L’ovni black avant-garde ORANSSI PAZUZU revient avec son monstrueux « Mestarin Kyns ».

Written by À la une, Chronique

Les princes des ténèbres du metal sont de retour. Déjà auteur de pièces uniques dans le monde du metal, le combo insaisissable ORANSSI PAZUZU passe chez Nuclear Blast pour nous envoyer un opus plus direct que les précédents. Mais attention, l’écoute n’en est pas plus aisée car « Mestarin Kynsi » se compose de six blocs compacts desquels vous aurez chaque fois du mal à vous extirper.

Malgré une première impression de masse sonore, le combo prend toujours soin de soigner l’ambiance pour vous faire plonger un peu plus loin dans ce tableau aux multiples couches. Encore plus porté sur les boucles synthétiques, le groupe se sert d’une foule de sons pour peindre cet univers sombre et paranoïaque. Le maelstrom kraut-prog-black-elecro-indus est la bande originale d’un parcours initiatique vers les profondeurs de l’âme, vers les confins de l’esprit et de l’univers. On y cause aliénation mentale, contrôle des esprits, cauchemar cosmique, etc. Six morceaux, six univers donc :

« Ilmestys » introduit l’album avec cinq minutes de pulsations quasi électroniques, lacérées de boucles de synthés stridents qui construisent la tension qui précèdent l’arrivée rugissante des guitares. On est prévenu : le parcours sera autant spirituel qu’organique.

En deuxième position, le grondement de basse et les multiples couches de guitare font décoller « Tyhjyyden Sakramentti » vers un point de rupture à mi-parcours où l’on se retrouve englué dans une matière synthétique sortie tout droit d’une vision d’horreur gigerienne.

Sommet de l’album, « Uusi Teknokratia » et son clip-référence au Dr Mabuse, est une passionnante ruée mélangeant rythme punk, furie noise et polyphonie de voix expérimentales pour évoquer les ravages d’un capitalisme rampant.  

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« Oikeamielisten Sali » démarre sur une boucle de violoncelle triturée qui semble nous mener dans les couloirs inquiétants d’un manoir hanté. Plus loin un écho de saxophone (ou une guitare, un synthé, on ne sait pas bien) nous prouve que notre âme est belle est bien perdue à jamais. Le chanteur semble hurler pour trouver une aide qui n’arrivera jamais.

« Kuulen ääniä maan alta » est indus as fuck, à nous faire danser d’effroi pour se diriger tout droit vers la rigueur électronique d’une bande-son de John Carpenter.

Et pour clore l’épopée, les Finlandais balancent toute leur hargne black metal dans « Taivaan Portti » (La Porte du Paradis), une cavalcade rageuse qui semble emportée par une puissance supérieure et spatiale se manifestant dans des orgues majestueuses semblant rire des humains se débattant dans leur malheurs.

Éreintant mais passionnant, « Mestarin Kynsi » regorge de richesses et de surprises dans son écriture rythmiques ou mélodiques, mais se révèle surtout une merveille de sound design prouvant la versatilité d’Oranssi Pazuzu dans tous les genres de metal (et plus loin encore). Ils nous rappellent aussi qu’ils sont probablement les compositeurs de films d’horreur les plus brillants qui existent. Ne reste plus qu’à trouver l’éprit tordu prêt à tourner ces films.

ARTISTE : Oranssi Pazuzu
ALBUM : « Mestarin kynsi »
DATE DE SORTIE : 17 avril 2020
LABEL : Nuclear Blast Records
GENRE : Black metal progressif
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Last modified: 21 avril 2020