JOHN GARCIA + BONGZILLA + BOSS KELOID + CHUBBY THUNDEROUS BAD KUSH MASTERS @ Le Ferrailleur (Nantes, 04.05.17)

Written by Live

Pour ce vingt-troisième épisode des Stoned Orgies, l’orga nantaise avait mis les petits plats dans les grands en nous offrant rien moins que quatre groupes, dont les tant attendus BONGZILLA et la légende du désert, Monsieur JOHN GARCIA. (PHOTOS : Gaël Hervé)

Mais en guise de mise en bouche, les anglais de BAD KUSH, stoner très prometteur et dont les enregistrements laissaient présager un bon moment. Las, c’était sans compter sur un début de concert avancé et mon arrivée un poil à la bourre : le temps de voir deux morceaux, certes très bons, entre stoner bien gras et ambiance psychédélique barrée (musiciens grimés et déco façon peace & love 60’s), jusqu’à ce que le chanteur ne pète sa gratte… Faute d’arriver à accorder celle filée par Boss Keloid, Bad Kush met un terme à son set avant la fin. Deux morceaux et demi qui ont donc un goût de trop peu… À revoir très vite !

Le temps de dire bonjour aux potes, d’attraper une bière et on file voir BOSS KELOID. Ce groupe anglais développe un sludge bien à lui, alliant un son de guitare très particulier pouvant faire penser par moment à l’incursion d’un clavier dans l’ampli, à une voix que le chanteur utilise exactement comme un instrument, pédale d’effets à l’appui. Si ça peut paraître sur-joué par instants, c’est plus qu’il en joue, ce qui crée une ambiance toute personnelle. C’est le genre de musique qui va créer des clivages : on aime ou on n’aime pas, mais on ne reste pas le cul entre deux chaises. Je vous conseille fortement d’y jeter une oreille, ça mérite le détour.

Après cet apéro auditif, on attend le premier plat. Celui pour lequel on est venu, BONGZILLA. Première vraie tournée européenne si on exclut leurs rares passages en festivals depuis deux ans, c’est donc un évènement que de les recevoir à Nantes. Et le public ne s’y est pas trompé (même ceux fraîchement rentrés des Desertfest et Roadburn étaient là), la soirée étant complète. L’apologie de la plante verte est bel et bien à l’ordre du jour et dès que les lumières sont en places (c’est-à-dire fixes, vertes, laissant le groupe dans une semi-pénombre), c’est parti pour un set d’une heure du sludge le plus gras, le plus sale, le plus lourd et le plus envoûtant que l’on aura vu depuis… heu… en fait, je n’ai jamais pris un set comme ça dans la tronche !

Mike Makela fait le show, parle avec le public et assure à la guitare comme une bête. Mais celui qui est le plus impressionnant au final, c’est Cooter Brown. Le bassiste livre un son plus lourd et massif qu’un paquebot sortant des chantiers navals, tout en jouant avec une facilité et une nonchalance déconcertante. La fin du set finit d’achever un public conquis, qui reste pantois face à ce déferlement que l’on vient d’encaisser avec un plaisir total.

La pause hydratation est la bienvenue, le temps de reprendre ses esprits avant le plat du chef et la légende du désert rock : mister JOHN GARCIA. C’est toujours avec plaisir que l’on accueille celui qui a marqué la scène stoner et vient nous gratifier des classiques tant attendus, de Kyuss à Hermano, avec quelques morceaux « solo ». Mais, sujet tabou, il y a un truc qui cloche ce soir. Alors il n’y a pas de souci, les morceaux de Kyuss sont là, John Garcia assure (même si la voix paraît en retrait par rapport aux instruments) mais le John Garcia’s band n’est pas au niveau de son chanteur. C’est un peu moins pêchu, un peu moins carré, un tout petit peu moins bien interprété que par le passé.

C’est peut-être moi qui suis trop exigeant, vu que j’attendais impatiemment ce concert, mais j’ai tout de même comme un sentiment étrange que John Garcia joue moins par passion. D’ailleurs même ma femme a trouvé qu’il n’avait pas l’attitude de quelqu’un qui joue dans une petite salle, mais plus comme s’il était dans une arène ou en festival, à quinze mètres de son public, avec une communication minimale. Je retiendrai donc plutôt les meilleurs moments, soit « El Rodeo », « My Mind », le déchaînement de la fosse à partir de « Gardenia » jusqu’à la furie totale sur « Green Machine ».

En tous les cas, on ressort lessivé comme un slip moite et le sourire jusqu’aux oreilles. Merci Vinz et Stoned Orgies !

Last modified: 21 septembre 2017