Corrosion of Conformity « No Cross No Crown » (Nuclear Blast 2018)

Written by Chronique

Ça commence toujours par un riff. Un riff enfumé, sombre, trainant, moitié blues écorché du Delta, moitié sludge visqueux du Mississippi. Treize ans après leur dernier album à quatre, leu son reste toujours reconnaissable entre mille : CORROSION OF CONFORMITY sont de retour avec Pepper Keenan à la barre, prêts à tout défoncer.

No Cross No Crown n’est pas vraiment un album « comeback », mais s’inscrit plus dans la continuité de ce que COC ont érigé comme étant leur propre son décennie après décennie. A peine l’intro « Novus Deus » souffle dans vos enceintes, qu’un riff tout droit sorti d’une jam room vous ré-entraine dans l’antre rhythmique de Mike Dean et Reed Mullin, et vous voilà alors propulsé à toute berzingue par les riffs déchainés de Pepper Keenan et Woody Weatherman, comme au bon vieux temps. « The Luddite » reprend des éléments de leurs grands classiques « The King of the Rotten » et « Stonebreaker », tandis que Pepper reprend les rênes au micro, croassant et déclamant de son timbre rauque par dessus chaque frémissement d’ampli. Bon dieu, que cette voix nous avait manqué.

Les titres « Cast the First Stone » et « Little Man » sont une pure démonstration du don qu’ont COC à injecter un crunch à vous glacer le sang dans une salve toute fraîche d’hymnes taillés pour les festivals. « Forgive Me » est porté par les cris presque démentiels de Pepper et de joyeux riffs laissant libre champ à toute l’envergure et au swing de Dean et Mullin. Plus dans une veine à la « 13 Angels », le morceau-titre ainsi que « Nothing Left to Say » vous feront regretter la douce époque où Down et COC transpiraient cette vibe « Spirit Caravan » du bayou, laquelle vous submergeait complètement dans un headbang salvateur.

Des critiques ? Il y en a quelques unes. Est-ce que COC recycle trop les idées des précédents opus ? Parfois oui (parce que bon, le riff principal de « E.L.M. » est carrément une redite de « Stonebreaker »). Est-ce que dans sa longueur, No Cross No Crown n’aurait pas trop un goût de déjà-vu sans jamais vraiment faire mouche du haut de ses quinze titres ? Peut-être bien. Pourtant, « Wiseblood » plafonnait à treize titres, « Deliverance » à quatorze, « Blind » à seize, et pour autant je ne me rappelle pas que qui que ce soit s’en soit plaint. Est-ce que cette reprise de « Son and Daughter » sonne comme une drôle de façon de clore l’album ? Peut-être bien. Mais vous savez quoi, COC nous mettent K.O. tant bien que mal, et plus encore. 

Pour faire court, si vous avez jamais été fan du COC plus punk et primitif (et sans Pepper) des 80’s sur Animosity et Eye for an Eye, alors il y a des chances pour que les charmes et atouts de No Cross No Crown vous séduisent instantanément. Alors c’est sûr, ça ne vaut pas un Deliverance ou un Wiseblood, ni même leur pépite sous-estimée, quoiqu’un poil trop produite, America’s Volume Dealer. Mais il s’en approche assez pour qu’on ouvre une binche ou deux, qu’on se détende et apprécie cet album pour ce qu’il est : un nouveau cru COC livré par un quatuor ressourcé qui tape toujours juste, et livre riff fracassant après riff fracassant. Contents de vous revoir messieurs, nous n’avions même pas réalisé que vous étiez partis.

ARTISTE : CORROSION OF CONFORMITY
ALBUM : « No Cross No Crown »
DATE DE SORTIE : 12 janvier 2018
LABEL : Nuclear Blast
GENRE : Heavy rock
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Last modified: 15 mars 2018