Le post-metal est définitivement polymorphe, et depuis bien des années les plateaux du genre sont la garantie de soirées mêlant éclectisme et qualité. En ce jeudi soir, la Ville Rose accueillait donc une affiche 100% Grand Nord pour démontrer que ce genre n’a pas fini de nous surprendre. Tour d’horizon de la scène made in Scandinavie.
On commence par un voyage envoûtant en Suède grâce à Helga. Le groupe oscille entre l’atmo le plus chill et des moments d’intensité beaucoup plus lourds. Le charisme et la voix éthérée et hypnotique d’Helga Gabriel est évidemment l’atout principal du quintet mais il serait dommage de ne pas parler de la prestation des musiciens qui l’entourent tant ils apportent une énergie et des ambiances essentielles au projet. Tantôt post-rock, tantôt folk nordique, tantôt blackgaze, tantôt dream pop, voire même un petit plan doom ici ou là, le groupe se permet des excursions sauvages pendant ses 40 minutes de set, mettant évidemment l’accent sur leur premier effort sorti l’an dernier. Helga a tout bonnement scotché l’audience, une véritable découverte et déjà un coup de cœur pour moi et pour bon nombre des spectateurs à en croire les discussions lors du changement de plateau.
Direction la Finlande maintenant avec Oranssi Pazuzu. Leur dernier album a fait grand bruit et il me tardait de découvrir ce démon sur scène. Malheureusement il faut l’avouer, la sauce n’a pas prise sur moi. Ce mélange de post black et d’indus n’est de base pas dans mes habitudes d’écoute mais sa traduction en live, avec ses saturations froides et chargées en haut médium, n’a simplement pas su me convaincre là où sur albums, les ambiances plus travaillées sont davantage susceptibles de me séduire. Ceci étant dit, un concert ce n’est pas qu’un point de vue et nombreux sont ceux qui ont trouvé la prestation du groupe particulièrement solide. La divergence d’opinion aura au moins nourri quelques discussions passionnées avec les copains avant que la tête d’affiche n’envahisse la salle.
Nous voilà enfin prêts à accoster en Islande. Sólstafir, c’est un peu une étape obligée pour tout fan de post métal. Pour autant, leur production au travers des époques a grandement évolué et il est loin le black des débuts. Au fil des ans, la production s’est densifiée, étoffée, assagie mais est aussi devenue plus iconique. Le groupe entre sur scène avec un look de cowboys des steppes assez inattendu et l’hymne instrumental 78 days in the desert. Ses guitar slides et son ambiance résolument Morricone sous acides donnent à cette entame quelque chose de très décalé. Il faudra attendre l’arrivée du chant si singulier d’Addi pour que le set chavire dans ce post métal de plus en plus épique rock que le groupe cultive désormais. Si les tubes du groupes seront évidemment joués, le quatuor offre aussi l’honneur du live à Blakkrakki, single phare de leur tout jeune “Hein Helga Kvol”. Décidément, ce soir, les Helga ont la cote!Pendant plus d’une heure, les Islandais ont régalé le public, surtout grâce à leur leader, toujours aussi fantasque et énergique sur scène.
Alors que la soirée se termine, chacun y va de son commentaire, sa préférence du soir ou sa prochaine destination de vacances. Fait du hasard ou non, j’ai déjà visité la Finlande et l’Islande, alors de mon côté, le verdict est tombé : j’accorde le point du soir à Helga et à la Suède !
Last modified: 10 décembre 2024