En aparté avec Labros de 1000MODS.

Written by À la une, Interview

La Grèce, ce n’est pas uniquement une mythologie reléguant les films d’horreurs de la Hammer au rang de contes jeune public, de huile d’olive, des maisons blanches ou des relations internationales compliquées. C’est également le berceau d’un belle brochette de groupes heavy dont 1000mods, jeune relève tonitruante d’un stoner rock à qui profite largement les influences doom 70 et heavy des quatre amis issus du petit village de Chiliomodi. Brève rencontre en terre belge avec Labros, tortionnaire de peaux de batteries de son état.

Selon toi, qu’est-ce qui définit la musique heavy ?

Un accordage bas, des concerts à plein volume, et tout ce qui fait vibrer le corps en live. Il y a un certain état d’esprit, mais je pense surtout que sentir ses organes vibrer et la meilleure façon d’apprécier les musiques heavy en live.

Quels sont les groupes pré-Sabbath qui ont influencé ta musique ?

Je dirais sans hésiter Pink Floyd, Led Zeppelin, Blue Cheer… Tous ces groupes heavy rock, mais aussi ceux de la fin des années 60 qui étaient à la fois psychédéliques et heavy. The Who aussi, et tous ceux qui expérimentaient et donnaient des concerts assourdissants avec beaucoup de matos sur scène.

Et aujourd’hui, as-tu plus d’intérêt pour les anciens ou nouveaux groupes ?

Pour être honnête, je n’ai pas écouté beaucoup de nouveautés durant le Covid et les divers confinements. Je suis resté dans ma zone de confort avec pas mal de musique 70’s mais aussi des choses plus 90’s comme le stoner rock des débuts. Mais j’ai quand même écouté le dernier album de Tool. Pendant le confinement, j’ai dû l’écouter cinquante fois, et plus je l’écoutais, plus je l’aimais.

Quelles sont tes sources d’inspiration en dehors de la musique ?

J’aime beaucoup le cinéma. J’aime aussi discuter avec les gens des questions sociales, de l’impact de l’économie sur notre mode de vie. La dernière décennie a peut-être été la plus difficile pour notre génération, surtout en Grèce après 2008. Nous avions une vingtaine d’années et il était très difficile pour nous de se retrouver dans une telle situation. J’aime aussi récolter des informations et des connaissances sur ce qui se passe dans le domaine des technologies et les choses qui peuvent faire progresser la nature humaine. Je ne parle pas des nouveaux smartphones, je parle des choses qui peuvent rendre la vie un peu plus facile et emmener notre espèce un peu plus loin. J’aime aussi la lecture, même si c’est assez difficile pour moi de lire tous les livres.

As-tu des secrets lorsqu’il s’agit de composer tes rythmiques ?

La plupart du temps, j’essaie vraiment d’accompagner les mélodies et jouer pour la musique, sans essayer de faire des choses trop fantaisistes. Je préfère jouer des parties qui soutiennent l’ensemble plutôt que d’être celui qui joue uniquement pour se faire plaisir.

« Ce qui rend la Grèce si spéciale, c’est que les scènes musicales ne sont pas cloisonnées. On peut voir des jeunes à une soirée techno un jour et à notre concert le lendemain. »

Il y a deux ans, je suis allé à Athènes pour le festival Up The Hammers et j’ai été stupéfaite de voir comment les plus jeunes avaient une connaissance incroyable du heavy old school. J’ai aussi été étonnée de voir deux bars dédiés aux stoner dans le centre-ville, avec des playlists très old school. Qu’est-ce qui rend la scène grecque si spéciale selon toi ?

Ce qui rend la Grèce si spéciale, c’est que les scènes musicales ne sont pas cloisonnées. On peut voir des jeunes à une soirée techno un jour et à notre concert le lendemain. Il y a tellement de gens partout dans les bars et les salles de concert, parce que les gens qui écoutent du rock écoutent aussi d’autres choses et, en fait, nous ne sommes pas fermés d’esprit. Mais ce n’est pas un courant dominant. Il y a beaucoup de monde, mais ça reste underground.

Quelle anecdote de tournée aimerais-tu partager avec nous ?

(Rires) J’en ai un paquet ! Nous sommes allés dans de nombreux endroits dans le monde et avons joué dans des endroits vraiment très bizarres. Le dernier endroit incroyable, c’était une brasserie en Tasmanie. Quand tu arrives en Tasmanie, ils ne cherchent pas de drogues ou d’autres choses, ils vérifient si tu as des graines ou des fruits avec toi parce qu’ils ne veulent pas que tu altères l’écosystème. On ne savait pas du tout à quoi s’attendre là-bas, mais la salle était bondée et les gens étaient comme des fous. C’était un rêve faire un concert aussi loin de chez nous.

Pour la dernière, tu as carte blanche.

Je vais faire un vœu : je souhaite que nous ne jouions plus jamais dans notre studio devant une caméra pour les gens chez eux. Je souhaite que les choses redeviennent normales, comme aujourd’hui ici au Desertfest. Je souhaite que tous les groupes puissent repartir en tournée et s’amuser comme des fous sans avoir peur tout le temps. C’est mon souhait pour 2022.

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Last modified: 4 juillet 2022