Brutus à Toulouse, comment ne pas se réjouir et se ruer au Rex pour cette superbe soirée avec les copains de Noiser ? Il est l’heure de vérifier si les Belges ont franchi sur scène le même palier qu’ils ont franchi sur album. (PHOTOS : Hugo Ferrer)
C’est fou ce qui peut se passer en quatre ans. Un soir de mai 2019, dans le monde d’avant, j’accompagnais un ami dans un petit bar en Allemagne pour voir Brutus retourner une foule compacte, acquise à la cause en quelques minutes. Je repartais avec mon vinyle de Nest sous le bras, convaincu que l’on tenait là l’un des futurs piliers des musiques « post » en Europe.
Et nous voici donc, des années plus tard, en ce début octobre au Rex de Toulouse et c’est une première satisfaction tant cette salle se fait rare pour ce type de programmation malgré son emplacement idéal et son installation son / lumières au top. Le groupe a, depuis, bénéficié d’une hype sans précédent (mais nullement usurpée) et la date est soldout. Le public a déjà bien rempli la salle lorsque les premières notes de The Christian Club se font entendre et c’est malheureusement un cadre qui ne leur sied guère. Leur musique intimiste, très émotive ne fonctionne pas ce soir devant un public trop excité, trop bruyant et n’ayant clairement pas daigné jeter la moindre oreille à la production de cette première partie ajoutée tardivement. Quelques morceaux et puis s’en va, c’est dommage car la qualité d’écriture et la sincérité musicale est belle et bien présente.
Alors on patiente, on rigole lorsqu’un fan un peu trop éméché se laisse persuader que mes amis et moi mêmes, nous sommes le fan club des Christian, dont les ennemis jurés sont Christophe et tous mariés à des Christelle.
Et très vite Brutus débarque. La scénographie continue à exiler Stéfanie derrière sa batterie sur un côté de la scène et j’avoue que c’est un choix que je ne comprends plus. Ce qui devait arriver arriva, dès que les premières notes de « War » toute la salle penche d’un côté.
Pourtant sur scène Peter se déchaîne et assure le show à la basse. Stijn, de son côté, est plus en retrait mais est tout de même plus en jambes que par le passé. Le jeu de lumières est excellent même s’il aura un peu titillé les plus sensibles aux stroboscopes.
Alors au fond est-ce si grave d’organiser la scène avec Stefanie sur un côté ? Et bien je pense que le groupe a atteint un niveau de succès qui nécessite un travail scénique approprié. Si le son et la lumière sont dans les standards hauts de notre industrie, ne pas capitaliser sur le charisme hors norme d’une chanteuse / batteuse qui, sans manquer de respect aux deux autres musiciens, constitue l’atout principal, le facteur X de cette formation, c’est à mon sens une erreur.
D’une manière similaire, la setlist aura quelque peu surpris le public. La majorité des tubes du groupe seront joués dans la première moitié du concert (« liar », « war » ou « brave » par exemple). Pas de « All Along » non plus et un set qui connaîtra une petite baisse de régime avant que « Sugar Dragon » et « Victoria » ne viennent remotiver tout le monde et conclure un set d’1h15 tout juste. Notons tout de même la toute première prestation live de « Chainlife ».
Soyons clairs, ça reste un set d’une qualité, d’une émotion, d’une puissance rare et voir ce public aussi divers complètement subjugué par ce qui se passe sur scène, c’est forcément important pour toute la scène rock et métal en Europe. Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui Brutus remplit des salles partout en tête d’affiche et qu’il va falloir muscler un peu son jeu : jouer moins d’une heure et demi et avoir une scénographie si déséquilibrée, ça ne pourra plus coller avec la progression du groupe.
Mais hormis les vieux relous comme moi, tout le monde est reparti admiratif, boosté et sincèrement ému. Et même si je pinaille, j’ai aussi passé une excellente soirée et il me tarde de voir jusqu’où ce trio arrivera à monter.
Last modified: 16 octobre 2023