On l’aura attendu de pied ferme, ce Desertfest Antwerp… Entre un mois d’août bordelais maussade tout juste illuminé par la programmation open air de la très active association locale Allez Les Filles et une rentrée marquée par la pénurie de lieux capables d’accueillir de petites jauges, je peux vous dire que c’est en sautillant que nous avons pénétré dans le temple du live anversois, le monumental complexe Trix. (PHOTOS : Sylvain Golvet)
Rien de changé sous le pâle soleil flamand. Fonctionnel semble le maître mot de cette version « tout en un » de la franchise Desertfest qui se décline ici façon Boucle d’Or avec petite, moyenne et grande salle, after, merch et food court intégrés. C’est sur la Canyon Stage (la moyenne donc) que j’introduis cette édition devant Dommengang et leur space’n roll classieux aux relents Blues, impeccable pour se mettre en jambes. On notera l’alternance de riffs assez fidèles au genre et de passages moins académiques, ce savoureux relief étant majoritairement dû à leur guitariste atypique
Le temps de dire bonjour aux copains rarement croisés (coucou Sam, coucou Bart) et de tester la (médiocre) vinasse locale, il est déjà temps pour Pink Room de remplacer les Portlandais et d’entamer un… set de covers de Black Sabbath ! Voilà qui n’était pas prévu au programme (ou alors je suis bigleuse, allez savoir) mais l’un dans l’autre, un tribute to Black Sab, surtout bien joué, ça ne se refuse jamais.
Une fois César ayant récupéré ce qui lui appartient, je me fait purement et simplement traîner par l’équipe vers la plus imposante des trois salles pour une expérience dont j’ignore tout. Oui, je vous l’avoue toute honte bue, je ne connais pas Cave In… Du coup, les réflexions qui vont suivre sont donc celle d’une novice, d’une newbie, encore plus bleue que mes côtes après mon vol plané à vélo quelques semaines auparavant…
Beeho et la clique THC me l’ont vendu comme le truc ultime mais qu’en fut-il réellement ? Et bien je dois dire que l’expérience valut les étoiles dans les yeux de ma chère rédac’ chef ! Cave in, pour des oreilles fraîches, c’est une vigoureuse symphonie de heavy, de post-hardcore et de noise dans laquelle on décèle quelques riffs d’obédience death (chez le guitariste de gauche) ainsi qu’une belle vibe Ulverienne (chez le chanteur de droite). C’est à la fois chaotique et concentrique comme le contenu tournoyant et difficile à distinguer d’un lave-linge mais aussi fluide et protéiforme comme une substance s’étirant dans les interstices de tout. Je comprends le foin autour de ce projet (à l’œuvre depuis 1995 quand même !) même si ce n’est pas nécessairement la galette que je ferai tourner au petit dej.
Deux mojitos plus tard, la bande à Newcombe investit le même espace dans un esprit diamétralement opposé. Comptant pas moins de 7 musiciens, voire 9 à la fin de l’expérience, The Brian Johnston Massacre nous offre un rétropédalage vers les 60′, leurs boucles hypnotiques, leurs tambourins mais malheureusement aussi leurs flottements. Et oui, car cette aura vintage tout à fait délicieuse se voit quelque peu ternie par d’interminables atermoiements entre les morceaux. Ça cause, ça s’accorde indéfiniment et tutti quanti, ne laissant au public que le light show pour distraire sa concentration digne, à ce stade de la soirée, d’un chiot de six mois… Heureusement, une fin de set intense, dense et hypnotique nous relâche sur une notre plutôt positive.
Je ne vous en dirai pas davantage sur le vendredi ou du moins sur le set de Hypnos 69 dont je me suis dispensée afin de refaire le monde avec qui de droit. Quant à l’afterparty, les seuls souvenirs dont j’en dispose nous mettent en scène en train de tartiner de paillettes les joues de quiconque un tant soit peu consentant passe à notre portée. Sic transit gloria mundi…
Last modified: 2 novembre 2022