RAGING SPEEDHORN est de retour avec « Hard To Kill », son sixième album. Et ça fait du bien de retrouver la bande anglaise en pleine forme, toujours bien présente après plus de vingt ans de carrière et malgré un split de quelques années.
Mais ça me troue le cul de devoir constater que malgré deux décennies d’existence, le groupe est toujours aussi peu reconnu et ne déclenche l’enthousiasme que d’une poignée de fans (dont je fais partie) constituée d’une majorité d’Anglais.
Il serait pourtant réducteur et injuste d’enfermer Raging Speedhorn dans la case de groupe local incapable de toucher un large public, tant la violence de leur musique et l’énergie scénique parlent à tant de personnes, et qu’ils ont tourné partout dans le monde aux débuts des années 2000. Mais leur son si particulier, avec deux hurleurs, aux frontières du hardcore, du metal extrême, du sludge et même du stoner, n’a jamais fait mouche et arrivant au moment où le néo-metal explosait et ravageait les ventes. Pourtant le néo a fini par crever, quand le Speedhorn lui est toujours là !
Poursuivant leur parcours contre vents et marées, perdant quelques membres dans l’aventure, et toujours soutenus de manière inconditionnelle par une presse anglaise qui les considère, à raison, comme un fer de lance de la scène britannique, les revoilà avec une nouvelle plaque, quatre ans après « Lost Ritual », lui aussi excellent album qui n’a pas eu le succès qu’il aurait mérité.
« Hard To Kill » reprend la recette qui avait fait germer « Lost Ritual », à savoir rajouter une bonne grosse pincée de groove à son metal furibard, avec toujours le même objectif : tout foutre en l’air ! Loin d’avoir cédé aux sirènes des trucs psyché-patchouli (ou pire, des synthés), Raging Speedhorn c’est avant tout le son de la classe ouvrière qui en chie, des prolos des villes industrielles du cœur de l’Angleterre, les gamins ayant le choix entre drogues, crimes ou mettre leur énergie à profit dans un groupe. On peut ressentir cette hargne dans le son, où le batteur frappe ses fûts avec la délicatesse d’un marteau-pilon sur des barres d’acier chauffées à blanc, les guitares et basse envoient du riff aussi acéré que des lames et les hurleurs lancent des assauts vocaux comme des généraux lancent une charge désespérée pour faire une percée à travers les lignes ennemies.
À travers ses huit brulots et un hymne de stade pour conclure (cover de T-Rex !), « Hard To Kill » se place au sommet des sorties stoner/sludge de l’année aux côtés de Demonic Death Judge, conjuguant efficacité, simplicité et cet aspect viscéral qui parle immédiatement et donne envie de foncer droit dans la fosse bière à la main.
Toujours aussi mordant, toujours aussi bandant, Raging Speedhorn n’attend plus que le retour des vrais concerts, en salles, debout et collés les uns aux autres, pour partager leur énergie et démontrer une fois de plus qu’ils sont increvables et ne sont prêts de lâcher l’affaire. « Hard To Kill » est plus qu’un album, c’est un antidote à cette putain d’année 2020.
Last modified: 15 décembre 2020