissance à une variation musicale inédite, emplie de quête spirituelle, cassant les codes et écrivant son propre chemin. N’ayez pas peur d’élever votre âme et de vous ouvrir à la grandeur musicale à l’écoute d’Abur.

ARTISTE : Pothamus
ALBUM : Abur
DATE DE SORTIE : 14 février 2025
LABEL : Pelagic Records
MORE : Bandcamp

Last modified: 25 février 2025