PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS fait fi des étiquettes avec son nouveau brûlot « Viscerals ».

Written by Chronique

Ne me demandez pas pourquoi mais j’ai toujours eu un faible pour les albums qui commencent sur des intros de batteries puissantes et travaillées. « Era Vulgaris » de Queens Of The Stone Age, « Them Crooked Vultures » de Crooked Vultures Them, bref, vous voyez le topo. Si c’est bien fait, c’est certain, l’album gagne directement mon adhésion. Alors quand un des mes coups de cœur des dernières années s’y met, forcément je jubile. Et il semble que Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs a souhaité me faire plaisir avec l’intro de « Viscerals », paru ce printemps sur Rocket Recordings.

Outre une intro rythmique des plus alléchantes, on trouve dès « Reducer », tout ce qui fait la force de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs (non je n’abrègerai pas leur nom). Il y a les riffs acérés qui empruntent à un registre très grunge sludge, jamais trop mélodique ou bluesy mais ne tombant jamais dans un registre métal ou trop dissonant non plus. Il y a aussi les chants aériens, noyés dans la reverb et le délai et avec une esthétique presque post-punk (bonjour Fugazi). Il y a les nombreuses leads guitares complètement psychédéliques et enfin, un pont et un final quasi doom.

Vous avez là l’étendue de ce qu’est Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs, du sludge rock psychédélique teinté de stoner, de doom et de post punk, le summum du genre de niche. Imaginez les Melvins sous champignons, Alice In Chains plus aventuriers ou, dans l’autre sens, un Hawkwind primitif, un Magma violent et instinctif. Autre caractéristique : les changements de rythmes, les cassures et autres joyeusetés de rythmiques asymétriques. Ici, il ne s’agit pas de tomber dans le « math machin truc » mais plutôt de varier les plaisirs, surprendre sans dénaturer le son, sans perdre l’auditeur.

Et puis il y a enfin chez Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs le point qui ne mettra jamais tout le monde d’accord : l’appel au rituel. Impossible d’écouter une galette du groupe sans avoir ce sentiment d’être un initié ou un hater. L’identité sonore brasse pourtant large mais est tellement identifiable qu’il se construit vite un culte dédié à Cochons Porcs Cochons Porcs Cochons Porcs Cochons. S’agit-il d’un groupe pour hipster, quasi sectaire, presque élitiste et surévalué, ou bien cette image leur est-elle faussement attribuée comme à tous les groupes inimitables, mixant avec brio les influences et apposant à leur son une véritable démarche de création artistique? Personnellement, j’ai choisi mon camp de manière très pragmatique : j’aime tous les univers mêlés ici, je trouve le résultat généralement très bien réalisé et surtout j’en redemande. Pas de doute, J’ADORE Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs. 

Quand on a pour coups de coeur « Reducer » qui ouvre donc l’album, le très doom « New Body », la parenthèse atmosphérique ambiante qu’est « Blood and Butter » (et quel régal d’intro), on finit même par se demander, suis-je en fait un connard élitiste ? Et voilà comment Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs ajoute une qualité de plus à son œuvre : nous pousser à l’introspection. C’est là que le nom de l’album a pris toute sa signification pour moi.

« Viscerals ». L’album touche en plein dans notre centre des émotions, des plus primaires aux plus complexes, deux adjectifs décrivant d’ailleurs parfaitement la musique du groupe. 

Personnellement je n’écouterai pas les haters, mais je retournerai écouter cet excellent album qu’est « Viscerals ». Parce que la réponse est là, elle s’y trouve à coup sûr. Peut être même dans le riff d’intro de « World Crust ». Car si vous aimez le sludge rock moderne, vous ne pouvez rester de marbre devant cette perle d’efficacité, ce brûlot rock and roll, qui sous une fausse simplicité (écoutez attentivement l’incroyable travail d’écriture sur la basse), nous balance tout dans la gueule sans demander son reste. Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs, finalement, c’est simple: on aime ou on est quitte.

ARTISTE : Pigs x 7
ALBUM : "Viscerals"
DATE DE SORTIE : 3 avril 2020
LABEL : Rocket Recordings
GENRE :
MORE : Facebook - Bandcamp

Last modified: 19 novembre 2020