Les oreilles et les corps sont reposés, nous voilà de retour pour un deuxième week-end sur le champ de bataille HELLFEST OPEN AIR 2022, et pour quatre jours cette fois-ci. On s’y rend avec un peu plus d’entrain que si on allait à l’usine, certes, mais avec une certaine appréhension, et même un gros doute : est-ce que tout ça ne serait pas de trop ? A-t-on vraiment besoin de réentendre une centaine de groupes jusqu’à plus soif ? On a envie de dire oui, mais rien que le fait d’arpenter le site nous donne l’étrange impression d’être le fantôme d’un festivalier mort de canicule arpentant les terres de son trépas... (TEXTE : Sylvain Golvet – PHOTOS : Sylvain Golvet et Gaël Mathieu)
JEUDI 23 JUIN
Allez on reprend vite ses esprits, on jette un dernier œil sur le programme et on se dirige vers la Valley (where else?) en ce début d’aprem pour aller soutenir les frenchies de Los Disidentes Del Sucio Motel. Le quintet n’est pas là pour distribuer le goûter mais bien pour tout donner comme si la soirée battait déjà son plein. Musicalement c’est le grand mix, malaxant les sons de Baroness ou de Mastodon, emballé dans un nappage de grunge mélodique. Une reprise bien lourde d’Immigrant Song relancera les bonnes habitudes : un circle pit se lance au rythme d’un petit footing, faut en garder un peu dans les jambes.
Le corps est décrassé, faisons place à Slomosa pour nous ouvrir les chakras de la bamboche. Le quatuor est la preuve qu’il fallait compter sur les terres enneigées scandinaves pour donner un coup de frais au stoner rock à la Kyuss/QOTSA, et le quatuor norvégien a ramené dans ses valises ses riffs ultra efficaces délivrés dans la plus grande des décontractions. Le public ne s’est pas trompé, et fait un petit triomphe à ce jeune groupe qui a tout fait comme les grands pour son premier Hellfest.
Le programme de la Temple est aujourd’hui un brin décousu mais on peut constater que la liste fait la part belle aux groupes attendues si bien que la tente déborde de partout, que ce soit pour faire triompher le metalcore teinté de gospel de Zeal & Ardor, la classe insulaire des impeccables Sólstafir ou le spectacle pagan d’Heilung.
Mais aujourd’hui, on a encore une fois décidé de ne pas trop s’éloigner de la Valley, où les attendus Lowrider viennent confirmer leur statut de leaders naturels de la scène stoner mondiale. Je ne rentre pas de suite dans le set, la faute à un son au départ un peu brouillon, heureusement vite corrigé. Le temps de se mettre dans les mid tempos lancinants mais décidés des Suédois et nous voilà partis. On ondule comme Peder Bergstrand avec sa Rickenbacker sur Ode to Ganymede, lequel nous envoie sur une planète toute floydienne avec son clavier 70’s et la magnifique chemise bouffante du batteur. Et peu importe le t-shirt Abba du chanteur, c’est bien dans le power blues cosmique que ces Suédois excellent pendant une heure.
Mais trêve de rêveries. Car si Slomosa nous aura pris la main, si Lowrider nous aura lancé vers le ciel, Hangman’s Chair débarque pour nous ramener au sol aussi sec. Le quatuor, impérial, transforme la Valley en immense club coldwave et diffuse son spleen à coup de reverb énoooorme et de basses oppressantes. Aidé par un lightshow précis et hypnotique aux teintes bleutées et à l’image de son dernier opus, A Loner, le groupe frenchie s’évertue à nous faire ressentir tout le poids de notre solitude, même au milieu d’une foule compacte.
Dur de passer derrière ce bloc, c’est donc la fatigue qui aura raison de moi, et tant pis pour le concert de Jerry Cantrell, même si j’ai le temps d’apprécier un Them Bones exécuté dans les règles de l’art, aidé par Greg Puciato au chant, avant d’aller rejoindre le sommeil.
VENDREDI 24 JUIN
Nouveau jour, nouveau défi : ce cinquième sera un test de résistance. On aura connu la canicule, voici venu le temps de la pluie, au son de musiques dures et froides. Okkultratti est le premier à pointer à l’usine et lance sa machine, au rythme industriel d’une batterie inflexible. S’en suit un set mixant sludge, black et doom rappelant par moment Oranssi Pazuzu.
Le voile gris est à peine tempéré par la percée ensoleillée de Stöner et ses vétérans Brant Bjork et Nick Oliveri, qui débarquent sous la Valley en mode full wah-wah. Mais pas la peine de sortir les doigts de pieds en éventail, la section rythmique est droite et punk et le t-shirt Circle Jerks de Nick n’est pas là que pour la figuration. C’est cette exécution et la versatilité de Bjork qui sauvent un répertoire pas forcément hyper mémorable, et donne au final un concert plutôt agréable à défaut de faire basculer la journée.
Plus tard, les deux pieds plantés dans la boue, une accalmie nommée Earth nous fait onduler sous les accords rares de Dylan Carlson. Perdu dans son blues dronisant, il en oublie même de changer de guitare au début d’un morceau, prouvant là le pouvoir hypnotique de son propre jeu. Mais le temps pluvieux et gris a bien décidé de se mettre au diapason de la programmation du jour, tout en haine et en rage indus. Même l’incartade punk de Pogo Car Crash Control, tout en énergie dans une Warzone au sommet de son art slamesque, suinte la colère et le malaise jusque dans ses textes.
Déjà, Human Impact, le projet post-punk de Chris Spencer d’Unsane et de Jim Coleman de Cop Shoot Cop vient nous déverser sa colère froide le temps d’un set puissant bien que jalonné de soucis techniques gâchant un peu l’élan. Pas grave, la musique est assez évocatrice et libère les pulsions cathartiques de tous et notamment du groupe qui se dit à la fois surpris et ravi de pouvoir enfin jouer en live le morceau Contact, composé et enregistré en pleine pandémie.
Pendant que Killing Joke refait plus ou moins le même set que le week-end précédent mais devant beaucoup plus de monde en main stage, Godflesh se prépare à nous clouer sur place, voire à nous enfoncer dans la pelouse de plus en plus détrempée de la Valley. La boîte à rythme à la raideur implacable permet au duo de nous agresser avec une régularité à laquelle nos corps semblent étrangement s’habituer. Étouffés par la basse enveloppante de G. C. Green et lacérés par la guitare désaccordée de Justin Broadrick, on en redemande sans toujours comprendre ce qui nous arrive. L’un des sets les plus envoûtants du week-end.
Profitant d’une accalmie, on se dirige vers la Hell Stage située dans le Hell City Square pour assister au concert le plus insolite et drôle de ces deux week-ends, celui d’Astaffort Mods. Si Sleaford Mods était né dans un village perdu du Sud-Ouest, ça aurait donné une collection de slams hilarants et authentiques sur fond de beat électros rudimentaires, dézingant tout ce qui passe devant lui, du festivalier de base à la population de Toulouse, en passant par les “espaces de coworking pour espèces de branleurs”. Absolument incongru et parfait. L’hymne du duo à leur pote Yvon le Trashos termine de convaincre tout le monde que leur place était bien ici et maintenant, et pourquoi pas sur une scène plus grande l’année prochaine !
La pluie blafarde, quasi ininterrompue ce jour, nous accompagne pendant le set d’Alice Cooper qui nous sert d’intermède sympathique en attendant NIN. Bébés démons géants, mariée sanglante et décapitation, autant de réjouissances qui nous donnent l’agréable impression d’avoir maté tranquillou un film d’épouvante suranné, les riffs en plus. Tonton Vincent, toujours en forme, semble prendre toujours autant de plaisir qu’aux premiers jours. Et l’on sait qu’on le reverra encore ainsi ces prochaines années.
Mais place à de l’inédit : Nine Inch Nails est à Clisson ! On est habitués à ce genre de constat surréaliste, mais l’incrédulité reste possible : le groupe double oscarisé de Trent Reznor est ici avec nous ! Et Reznou s’y connaît en mise en scène. La scène s’est parée d’un décor sobre mais arty, avec un lightshow épileptique et enfumé, avec des vidéos filmés en direct de la scène au simili 8mm bien poissard. La setlist joue le jeu du best of, avec la part belle à The Downward Spiral. Le public de fan n’est pas si nombreux mais est galvanisé par les coups de boutoir de Mr. Self Destruct ou March of the Pigs. Mais le groupe sait aussi torturer nos petits cœurs sensibles en terminant par l’impeccable Hurt, nous laissant détrempés, entre malaise et bonheur d’avoir été là ce soir pour ce show de grande classe.
SAMEDI 25 JUIN
C’est le jour 6(66), on ne sait pas encore pourquoi on tient debout, une sorte de réflexe musculaire probablement, toujours est-il que ce jour plus lumineux sonne comme une sortie de tunnel après les averses de la veille. Sur les main stages, si l’on fait l’impasse sur l’affreux enchaînement Eluvietie, Epica, Nightwish, on pouvait d’ailleurs se prendre une bonne dose de cool avec les sets classic rock bluesy d’Ayron Jones ou de Gary Clark Jr. et c’est toujours appréciable de ménager un peu ses oreilles avant de retourner au turbin de la double pédale.
Ce besoin de lumière, Hällas l’a bien compris en prenant possession de la Valley. C’est l’heure pour lui de nous emmener vers les étoiles avec son doom kitch comme seuls les suédois en sont capables. Dans une mixture mêlant Ghost joué par Kadavar, les riffs proto-heavy s’enchaînent et se transforment même en disco-heavy pour le tube Star Rider. Le set, attendu et apprécié, constitue une friandise digestive sympathique et délicieusement désuète, mais hällas, tout ça reste un peu enfermé dans son style et ses riffs pour ne pas lasser sur la longueur.
À Clisson, on aime le régionalisme (enfin pas nous particulièrement, mais la population en général hein), et pas que le Breton. Et il n’y a pas que sous l’Altar qu’il s’exprime. Sur la Warzone, ce sont les californiens de Xibalba qui sont chargés de représenter leur culture mexicaine, trop rare ici. Sous la Valley, ce sont les Villagers of Ioannina City qui sont venus avec leur bagage folk grec, clarinette et biniou inclus. Évidemment, les approches sont différentes et le harcore bien dur des Américains n’appelle pas plus que ça à la danse régionale mais bien au mosh pit, celui des bourre-pifs assénés sur scène comme dans le public. Chez les Grecs on mise plutôt sur la transe psychédélique avec de longs morceaux progressifs qui invitent au voyage spirituel. Deux approches qui nous changent un peu des délires celtes un brin fatigants. On en vient à rêver d’une programmation future encore plus cosmopolite avec pourquoi pas des groupes venus d’Afrique. Chiche, le Hellfest ?
Toujours sur la Warzone, l’excellent emocore de Touché Amoré fait mouche, avant de laisser place aux vétérans punks de Discharge et GBH, à qui on ne fera pas l’affront de vous conseiller de les rattraper au fond de votre canapé sur Arte Concert, il fallait être là et puis c’est tout. Mais là où il fallait absolument être ce samedi 24 juin à 16h10, c’est bien sous la Valley pour assister à son atomisation par Slift. Pour un premier Hellfest, c’est évidemment un succès pour le trio toulousain qu’on n’arrête plus. Tous les superlatifs ont déjà été écrits sur ce site, les mêmes s’appliquent encore aujourd’hui. En 45 minutes compactes, le constat est sans appel, ces gars sont uniques. Allez merci, au revoir, on remballe tout, on ferme la Valley. Ah non, il reste des concerts ? Pourquoi ?
Allez, on reste là quand même parce qu’il arrive du lourd, du classique comme de l’inédit. Déjà, Kadavar est la valeur sûre vers laquelle beaucoup de festivaliers viennent se réfugier. Avec son nouveau look d’ingénieur diabolique dans un OSS 117, le batteur Tiger enchaîne autant de poses iconiques que ses collègues. Et les trois compères ne nous ménagent pas en déballant la panoplie de leur meilleures bombes sonores et mine de rien, c’est là qu’on se rend compte qu’ils en ont un paquet sous le bras, tel ce Die Baby Die furieux, qui donne au final un set qu’on peut qualifier vulgairement de grosse branlée.
Puis c’est Converge et son set spécial intitulé Blood Moon, avec son indécent plateau de talents (Chelsea Wolfe, Ben Chisholm, Stephen Brodsky), qui conclut avec classe et frissons cette journée lumineuse. Bonne nouvelle, le rendu live convainc bien plus que sur album et l’alliance des univers de ses artistes diffuse sur nous une lumière un peu noire, à la mélancolie rageuse, nous laissant pétrifié entre l’introspection et l’explosion purgatoire.
DIMANCHE 26 JUIN
Dieu, cette feignasse, se reposa le septième jour mais pas nous ! Alors, cette journée sera plutôt post-metal, post-rock ou post-hardcore ? Nan, la thématique du jour c’est : post-fatigue. C’est la dernière ligne droite et pourtant le Hellfest ne nous a pas réservé un atterrissage en douceur, plutôt une dernière poussée de réacteur avant le crash.
Joie du double week-end, les nombreux slots de la prog à remplir laissent place aux projets plus uniques, comme ce set commun de Hangman’s Chair vs. Regarde les Hommes Tomber. C’est une collaboration qui avait vu le jour en 2019 pour le RedBull Music Festival et qui fort heureusement pour nous a pu s’exporter à plusieurs occasions en 2022 (Roadburn, Hellfest, Dour,…). Quel dommage ça aurait été de rater cette fusion inédite de deux groupes aux genres pas forcément compatibles sur le papier. Avec les images des talentueux Fortifem en fond de scène, on se balade d’un univers à l’autre, que chacun prend le temps d’installer, avec intro coldwave menaçante qui explose en maelstrom black metal. La formule n’est pas toujours celle-ci heureusement et même si l’on sent parfois la colle, la greffe tient et donne un moment puissant à un horaire pourtant pas facile.
Cagoules noires, t-shirt déchirés et cartouchière en bandoulière, le mix vestimentaire parfait pour effectuer un parfait braquage sous la Temple : c’est Midnight, qui débarque sans sommation en dégainant son black’n’roll calibre Motörhead. C’est assez débile, complètement raw et donc assez cool, l’énergie et les poses embarquent tout le monde dans la bagarre. Côté Valley, c’est Ufomammut qu’on attend au tournant. Avec une carrière discographique récente un peu erratique et pas toujours mémorable, on tient à savoir où en sont les Italiens. Et force est de constater qu’Ufomammut n’est plus ce groupe de doom monolithique qui écrase son public pendant 45 minutes et a su faire évoluer sa formule vers quelque chose entre doom, drone, rock et dub. Un trip exaltant pour peu qu’on ait la patience de se faire embarquer.
De la patience il en fallait aussi pour apprécier Terror, qui s’est fait attendre un bon quart d’heure avant de prendre possession de la Warzone. Pas que la scène mais bien le site entier puisque, évidemment, Scott Vogel fait tout son possible fait tout pour faire participer tout ce beau monde, du fond jusqu’à la sécurité à l’habituelle messe hardcore dont est capable le groupe. Ça tape donc méchamment, classique et efficace, une valeur sûre quoi.
Moins classique, c’est le set de Thou sous la Valley. Beaucoup resteront sur le carreau avec ce set déconcertant. Il est vrai que le combo de Bâton Rouge ne fait pas dans le plaisant. Son sludge ravageur est exécuté avec une désinvolture tout à fait trompeuse, et les cris gutturaux de Bryan Funck ne nous brossent pas dans le sens du poil. Mais Thou cache mal une certaine finesse. Devant un batteur extrêmement carré et violent avec sa caisse claire, les trois guitares empilent les couches d’accords et dévoilent des harmonies qui piochent autant dans le sludge louisianais que dans le post-rock canadien et révèle en creux une mélancolie et une fragilité mal camouflée. Tout autant punitif que libérateur, ce concert au son quasi parfait restera gravé en nous comme une sorte de mystère en attente de se révéler.
On reste dans le bayou avec Eyehategod. On ne pensait pas dire ça un jour, mais après Thou, le quartet nous offre un moment beaucoup plus “fun”. Sans forcer, au talent, le groove du quatuor nous englue dans la boue séchée dont on tente en vain de s’échapper. On secoue les fesses, la tête, le son est bon, les musiciens aussi, mais tout ça sonne presque un peu trop pépère pour garder notre attention sur un set entier et en dehors des irréductibles sportifs du circle pit encore en jambes, la Valley clairsemée semble penser comme moi.
Par contre, et malgré la présence de Metallica quelques centaines de mètres plus loin, une bonne partie des festivaliers semble attendre le retour de Bobby Liebling au sein de Pentagram. Il faut dire que cette vieille carne est un spectacle à lui tout seul, entre le sublime et le pathétique. Et ce soir il semble dans une forme olympique, dans un déchaînement de grimaces, de poses lascives, d’éclats de rire, et parfois de chant. Tel un animal de cirque, tout le monde autour s’affaire, et plutôt très bien, pour le mettre en majesté et les riffs sous-sabbathien s’enchaînent comme les slams de la foule galvanisée.
Comme tout ça est quand même un petit peu malaisant, on laisse Bobby se taper le cul (littéralement) pour aller naviguer entre les scènes et picorer les poutres nombreuses qui constituent la dernière ligne droite de ce dimanche surchargé. Sous l’Altar c’est la fessée aussi, entre Napalm Death et Carcass qui s’alternent pour bien nous broyer les tympans de façon impeccable. Les premiers sont toujours adeptes du sprint comme le prouve Barney en parcourant la scène en long et en large. Petit rappel bienvenu après le passage des controversés MGLA juste avant sur la Temple d’à côté, les anglais nous entonnent un Nazi Punks, Fuck Off! non sans arrières pensées.
Arrivés en février sur l’affiche en remplacement d’Hatebreed, Comeback Kid n’a pas eu à jouer des coudes pour être headliner de la Warzone. Mais ce n’est pas une raison pour rester sur ses acquis et c’est une prestation absolument IMPECCABLE que les Canadiens délivrent ce soir. Quand on passe autant d’heures qu’eux sur la route, on commence à maîtriser son art et fort heureusement pour nous, cet art est un punk mélodique ultra musclé exempt de beaucoup de lourdeurs ou d’affréteries de groupes metalcore de sa génération. Résultat : la formule galvanise tout le monde présent et on constate avec bonheur que tout le monde n’est pas parti se placer pour Metallica.
Ah Metallica… Événement indéniable de cette édition, la venue des ricains est aussi incontournable que l’énorme foule amassée devant les main stage. Quasiment 80 % de la surface du site est occupée par les festivaliers venus les écouter ce soir. Je me mêle tant bien que mal mais je vais être très honnête : allez lire ailleurs les reports de ce concert car la musique de Metallica est quelque chose qui m’est aussi inconnue que celle d’Eddy Mitchell. Oh je connais quelques titres joués ce soir, mais ils ne provoquent en moi aucun sentiment ou la moindre nostalgie comme le ressentent les gens autour de moi. Et beaucoup semblent heureux et satisfaits. Tant mieux pour eux et tant pis pour moi, c’est le signe qu’il me faut regagner la maison une dernière fois, je parle évidemment de la Valley.
“We are Orange Fuckin’ Goblin Babyyyyy!!!” Pas besoin d’en dire plus pour provoquer un joli et ultime bordel sous la Valley avec les derniers survivants. Ben Ward est toujours un harangueur hors pair et l’impeccable heavy blues résonne dans toute sa majesté. Un final absolument jouissif, qui nous donnera la banane jusqu’à l’année prochaine.
Osera-t-on un bilan de ses 7 jours à Clisson ? C’était évidemment un excellent moment avec un nombre hallucinant de concerts de qualité. Mais soyons lucides : plus jamais ça. 7 jours, c’était beaucoup trop pour tous. Trop de groupes, trop de gens… L’orga du festival semble penser la même chose en revenant à la formule classique des 3 jours l’année prochaine, et peut-être sera-ce l’occasion de faire preuve d’un peu plus de sobriété pour les années à venir, dans le domaine énergétique notamment, comme le préconise cette tribune de consultants et de militants dans Le Monde. Le Hellfest n’est pas le seul gros festival français, loin s’en faut, mais il peut être prescripteur dans cette voie-là comme l’a pu être le metal en général sur d’autres engagements. Et c’est probablement le mieux placé pour ça de part son indépendance. Encore faut-il que Ben Barbaud et ses équipes s’engagent pleinement dans cette direction.
Last modified: 15 août 2022