(Photos : Sylvain Golvet) Je ne vais pas vous mentir, ce n’est pas la grande fraîcheur ce matin malgré les œufs brouillés de la concurrence (aka Pierre Antoine de chez New Noise, notre colocataire de bnb). Après avoir solennellement juré de ne plus toucher à ce vin digne d’un bar associatif du pays basque espagnol et sur les conseils de Beeho, je galope (en Uber) vers la Vulture Stage pour Half Gramme Of Soma. C’est elle qui me l’avait vendu mais c’est finalement moi qui crushe sur ce groupe grungy groovy et son étrange chanteur au placement parfait.
S’ensuit le set de Gnome, improbable gloubiboulga de bonnets (de gnomes), de riffs punkrock, de rythmiques altérées et d’excellents solos, tout ceci (sauf les bonnets) impitoyablement broyé par un son épouvantable. Migraine.
Comment décrire cette performance de Unida (sans John Garcia) ? Et bien disons que je suis heureuse d’avoir pris le temps d’aller quérir un doliprane et un cocktail… Sur le papier, tout est parfait. Le digne remplaçant du pape du desert rock est bon. Très bon même. Dommage qu’il soit littéralement sous-mixé, alors que les cymbales, elles, rayent à chaque coup de baguette la masse inerte et défectueuse qui me sert de cerveau. Non, ce n’est pas juste la gueule de bois, le son est réellement foireux, à l’exception de la guitare d’Arthur Seay qui par un miracle comme seuls les potards de Gibson peut en produire, échappe de justesse au carnage. A mi-show, le bassiste Owen Seay sort faire la vidange, s’ensuit un improbable medley instrumental hybridant Sabbath, ACDC et quelques relents de Chicago Blues. Je met les voiles, de toutes façons mon verre est vide.
« More women on stage !!!» réclame à juste titre Lola de Pogo Car Crash Control dans les médias. C’est chose faite aujourd’hui avec un petit enchaînement Rosy Finch/Alunah complètement coq à l’âne. Côté Rosy Finch, on est sur un doom audacieux aux consonances limite jazzy avec une voix évoquant Julie Chrismas. Les passages clairs sont un peu éteints mais les parties screamées émergent avec force de mélodies bien foutues et parfois limite larme à l’œil.
Côté Alunah, le doom se fait plus traditionnel et hiératique, ceci du en grande partie à la sublimissime Siân, laquelle semble fortement intimider la frange masculine du public. Le set est bon mais l’audience est molle et je m’interroge sur le fait que ceci explique peut-être cela, théorie qui sera confirmée le lendemain lors du passage de Lucifer.
Mais pour l’instant, direction Elder, le genre de groupe que tu as beau avoir vu trente fois dans tous les états possibles et imaginables mais qui continue à t’embarquer au bout de quatre mesures, même un jour de totale démotivation. Je crois que le mot c’est classieux… Il y a aussi une certaine allure chez les frenchies de The Necromancers, genre de heavy doom old school à la Pentagram option voix de baryton et petits looks assez cleans. Là, dit comme ça, c’est moyennement glamour mais je vous assure qu’en situation, c’est hot, ça groove et c’est bien prenant.
J’avais cru qu’en trente minutes j’aurai le temps d’engouffrer un curry et de refaire les niveaux de mojito mais c’était prodigieusement optimiste… Résultat je suis à la bourre pour Red Fang et de toute façon, je n’arrive pas à rentrer dedans. Pourtant, c’est en général la valeur sûre, pour peu que tu aies envie de bouger, de gueuler ou les deux. Mais là, mystère, impossible de décoller… La digestion sans doute. En tout cas le son est excellent et je ne dis pas ça parce que mon vieux pote Sam est derrière la console.
Bref, vu ma condition de loque, il va falloir un truc à réveiller les cadavres en clôture sur la Canyon Stage. Parce que oui, chers orgas, lorsque le nombre d’heures que nous passons à boire équivaut au triple de celles que nous passons à dormir, nous avons besoin de quelque chose de radical en fin de soirée…
Et Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs furent ! Alors, autant je n’avais que très moyennement accroché lors de mes écoutes pré-festival, autant là, je valide à 150% ces cinglés de Newcastle qui réussissent là Red Fang où a échoué : me faire reprendre forme humaine (même si pas pour longtemps). Ambiance moustache et short d’ultimate fighting pour un Matt Baty épileptique, cathartique et vociférant sur les problèmes sociaux ou la religion. Les morceaux se suivent et ne se ressemblent absolument pas. Certains sont dans la plus pure veine stoner metal, d’autres évoquent un étrange compromis entre du thrash et du prog, d’autres encore s’assument noisy, jazzy comme quelque chose qui aurait été démonté et remonté par un enfant de 4 ans souffrant de TDAH. Bref, le genre de truc que j’exècre en temps normal mais qui ce soir me ravit au-delà du raisonnable.
S’ensuit un after paillettes (OUI, encore…) remixé façon soul/funk par un DJ que je ne connais pas mais que j’adore déjà. Certains qui m’avaient juré ne jamais danser se tortillent jusqu’à la dernière seconde. Je ne donnerai pas de noms parce que je ne suis pas une balance. Ceux qui savent savent…
Last modified: 22 novembre 2022