Ils sont de retour pour nous jouer un très bon tour : la présentation de leur nouvelle étape de parcours, le sobrement intitulé « Les Beaux Jours ». Qui ça, ils ? BARON CRÂNE, voyons ! Je me souviens très bien de leur tout premier EP et le morceau « Stoner AD ». Ce mélange de stoner et de jazz dans une ambiance résolument math rock prog apparaissait inédit, et pourtant incroyablement évident. J’étais scotché, et pendant des mois je m’efforçais de répandre la bonne parole autour de moi. Depuis, le groupe a parcouru du chemin avec un deuxième EP puis un premier album et, je le confesse, j’ai parfois été un peu perdu par les directions prises par nos frenchies. Alors à chaque nouvelle sortie, c’est avec une curiosité pleine d’espoir mais aussi quelques doutes que je lance l’écoute...
N’y allons pas par quatre chemins, « Les Beaux Jours » est une franche réussite. Le groupe brasse large dans les influences et les propositions tout en renouant avec la lourdeur et les mesures asymétriques de leurs débuts. Avec seulement 7 titres mais 48 minutes au compteur, on traverse les ambiances et les expériences plus ou moins ésotériques du groupe sans jamais se lasser.
« Larry’s Journey » est le titre qui m’a le plus séduit, et ce dès la première écoute. Entre les riffs déconstruits, les ambiances parfaitement travaillées et une science de l’écriture qui ne fait jamais faire trop ou trop peu, c’est un morceau d’une force indéniable. En prime, une guitare lead qui assume des influences shred de la fin 70’s début 80’s du plus bel effet. Chapeau bas !
« Mercury » de son côté renoue avec cet esprit jazz prog (qui a dit pléonasme?). L‘ajout de saxo, clarinette et autres timbres typiquement jazzesques, sans perdre la touche de noirceur et de bizarrerie typique du groupe, est un pur régal. Le trio s’offrant même une parenthèse quasi reggae dub avant une montée psychédélique parfaitement dosée et une lead guitare digne d’une bande son sur Megadrive 2. Une fresque dantesque de près de dix minutes, traversant les genres avec brio sans perdre son fil conducteur. Rien que ça.
Évidemment comme bien trop souvent avec les groupes de prime abord instrumentaux, « Les beaux jours » inclut plusieurs titres avec des chanteurs en guests. Ainsi, « Quarantine » est un titre beaucoup plus conventionnel accompagné par Cyril Bodin au chant. Je regrette que ce titre arrive trop tôt dans l’album, son impact étant amoindri et l’immersion dans l’album stoppée tôt par ce chant très direct.
Il m’aura fallu du temps pour apprécier la presque trop gentillette sortie d’album que nous offre le titre éponyme. Si la musique alterne malicieusement entre le calme et la tempête, le chant de Léo est, de son côté, bien trop posé et surmixé et cela peut vite être déroutant. Enfin, comment ne pas mentionner « Inner Chasm », tant ce trip nostalgique me ramenant vers les rythmes saccadés et le son plus brut des débuts du groupe est appréciable. Et puis ce pont que n’aurait pas renié Them Crooked Vultures, je ne peux pas rester de marbre!
Des beaux jours, il semble que Baron Crâne en ai encore beaucoup devant eux. En nous livrant une galette une fois de plus très audacieuse, aventurière mais sans perdre de vue ses principes et fondamentaux, le groupe nous démontre encore une fois toute l’étendue de son talent.
Last modified: 16 décembre 2021