Bongzilla + Your Highness + Atomic Trip @ Connexion Live (Toulouse, 20.02.22)

Written by Live

Pour certains c’était l’anniversaire de Snoop Dogg, pour d’autres une célébration des psychotropes, et même pour quelques courageux c’était le débat d’entre deux tours ou la 33eme journée de Ligue 1. Pour moi, c’était juste l’occasion d’une belle affiche en ce 20 Avril dans la ville rose. Enfin plutôt ville verte et enfumée pour l’occasion. On vient voir Bongzilla. Même un non fumeur comme moi ne peut qu’apprécier la symbolique, et à en juger pas la longueur des tignasses et des barbes qui m’entourent, je suis plutôt une anomalie ce soir. Sludge will provide !

Your Highness ouvre le bal avec une prestation high energy. Un stoner metal rageur, effréné, efficace et précis pour un set qui transpire d’honnêteté. Un groupe qui se fait plaisir sans autre leitmotiv que de kiffer sur scène. On saluera l’équilibre des guitares plus subtil qu’il n’y paraît et ce chant braillé rappelant les épopées les plus rugueuses de Planet of Zeus pour un rendu rappelant les premières productions des mothersludgers de Komatsu. Mention spéciale à leur incartades surf rock particulièrement réussies. L’espace scénique étant très réduit pour cinq lascars et leurs pedalboards longs comme le bras, le chanteur se démènera autant que possible pour harranguer une foule encore clairsemée (19h30 à Toulouse, on attaque même pas encore les tapas !).

Ils glisseront même un hommage aux défunts heraults locaux tombés au chant d’honneur : Drawers. La moitié du groupe étant présent dans le public et l’orga, l’audience aura clairement apprécié le clin d’œil. Un brûlot hardcore puis un grosse mandale de lourdeur dans la gueule pour finir ce set. Solide. Au final, Your Highness est un tout petit peu trop propre sur lui. Il manque ce grain de folie qui ferait basculer tout cela dans une autre dimension.

C’est au tour d’Atomic Trip de fouler les planches du Connexion, baigné dans une obscurité moite. Le voilà le sludge doom qu’on attendait. À ce niveau là, on ne qualifie plus le trio de gras mais de suintant. C’est assourdissant, lent et pourtant teigneux, sale et fuzzy, noir et empli de cette énergie de mouvement perpétuel typique du genre. On se perd dans les répétitions, les parrallèles de ces morceaux instrumentaux aux constructions extrêmes. Parfois une lead guitare plus aérée, une accélération ou une caisse claire à la reverb plus marquée nous sortent de cette transe noisy quasi tribale et pourtant tellement jouissive. Et ce dans l’unique but de nous rappeler que nous ne sommes pas là pour prendre du plaisir mais pour plonger au plus profond de la matière et de ces fréquences de vibrations qui font de la musique ce qu’elle est : une manifestation palpable de notre imaginaire le plus primitif. Me voilà d’humeur poétique. Devant du sludge doom ? Allez je vais reprendre une pinte.

« We smoked for two hours straight around the corner, we got the city high, there’s no doubt about it. » Voir Bongzilla en live. Voilà un rite de passage qui manquait à mon CV. Et il va sans dire que la musique du trio américain ne s’apprécie jamais autant qu’en live. La voix de Muleboy est nettement plus supportable et bien plus en phase avec la lourdeur non dénuée de swing quasi rock’n’roll du combo de stoner sludge crasseux. Oui, on est face à du redneck et la musique est un chouilla bas du front, mais en même temps, qu’est-ce qu’on kiffe face à un groupe qui se donne à fond, qui a la banane, qui fait du Bongzilla comme seul Bongzilla sait le faire.

« We arrived late for our merch guys could not drive after that skunk we smoked today. It’s a special one we wanted to smoke on 4/20… » 4/20 in a nutshell. Oui Bongzilla c’est aussi ça. Ne pas se prendre au sérieux mais toujours profiter de l’instant. Durant une heure dix, le groupe nous amuse, défouraille nos oreilles et se fait plaisir. Ça joue à l’instinct mais c’est tellement rodé que les parties jam ne sont jamais trop longues, ça ralentit quand il faut, ça renvoie de la lourdeur aux bons moments et ça ne pousse la chansonnette que lorsque cela apporte à l’ensemble. C’est aussi ça la crasse américaine.

Je ressors vinyles sous le bras, oreilles virtuellement ensanglantées mais rassasiées pour au moins quelques semaines. C’est ça Bongzilla.

Last modified: 4 mai 2022