HELLFEST 2015 : Week-end au paradis de la bûche – JOUR 2

Written by Live

Le deuxième jour au HELLFEST 2015 commence avec un peu moins de souplesse et de vigueur que le vendredi, mais on est tout de même assez réveillés pour se faire remettre au tapis par un marathon de plus de douze heures sur les plaines ensoleillées de Clisson. Les plus grosses baffes du week-end auront lieu en fin de journée (suspens), le tout couronné par un feu d’artifice monumental pour fêter 10 ans d’orgies métal ! Retour sur ce samedi au sommet de la Bûche avec ORANGE GOBLIN, BODY COUNT, BRANT BJORK, ASG, ELDER, MONARCH! (PHOTOS : Gaël Mathieu)

La journée commence par une bouteille d’eau versée sur la tête, car après le froid et l’humidité nocturnes de la Quechua, c’est bien la cagna qui me fait cuire dès 9h du mat… On démarre comme à l’accoutumée sous la Valley, avec les très, très, TRÈS attendus ELDER. Si on peut dire une chose, c’est que le nouvel album « Lore » du trio heavy psyché de Boston a fait parler de lui : certains l’ont vu comme la révélation absolue de 2015, d’autres attendaient un « Dead Roots Stirring II », et ont donc été désappointés. Avec trente minutes et pas une seconde de plus pour enrôler la Valley, Nick Di Salvo et ses deux comparses offrent un « Gemini » en appetizer, pour enchaîner sur deux morceaux du nouvel album, qui emballent un peu moins facilement l’audience… pour une grande partie en train de cuver dans l’herbe séchée. Elder ne faillissent tout de même pas à leur réputation, et nous emportent exactement là où on devrait être, grâce à cette technique et ce feu sacré qui rend leurs compos si brillantes. Le set se termine donc sur une ovation, parce que bon : ELDER, quoi !

Une pause recharge de mobile interminable plus tard, j’arrive carrément à la bourre pour les collègues de MONARCH!, toujours sous la Valley. Les dernières minutes de set paraissent plus écrasantes que les 150 performances du week-end réunies : les baiono-bordelais ont l’art et la manière de vous éclater la tronche façon procession doom-plus-bas-que-doom, leur électrisante frontwoman Émilie hurlant à en réveiller Satan. Si vous voulez mon avis, la Valley vient de se prendre une dérouillée complètement inattendue. « Satan is great, Monarch is super ».

Tiens, pour la première fois du week-end, je ne serai pas contre un quart d’heure « déconnection des neurones » devant la Main Stage. Les hard rockers irlandais THE ANSWER étant en pleine prise d’assaut du parterre Hellfestien, je profite de cet instant de légèreté pour remettre un peu de crème indice 80 et prendre en photo un parfait inconnu en kilt et tongs. Dans une veine très AC/DCesque, ça gigote sur scène, ça chante avec une voix puissante et haut perchée, et surtout, ça fait voler au vent sa sublime crinière blonde. Je sais pas, y’a comme un côté presque disco à cette performance… Plus aucun doute lorsque Cormac Neeson nous fait reprendre en choeur « Red lips like strawberry wine/Her kiss says she’ll never be mine » : alors là, je jubile nerveusement. Exactement le petit déj’ Ricoré dont on avait besoin pour se mettre en jambe.

Après un court passage à l’Extrême Market et une pause « désoiffage », il est déjà l’heure de foncer voir ASG sur la Valley Stage. Les skate rockers de North Carolina, croisement parfait entre The Sword et Fu Manchu (et voisins de Weedeater, pour l’anecdote people), sont LE groupe idéal pour vraiment démarrer cette superbe journée ensoleillée au Hellfest. Lançant un « Mourning Of The Earth » qui met le smile tellement il est majestueusement exécuté, le groupe poursuit les hostilités de façon royale, en nous payant une setlist quasi parfaite – avec notamment un joli triplé « Win Us Over ». Le riff roule et groove, le rythme tabasse, la performance est burnée comme un taureau, et comme toujours, le trio a plein de bonnes vibes à revendre. Dommage que le public soit encore si calme (aucun slammeur ? really ?), car ce groupe a un potentiel riffique assez extraordinaire, et une vraie belle énergie en live. À revoir expressément en salle pour une baffe digne de ce nom.

Je pars avant la fin du set pour aller interviewer Elder. À mon arrivée au point presse, je tombe nez-à-nez sur les gentlemen d’Orange Goblin, extrêmement détendus, et reçois au même moment un message de DiSalvo qui me prévient d’un léger retard. Après vingt bonnes minutes d’interview façon Bouillon de Culture du fuzz, Gaël et moi-même rejoignons les collègues orgas et médias de la Bûche pour un apéro prolongé (la faute aux coupons Jack Da et fioles de Jäger offertes par le bar) sur fond de L7 au son bien trop médiocre, et de SLASH dont l’attrait principal réside à présent en la personne de son BG – et talentueux – de chanteur Myles Kennedy. À défaut de pouvoir vous montrer les photos de l’apéro, voici un très cool portrait des papesses du grunge par Gaël Mathieu…

C’est alors que vers 19h, quelqu’un s’écrie « faut qu’on y aille, y’a Brant Bjork ! ». Et BRANT BJORK & THE LOW DESERT PUNK vont faire monter le taux de groove du Hellfest de +2000, vous vous en doutez… Sous les riffs chauds du prince du désert, la Valley se transforme en dancefloor, les déhanchés prennent le pas sur le headbang habituellement de rigueur, et une chaleur apaisante nous enveloppe : l’élévation rock n’est pas loin. Les rares fois où je ré-ouvre les yeux, je constate que les meilleurs solos émanent en fait du guitariste Bubba Dupree, deuxième élément le plus swagg du groupe après Brant himself. Envoutée, la Valley est… Elle plane, la Valley. Elle rit, elle trippe sans même s’en rendre compte. Brant nous fait du bien, et il semble tout aussi ravi que nous de la tournure des choses. Hippie Hellfest FTW. But wait…

…Un rapide coup d’oeil à ma montre, et je réalise que Body Count jouent dans dix minutes sur la Warzone. Gaël m’envoie un message : « laisse tomber, trop de peuple ». Rien à faire, je ne raterai Ice-T pour rien un monde car c’est LE concert que je voulais absolument voir ce week-end. J’entraîne ma collègue Flo de Heavy Report dans une course effrénée à travers la Forêt du Muscadet, où la foule commence déjà à être bien compacte. L’entrée de la Warzone s’est transformé en goulot d’étranglement, et la seule solution pour y accéder et de partir en file indienne très serrée, et de se laisser glisser comme des suppositoires humains entre les corps gluants et suants qui essaient eux-même d’y pénétrer.

Au bout de dix minutes douloureuses, nous parvenons à trouver un peu d’espace et donc d’oxygène. Et là, le kif est immédiat. ICE MOTHAFUCKIN T, BITCHES ! BODY COUNT, c’est du spoken word sur fond de baston hardcore, c’est le ghetto qui vient vous en coller une, c’est quelque chose qui paraîtrait être à mille lieux de l’univers du métalleux lambda, et pourtant… Body Count fédère à mort, et pour cause : c’est l’orgie absolue dans la fosse. Le Hellfest exulte. Vingt putain de piges que le groupe n’avait pas joué en France, alors quand Ice-T ouvre la bouche, la Warzone s’exécute : majeurs en l’air, refrains repris en masse, « fuck you !! » scandés à la moindre occaz… Le soleil est encore haut sur Clisson, et je-ne-sais-combien de milliers de personnes sont en train de kiffer leur race comme jamais. Pied ultime lorsque le groupe enclenche un dantesque « Cop Killer » en guise de final, et que toute la Warzone gueule « fuck police brutality!!! » à l’unisson. Unique, et clairement inoubliable.

On enchaîne avec nos anglais préférés, ORANGE GOBLIN, qui co-headlinent la Valley avec Triggerfinger ce soir. J’arrive à me caler sans peine sur le côté gauche de la scène, mes yeux et oreilles prêts pour leur dose de grandiose. OG sur scène, c’est un peu comme voir les quatre Cavaliers du Rock’n’Roll en action : il y a Ben Ward, sympathique frontman de deux mètres, qui fait manger n’importe quelle foule dans sa main; Joe Hoare le magicien du riff, à la fois frénétique et imperturbable, brillant de feeling et technicité; Martyn Millard, bête de groove au fingerpicking impressionnant et au headbanging enflammé; et enfin le très cool Chris Turner aka l’homme de précision au flegme de batteur jazz. Peu importe qu’ils choisissent de privilégier le dernier album « Back From The Abyss » ce soir (dont un ou deux morceaux très Motörheadiens), la foule répond à 200% présente. À tel point qu’à un moment, un circle pit se forme, chose qui n’était encore jamais arrivée sous la Valley ! « You’re the biggest crowd we’ve ever played », dit Ben Ward avec émotion. C’est bien la première fois que je vois le groupe aussi hilare, grisé par cette ambiance de feu. « Scorpionica », « Some You Win, Some You Lose », « They Come Back »… Orange Goblin nous payent 50 minutes de PURE TEUF ROCK’N’ROLL, et prouvent au Hellfest qu’ils sont les patrons, tout simplement.

Après OFGB, toute la team file d’un pas déter’ au bar VIP pour se réhydrater, et recroiser par la même occasion les Elder qui sont maintenant d’humeur plus que joviale. Une discussion sympathique et quelques idioties plus tard, je me retrouve inopinément au pied de la Main Stage pour les dernières minutes de FAITH NO MORE. N’étant pas spécialement adepte du groupe, je retiendrai uniquement que Mike Patton a l’air comme à la maison, arborant un magnifique t-shirt jaune de la sécurité du fest.

Quelques minutes à peine après la fin du set, la foule devient électrique. Sans sommation, « Thunderstruck » d’AC/DC retentit, et les écrans géants des deux Main Stages commencent à diffuser un bilan-émotion de 10 ans de festival. Les cieux de Clisson se mettent alors à étinceler, le feu d’artifice s’intensifiant tandis que les photos des plus grands moments du Hellfest défilent sur les écrans. Et là… « Bohemian Rhapsody » résonne alors sur toute la plaine. Gros moment Nutella pour les 50000 festivaliers présents, qui entonnent le morceau en coeur. Je ne vous raconte pas la chair de poule. Quand le Hellfest te paye ta madeleine de proust sur un plateau en or, avec un bouquet final à la hauteur de cette 10ème édition : IMMENSE.

Une fois les applaudissements rompus, on rebrousse chemin direction le bar. Aucune envie de voir SCORPIONS car : 1/ peur d’être déçue par un groupe incapable de faire ses adieux à la scène, alors qu’il est plus que temps, 2/ mon attrait pour leur musique se limite aux deux premiers albums « Lonesome Crow » et « Fly To The Rainbow », que je n’ai à priori aucune chance d’entendre ce soir. Nous terminerons donc notre soirée au bar, tout en jetant un oeil distrait à la performance mollusque de MARILYN MANSON sur les écrans. No regrets. Surtout quand on peut boire tranquille assis dans l’herbe, pour enchaîner sur du air moshpit sur fond de « Destroy Everything » au bar cinq minutes après, le tout couronnée par de multiples Jägerbombs (encore elles). Inutile de vous dire que la nuit sera courte…

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Last modified: 4 octobre 2016