La tradition chez les stoner rockeurs anglais STEAK, c’est d’organiser une fat soirée à chaque sortie de skeud. C’est pas pour rien d’ailleurs qu’ils sont un peu les stoner mayors, ici à Londres. Retour sur la release party de leur nouvel album « Slab City » au Borderline, avec les excellentissimes Greenleaf et Sedulus en invités d’honneur. De la protéine, du gras, du fuzz, beaucoup de bière et de bonne humeur : le secret d’une release réussie made in Steak ! (Photos : John White)
En cette relativement belle soirée d’été (21°C ou la canicule pour nos amis Britanniques), des dizaines d’habitués sont déjà au rendez-vous, sirotant joyeusement leur canette de Red Stripe sur le trottoir du Crobar, bar métal emblématique de la capitale et voisin stratégique du Borderline. La très soudée famille stoner londonienne est donc réunie ce soir pour fêter la sortie du tout premier album de Steak, « Slab City », signé sur le très réputé label européen Napalm Records. Un album qui mérite le détour si vous êtes fans de desert rock, car il a non seulement été enregistré et produit au milieu des cactus et coyotes à Palm Springs, mais la crème du désert y a bel et bien apposé sa patte brûlante : John Garcia au chant sur le morceau « Pisser », Arthur Seay d’Unida aux solos sur « Hanoid », et le producteur attitré de la scène, Harper Hug, en maître des opérations. Et je dois dire qu’après l’énorme déception que m’avait procuré le travail de Hug sur l’opus de Vista Chino (que je considère tout bonnement comme le « St. Anger » du desert rock), j’avais peur du résultat… Mais c’est au final une galette à la prod ronde et chaude qu’on a là, sans doute le meilleur son dont le groupe ait jamais bénéficié (et dont vous pouvez écouter un extrait avec le clip « Rising« ). Mais revenons à notre release party…
Lorsque je pénètre au sous-sol du Borderline, le groupe local SEDULUS vient tout juste d’entamer son set. J’adore Sedulus. Ils ont ce quelque chose d’indéfinissable mais extrêmement agréable, qui les rend uniques face à l’abondance de groupes heavy/stoner/doom britanniques. Devant un public présent mais encore relativement calme, le groupe envoie un stoner puissant, relevé de moments ambient (façon « Tool en croisade sur un tapis volant ») et de passages chantés rares mais sacrément bien sentis. Minute après minute, Sedulus nous enveloppe dans un cocon de chaleur, qui de temps à autre éclate telle une véritable tempête électro-statique. Terriblement enivrant… Sedulus nous offre un trip sonore dans lequel il est difficile de ne pas se laisser embarquer.
Le tour de GREENLEAF est arrivé, l’excitation monte d’un coup. Avec près de quinze ans d’existence, un lineup évolutif qui a vu passer les meilleurs vocalistes de la scène heavy rock suédoise, et surtout, un EXCELLENT nouvel album (chroniqué avec amour ici-même), on peut dire que Steak se paient une première partie de luxe ce soir ! Le groupe rentre direct dans le vif du sujet avec le tonitruant « Our Mother Ash », et là… bon dieu de bon dieu. Il ne me faut pas plus d’une minute pour être carrément sur le cul face à ces monstres du heavy rock scandinave. Entre Tommi Hollappa qui déverse des solos complètement barrés avec le génie qu’on lui connaît, l’émotion et l’intensité d’Arvid Jonsson au chant (qui n’a rien à envier à un Neil Fallon niveau présence scénique), et le groove explosif de la section rythmique, le groupe met la barre haut, très très haut. Je pense que personne ne s’attendait à prendre une telle claque, à tel point que la plupart des personnes autour de moi sont partagées entre béatitude et stupéfaction. Le bonheur procuré par la performance vitaminée du groupe, ajouté à une quantité exponentielle de Bud/Stella/whatever, cela donne un premier rang euphorique à souhait. À la fin du gig, mon esprit est plus ou moins éparpillé sur les murs du Borderline. Bordel de claque, si ça, c’est pas un échauffement !
Lorsque les local heroes STEAK débarquent, nous sommes prêts. Prêts comme des coqs au vin de compèt’. Magnifiquement prêts à être farcis au fuzz. Bref, vous avez saisi l’idée. Dans l’obscurité, le groupe arrive avec un aplomb nouveau, tels les super badass de la couverture de « Slab City ». La suite est une avalanche de riffs sombres et méga fuzzy, de grooves épais et de rythmes frénétiques, le tout porté par un frontman au top de sa forme (et de son afro !). Portée par la frénésie générale et dans une tentative désespérée de prendre des photos de piètre qualité, je laisse mon iPhone littéralement bondir hors de mes mains (le crowdsurfing made in Apple). Après de longues minutes à paniquer et à scruter le sol en vain, je retourne dans l’agitation du pit et laisse le Dieu Headbang s’emparer de moi. Il semblerait en revanche que Mr Propre se soit emparé d’un de mes voisins, qui se fait coiffer d’un plot « Caution Wet Floor » par Kippa, le chanteur de Steak. Le groupe continue d’envoyer le gras avec force et détermination, tandis que la (petite) fosse se mue en virage de supporters version stoner. Ah ça, on peut dire que les Steak en reçoivent, de l’amour ! La fin du concert reste relativement floue en ce qui me concerne (équation bière + perte de phone + headbang intensif), mais mon corps lui, s’en souviendra très bien, vu que je ne pourrai quasiment plus bouger un muscle le lendemain. On peut dire que cette release party fut une réussite, à en juger par les sourires « larges comme ça », le nombre d’albums dédicacés et de bières renversées (sans parler de la traditionnelle afterparty au Crobar jusqu’à pas d’heure). Hâte de retrouver les quatre fuzzy basterds en tournée dans toute l’Europe avec le sieur John Garcia himself ! STEEEEAAAK !
STEAK en tournée dans toute l’Europe cet automne avec John Garcia et Waxy – Dates et infos
Last modified: 7 octobre 2014