Il fallait être complètement branque ou avoir une sacrée bonne excuse pour ne pas assister à la Stoned Gatherings du 10 mars à Paris. Je m’explique… En fait non, pas besoin : WEEDEATER. GURT. DEAD EXISTENCE. KING PARROT. Du sludge , du sludge, du sludge, et du grindcore de gros bras. Certains ont perdu toute faculté mentale lors de cette soirée, les autres sont repartis farcis au gros son et heureux. Et pour tout le monde, une putain de soirée avec ambiance au top, comme toujours aux SG. (Photos : Sylvain Golvet).
Après avoir profité des très courus happy hours de La Plage de Glazart et salué une bonne partie de la famille stoner parisienne, je file découvrir la première livraison heavy de la soirée : DEAD EXISTENCE. Bien connus de la scène londonienne, ce n’est pas un gig en terre inconnue qui va faire se démonter nos Anglais ! Avec un son qui semblerait venu tout droit de la Nouvelle Orléans, ces cinq lascars envoient un sludge trempé à l’acier, avec des morceaux de plus de dix minutes qui vous écrasent plus bas que terre. Et bien qu’au final, ils aient tous des têtes de gentils (mention « grande classe » au gratteux au méga afro et petites lunettes portées nonchalamment sur le bout du nez), on se laisse très vite convaincre; leur maîtrise, leur hargne et leur groove de tueurs parlant pour eux. Le Glazart est encore loin d’être bondé (la moitié du public étant encore dehors à cloper et boire des coups), mais des dizaines de motivés headbanguent déjà d’un seul homme face à ce très sale, mais surtout très cool quintet anglais. Énorme découverte, et expérience à réitérer !
Avant de poursuivre, je dois juste préciser une chose : l’affiche initiale laissait entendre que GURT devaient jouer juste avant Weedeater, or un changement de dernière minute les a placés en deuxième position de la soirée. Grosse déconvenue pour pas mal de personnes ici, car il faut savoir que les Anglais sont extrêmement appréciés du public des Stoned Gatherings. C’est donc une pinte fraîche à la main et avec l’envie d’en découdre que je rejoins le premier rang pour voir mes chouchous… Et quel plaisir d’entendre les morceaux du dernier album « Horrendosaurus » en live, entremêlés des classiques maison, que certains d’entre nous connaissent sur le bout des doigts. Ce soir, Gurt nous donnent exactement ce qu’on est venus chercher : du riff épais qui s’infiltre dans le cerveau comme la plus pernicieuse des drogues, du groove à foison, et la vision de quatre mecs venus à la fois nous asséner une vraie leçon de heavy, mais aussi se la donner façon berserks chatons. Et vu qu’ils se sentent comme à la maison, les Anglais nous offrent même une exclu : le morceau « Spoon » qui figurera sur le prochain opus du groupe. Des Gurt bien dans leurs slips, des hits sludge taillés sur mesure, de la bière : la foule des SG est ravie.
Le temps d’une rapide pause bière à l’extérieur – où j’aperçois deux post-ados tranquillement en train de fumer leur pipe contre un mur – et j’entends déjà un putain de chambard émaner de la salle. On reste un moment à se demander si c’est bien de la musique qu’on entend, et c’est en rentrant dans la salle que je comprends ma douleur. Pour ne rien vous cacher, le grindcore est loin d’être ma tasse de thé (c’est pas un hasard si ce blog ne s’appelle pas « The Fast Chronicles »), et ça l’est encore moins quand ça m’arrive en pleine tronche, comme un hooligan sous speed qui ferait un plaquage à un hippie déjà dans la quatrième dimension. C’est donc au loin que j’observe les Australiens de KING PARROT retourner le Glazart avec cette brutalité qui ne réside pas seulement dans leur son, mais aussi et surtout dans leur attitude nihiliste et hyper provocatrice. La débauche de sueur est sans pareil, et le pit a d’ailleurs très vite changé de couleur (quelques-uns ne sont clairement pas venus se la couler douce au son de riffs gras et enfumés…). King Parrot est à n’en pas douter un putain de groupe de scène, et je n’aurais besoin que d’une seule photo pour vous le prouver :
Il est 21 heures, et WEEDEATER – que l’on n’avait pas eu la chance de revoir depuis le Desertfest Londres (remember, « Gimme Back My Bullets » avec Wino en guest…) – sont enfin là. Aaaaah, mais quel plaisir d’entendre le son de basse archi fuzzé et down-tuné de Dixie Collins, et cette voix des cavernes (ou « d’orque du Seigneur des Anneaux », selon mon collègue Katzenjammer) reconnaissable entre mille. D’entrée de jeu, on se prend quatre morceaux du dernier album « Jason… The Dragon » dans les tympans. Après un pétage de corde en règle par Shep et un rapide interlude, les bouffeurs de weed reprennent en force avec un « Good Luck and God Speed » qui entraîne slam sur slam, si bien qu’un néon se décroche du plafond de la salle.
Après avoir profité du côté droit de la scène, où nous sommes nombreux à nous délecter des grimaces de cinglé du boss et redneck en chef Dixie, je décide de changer d’angle pour admirer le batteur le plus fêlé de la planète métal : Travis « T-Boogie » Owen. Le mec est une attraction à lui tout seul. Difficile de savoir qui est le plus barré de nos deux énergumènes, mais c’est jouissif de regarder ce mec maltraiter ses fûts en slow motion, tout en jonglant en permanence avec sa baguette droite. Une poignée d’hymnes sludgy et très grassement bluesy plus tard, leur fameuse reprise du « Gimme Back My Bullets » de Skynyrd sonne la presque fin de cette soirée placée sous le signe de la démence sonore. Le bassiste de Dead Existence rejoint le groupe pour donner de la voix, tout en brandissant une bouteille déjà vide de Bourbon. La base.
C’est pas tous les soirs qu’il vous est donné de voir un lineup si pointu et varié, et au-delà du fait d’avoir pu revoir les légendes Weedeater dans une salle si cool et dans un contexte relativement « familial », j’étais aussi hyper ravie de voir que la scène sludge anglaise se porte à merveille, et que ces groupes ont tout pour pouvoir reprendre le flambeau et le porter à un autre niveau de coolitude. Et pour toutes ces raisons, je dis big up aux Stoned Gatherings!
Last modified: 3 juillet 2015