BRAIN CAVE : le secret le mieux gardé de la scène noise rock américaine.

Written by Interview

Après une demo et un premier EP parus en 2018, le combo de Cleveland BRAIN CAVE n’a pas traîné en chemin en sortant chaque année un album ou un EP. Nous voilà donc aujourd’hui avec le deuxième LP « Foot Off The Gas ». Le groupe étant bien trop confidentiel, je ne pouvais pas faire autrement qu’échanger avec leur batteur Matthew Ducey pour en savoir plus sur le secret le mieux gardé de la scène noise-rock américaine. Morceaux choisis.

Brain Cave est un groupe relativement récent, puisque votre première démo date de 2018. Je suppose que vous vous connaissiez déjà et que vous jouiez dans d’autres groupes. Peux-tu me dire comment tu as rencontré les gars et ce qui t’a poussé à créer Brain Cave ?

Matthew Ducey (batterie) : Josh (Snyder, basse) et moi nous sommes rencontrés pour la première fois en 2006. Nous faisions tous deux partie de groupes différents qui donnaient des concerts ensemble. Puis en 2017, j’ai rencontré Mike (Bellis, guitare et chant). Nous travaillions tous les deux dans un restaurant, et notre conversation sur la musique nous a amenés à décider à collaborer. Je ne me souviens pas exactement qui l’a suggéré, mais à l’automne 2017, nous avons commencé à expérimenter des idées. Finalement, nous avons intégré Josh dans le mix parce que j’admirais son jeu de basse. Il n’avait pas joué depuis un moment, alors nous l’avons invité à nous rejoindre, et tu connais la suite.

La seule chose à laquelle je pense lorsque j’entends « Cleveland », ce sont Lebron James et les Cavs, et les Browns. Je n’avais jamais entendu un groupe de votre ville (à part Integrity) et je suis heureux que vous l’ayez mise sur la carte musicale ! La scène rock est-elle très active en ce moment, ou bien est-ce seulement quelque chose qui n’a jamais été mis en lumière jusqu’à présent ?

M.D. : Cleveland a une riche histoire musicale, avec des groupes notables comme Integrity qui viennent d’ici. Bien que nous ne soyons pas strictement alignés sur la scène punk hardcore, nous sommes impliqués dans divers projets adjacents. La scène musicale de Cleveland offre une grande diversité de groupes, avec lesquels nous aimons jouer. Nous apprécions l’opportunité de partager des affiches avec nos amis qui expérimentent des sons différents. Cela nous permet de garder l’esprit ouvert sur des idées fraîches et excitantes.

Je dois admettre que j’ai découvert Brain Cave avec le split EP avec Knub, et lorsque j’ai écouté vos précédents enregistrements, j’ai remarqué une lente mais impressionnante évolution. Vous avez commencé avec un son très proche de la scène noise rock, mais avec « Foot Off The Gas » vous avez développé votre propre interprétation et un son distinctif. Était-ce planifié ou le vois-tu comme un développement naturel dans votre processus créatif ?

M.D. : Notre groupe n’a jamais eu de plan concret, mais cela ne signifie pas que nous manquons de vision. Nous nous surpassons continuellement et évoluons en fonction de ce que nous avons apprécié ou appris lors de nos expériences précédentes. Pendant la pandémie de 2020, nous avons consacré du temps à l’élaboration de notre premier album, ce qui nous a permis d’affiner notre son. Ces dernières années, nous avons perfectionné notre art et je pense que nous sommes devenus la meilleure version possible de Brain Cave. Tant que nous conserverons cette motivation, nous poursuivrons nos efforts musicaux.

D’après ce que j’ai compris de vos textes, vous semblez être très désillusionné par la société dans laquelle nous vivons. Ai-je raison, ou y’a-t-il une autre signification derrière les textes ?

M.D. : Mike est le principal auteur-compositeur, et nous faisons entièrement confiance à son processus créatif. Ses textes reflètent souvent sa place dans le monde et se demandent s’il fait partie du problème ou de la solution, si tant est qu’il y en ait une. Sa façon unique de parler, caractérisée par des mots inventés ou abrégés, imprègne nos chansons, y ajoutant profondeur et originalité.

Quel est le processus créatif au sein du groupe ? S’agit-il d’une collaboration totale ou est-ce que l’un d’entre vous dirige le processus d’écriture ?

M.D. : Notre processus d’écriture est collaboratif et organique. Certaines chansons de notre nouvel album sont nées de moments spontanés que nous avons ensuite transformés en morceaux à part entière. D’autres fois, l’un d’entre nous apporte un riff et nous l’affinons collectivement jusqu’à ce qu’il corresponde à notre vision. Nous sommes réceptifs aux idées et aux critiques constructives des uns et des autres, et nous donnons la priorité à la qualité et au plaisir de notre musique avant tout.

De mon point de vue, votre signature avec The Ghost Is Clear Records semble être une étape vers une plus grande exposition. Mais il semble qu’il s’agisse d’un label mené par un seul passionné et, même avec un grand respect pour le catalogue TGIC, je crains que nous ne soyons pas prêts de vous voir en Europe. Prouvez-moi que j’ai tort et dites-moi que vous allez traverser cet océan et nous écraser les oreilles.

M.D. : Le fait de travailler avec de petits labels nous a permis de maintenir une communication directe et la confiance avec nos partenaires. Une tournée en Europe serait une opportunité passionnante, mais les défis logistiques et les contraintes financières nécessitent une réflexion approfondie. Cependant, nous sommes ouverts aux possibilités, surtout si des groupes établis nous invitent à les rejoindre en tournée. Pour l’instant, nous nous concentrons sur les concerts à venir aux États-Unis et sommes impatients d’explorer de nouveaux territoires à la rencontre de notre public.

Enfin, la question la plus barrée à laquelle vous aurez à répondre. Si votre musique était un repas, que mettriez-vous dedans pour la rendre aussi explosive ? (NDLR : cette question est en hommage à une journaliste française que j’admirais et décédée il y a quelques années, Lorène Lenoir)

M.D. : En ce qui concerne le plat végétalien, je suggérerais d’incorporer des pois chiches. Polyvalents et riches en protéines, ils correspondent bien à l’éthique d’adaptabilité et d’exploration de notre groupe. Qu’ils soient mélangés à du houmous, frits pour être croquants ou transformés en falafels, les pois chiches incarnent notre volonté d’essayer de nouvelles choses tout en restant enracinés dans notre identité. J’opterais donc pour des pois chiches en abondance.

Loin d’avoir levé le pied, le trio de l’Ohio démontre sur ce nouvel opus qu’il est en maîtrise totale de sa musique, se réappropriant le meilleur du post-hardcore et noise rock : mélodies travaillées, riffs ciselés et tranchants, voix brute et autoritaire, des sonorités que feu-Amphetamine Reptile aurait adoubé sur le champ pour en faire leur porte étendard.

Nouvel album « Foot Off The Gas » disponible chez The Ghost Is Clear Records et Head2Wall Records. Retrouvez BRAIN CAVE sur Bandcamp, Facebook et Instagram.

Last modified: 9 octobre 2024