Le constat ne vérifie inlassablement : KVELERTAK est l’un des tous meilleurs groupes live en activité, avec un dosage savant qui pourtant ne semble pas si inédit ou révolutionnaire. Il leur suffit d’aligner des morceaux galvanisants, un peu de mise en scène (les statues discrètes de hibou, ce rideau qui tombe pour dévoiler le groupe au premier morceau), et surtout une bonne dose de don de soi pour aller chercher le public qui répond souvent avec la même énergie, pour que l’alchimie opère. (PHOTOS : Sylvain Golvet)
Mais avant cela : PLANET OF ZEUS. L’un des mérites de Planet of Zeus est d’avoir mis la Grèce sur la carte du stoner et du rock en général, et ce n’était pas une mince affaire. Malgré tout, je n’ai jamais été le meilleur client pour les Grecs, et même si à chaque fois que je croise leur chemin ils semblent un peu plus maîtriser leur présence scénique, j’ai toujours eu du mal à accrocher en profondeur à ce style de stoner rock très efficace mais un peu impersonnel, tombant souvent dans une certaine banalité de rock de stade gonflé au riffs desert rock. Un genre qui, je trouve, montre vite ses limites.
Cela étant, la formule est encore ce soir délivrée avec suffisamment de convictions par le quatuor, dont la hargne déborde aisément de la scène pour infuser la salle qui répond plus que positivement. La belle et grosse voix rocailleuse de Babis, atout majeur du groupe, harangue aussi bien qu’elle déroule sa puissance brute dans un Trabendo ravi.
Avec un nouvel album bien (trop ?) rempli sous le bras et revigoré par un nouveau chanteur explosif et chaotique, KVELERTAK revient à Paris en tête d’affiche après avoir bien retourné la Maroquinerie en 2016. Et comme d’hab, la salle va être leur terrain de jeu. Ça déborde en effet très vite des planches et les musiciens s’alternent régulièrement pour arpenter ce public qui est là pour les soutenir. Littéralement.
Avec un son de moins en moins brouillon au fil des ans et de nouveaux morceaux se fondant parfaitement dans une setlist pleine de « tubes », le groupe multiplie les riffs, les hooks, les breaks et les singalong : ils sont au sommet de leur art. Le single « Bråtebrann » fait directement son entrée dans les morceaux de choix du set, un futur classique. Et pour le rappel explosif, le récent et bouillant « Fanden ta dette hull! » fait bonne figure aux côté de l’hymne « Kvelertak ».
Un seul bémol, les limitations sonores parisiennes étant ce qu’elles sont, on perd à une certaine distance de la scène un soupçon de puissance qui ferait basculer tout ça dans les sphères de la perfection.
Malgré ça, là où Kvelertak nous ravit c’est que ses musiciens semblent toujours prendre un plaisir monstre à se mêler ainsi à son public, de la première à la dernière minute. C’est une communion qui redonne le sourire en ces temps de menace de virus où l’espace public semble se transformer en zone de quarantaine. Ici, ce soir, on a partagé nos germes et on a aimé ça !
Last modified: 10 mars 2020