Après un vendredi riche en révélations et en sons lourds et obscurs, cette deuxième journée du HELLFEST 2013 est placée sous le signe des formations incontournables, entre ondées de fuzz et tempêtes de beats urbains. La progra du samedi offre un vraie diversité dans les styles, à l’image de la météo instable qui régit Clisson depuis deux jours. C’est l’heure de rechausser les Vans et de préparer les roulées, parce que teuf il va y avoir avec Skindred, P.O.D., Uncle Acid & The Deadbeats, Down, Karma To Burn, Red Fang, Kiss et Korn. Booyaaaah ! (PHOTOS : Gaël Mathieu)
Dancehall Nation : SKINDRED
Un pote m’avait parlé de SKINDRED comme étant un groupe anglais totalement atypique, à voir absolument en live. Il est 10h30, je n’ai dormi que quatre heures mais me voilà surmotivée au pied de la Mainstage 2. Le groupe entre sur « La Marche Impériale » : grande classe. La mixture reggae/dancehall sur fond de grattes saturées, parfois métal, parfois carrément punk, ça déchire tout. La variété des looks au sein du groupe me vend du rêve, entre le frontman rasta, le bassiste et le gratteux au look hipster, et le batteur métalleux lambda. On a jamais autant envoyé chier les préjugés qu’aujourd’hui, la preuve : tout le monde saute, tout le monde danse, tout le monde fait « oooooh oooooooh » ! Sous la pluie battante, c’est la fête, et le chanteur nous demande même de nous mettre torse-nu pour faire le « Newport Helicopter » avec nos t-shirts. Des courageux s’exécutent, et c’est parti pour « faire tourner les serviettes » ! Honnêtement, ce groupe est une super découverte pour les fans de ziks urbaines/crossover, et une sacrée claque en live. Le Hellfest, c’est le fest de l’ouverture d’esprit, on le sait depuis longtemps.
Some People Never Change : P.O.D
P.O.D ou PAYABLE ON DEATH fait partie des groupes que je suis spécialement venue voir au Hellfest. Parce que c’est pour moi l’un des groupes les plus VRAIS de la pseudo vague néo-métal (sachant que leur spectre musical rayonne à des kilomètres au delà de cette « catégorie »). Ces quatres garçons de San Diego ne sont pas des pretenders, leur zik est ghetto, elle vient des tripes. Dix ans qu’ils n’avaient pas mis les pieds en Europe, et c’est dans une forme magistrale (et avec un nouveau membre aux synthés/choeurs) qu’ils nous reviennent sur scène. Les sceptiques vont devoir ravaler leur jugement hâtif, car Sonny Sandoval et ses bros vont déverser toute leur rage sur scène, et surprendre le badaud en passant de couplets rap à accélérations punk digne des Suicidal Tendencies. En coulisses, Fieldy de Korn et les mecs de Skindred sont en train de kiffer la vibe. Avec une setlist greatest hits et une énergie de feu, le groupe se met tout le monde dans la poche. Sur « Southtown« , Sonny arrive même à faire s’asseoir toute la fosse en criant « This is for Jesus ! » (et le métalleux pas encore réveillé de joyeusement hurler « ouuuuaaaaaiiis ! »). Détracteurs, je vous entends d’ici « ouééééméééé c’est du métal chrétien ». Pourtant, les P.O.D sont plus pourvoyeurs de bonnes vibes que de morale et propagande religieuse. Plus tard dans la journée, j’entendrai des gens encore bluffés par la performance du groupe. Une belle victoire sur les esprits étroits ! (Setlist)
Sexy Papa Acid : UNCLE ACID AND THE DEADBEATS
Le temps de braver le vent, le froid et le crachin pour aller manger un club sandwich au camping, et nous voilà de retour dans la Valley. Une douce odeur de weed plane sous la grande tente, ça met dans le ton… UNCLE ACID font eux aussi partie du petit lot de groupes qui m’ont poussé à monter sur Clisson ce week-end, parce que depuis leur création en 2009, les apparitions scéniques du groupe de Cambridge se font au compte-gouttes (dont le Roadburn 2013). Leur excellent nouvel album « Mind Control » a quant à lui ressuscité l’excitation du fan de rétro-rock psyché et occulte. Quand je les vois débarquer sur scène, je suis surprise : je ne les imaginais pas si « beaux gosses« . Je pensais à un groupe de hippie crasseux et défoncés, et au lieu de ça, ce sont quatre dandys qui pulvérisent les enceintes de la Valley. Dans l’oreille, on me souffle « ce sont les Bee Gees du métal ? ». Version rituel satanique, alors. Le rock 70’s d’Uncle Acid est sexy et groovy, il fait se trémousser les jolies filles. « I’ll Cut You Down » envoûte avec ses riffs sales et lancinants, tandis que « Valley Of The Dolls » fout le frisson avec son rythme doomy et langoureux. « I want you, I need you » Uncle Acid : 50 minutes, c’est beaucoup trop court pour ma dose psyché de la journée ! (Setlist)
Pas le temps de finir le set jouissif d’Oncle Acide, car je dois filer au point presse pour interviewer P.O.D. 15h pétantes, le tour manager m’appelle et vient me chercher, puis je m’entretiens dix bonnes minutes avec le guitariste Marcos. Un vrai pro, que j’arrive quand même à faire sortir de son discours bien huilé en lui posant quelques questions plus persos. L’entretien se termine sur un « you’re good vibes, girl » et un check du poing, parce qu’on est de vrais homies maintenant, tu vois ?
Classic not classy : DOWN
Voir les cinq darons bad boys de NOLA monter sur la scène de la Mainstage, je peux vous dire que ça a une tout autre gueule que toutes les rockstars glam 80’s et autres groupes alt métal qu’on a pu voir défiler jusque là. La foule est compacte sur le site (30000 personnes, paraît-il), les joies d’un samedi chargé en têtes d’affiche. Le groupe entame le show sur le bluesy « Eyes Of The South », mais la setlist reste toute somme assez classique. Le groupe se repose sur ses acquis et joue sur son charisme naturel, mais en tant que grande fan du groupe, ça ne suffit pas à m’éblouir. Je sais pas, ça manque de convivialité (l’effet festival ?). Phil Anselmo, bourré, chauffe le public de façon poussive, même si ce dernier se plie à la moindre de ses requêtes. Aussi, il semblerait que s’ouvrir le front avec son micro soit devenu une tradition depuis ce fameux jour. Mouais, bof. À ce stade, Hulk Hogan est dix fois plus divertissant. Comme la tradition le veut, DOWN invite des membres d’autres groupes pour jammer sur le hit d’outro « Bury Me In Smoke » : ce sont donc Jason Newsted, Matt Pike de Sleep et d’autres qui s’y collent. Le Hellfest est en délire ! Moi, je reste sur ma faim, et attend avec impatience le « special set » programmé le dimanche sous la Valley en remplacement de Clutch… (Setlist)
Power Stoner… Duo : KARMA TO BURN
Pas le temps de traîner, il faut à nouveau traverser tout le site (pas facile, vu le monde) pour rejoindre la Valley et voir KARMA TO BURN. Si vous suivez ce blog, vous aurez déjà lu un paquet de live reports sur ce groupe, car je ne rate jamais une occasion d’aller headbanguer sur le stoner instrumental du trio US… qui a la surprise générale, n’est plus qu’un duo aujourd’hui. L’absence totale du bassiste Rich Mullins expliquerait donc les annulations des précédentes dates de la tournée ? La vérité, c’est que Will Mecum et le nouveau batteur Evan Devine envoient tellement du lourd à deux, que de l’angle mort où je me trouve au début du set, je ne me rends même pas compte que Mullins est absent. La setlist est un peu moins axée sur les hits habituels, et Will se voit forcé de sortir de ses retranchements pour chauffer la foule… Et ça fonctionne grave ! Le groupe n’étant habituellement pas très loquace sur scène, ça fait du bien d’entendre l’accent redneck (parfois complètement incompréhensible) du guitariste. Histoire de mettre le public au même niveau de coolitude que lui, il balance une bouteille de Jack flambant neuve dans la fosse. Touché. La complicité est parfaite entre les deux zikos, et avec ou sans basse, le set ne manque pas de nous retourner les cervicales. Je décerne la palme du courage à Will et Evan de Karma To Burn et lève mon verre en leur honneur ! Admirable ! (Setlist)
Mayhem In The Valley : RED FANG
Vu le monde sous la tente de la Valley, il est inconcevable que je quitte mon spot actuel, si c’est pour revenir et me retrouver à dix kilomètres de la scène pour RED FANG. Je vais donc subtilement me faufiler jusqu’à la barrière, pour me retrouver à tailler le bout de gras avec deux belges super sympas. Pendant ce temps, les Fangs décident de jouer « Wires » en entier en guise de balances. Ambiance ! La tente de la Valley dégueule de monde, et aussitôt le premier morceau entamé, ce sont des hordes de slammeurs qui atterrissent dans les bras des gars de la sécu au premier rang. Ça va durer tout le set. Aaron Beam n’attend pas la moitié du premier morceau pour péter une corde de sa basse (y’a-t-il vraiment un concert où ils n’endommagent pas du matos ?), laissant ses deux compères guitaristes exécuter le morceau sans lui. Le reste du set, il le passe avec un sourire radieux sur le visage, et fait enfin preuve de l’assurance digne d’un vrai frontman. Franchement, c’est plus la Valley ici, c’est la Warzone ! Il n’y a que Red Fang pour rendre les stoners aussi hystériques. Pour ne rien arranger, le groupe nous joue sa compo la plus récente, le très Mastodonien « Crows In Swine« , ainsi que deux nouveaux morceaux à tendance plus punk (dans la veine de « Wings Of Fang »). « Voulez-vous un petit déjeuner au lit ? » nous proposent Aaron et Bryan. Non seulement leur français sonne désormais impeccable, mais ils ont aussi bien travaillé leur jeu de scène (auparavant inexistant). Magie lorsque que basse et guitares viennent bourriner les dernières notes du set sur le renforcement en devant de scène. Red Fang ou les « average dudes » qui n’ont cesse de retourner les foules. Clairement le concert le plus déjanté du week-end sous la Valley. (Setlist)
Bling Bling Never Dies : KISS
Aveux. Si on ne m’avait pas bassinée avec « les shows mortels de KISS » pendant un mois, je serais en train de mater NOFX, Manilla Road ou Candlemass sur l’Altar à l’heure qu’il est. Mais on m’a GARANTI que je le regretterai si je ne voyais pas au moins UNE FOIS Kiss en concert. Donc me voilà sur la plaine saturée de peuple des Mainstages en ce samedi soir du Hellfest, un vent humide me glaçant les os… Qu’est-ce qu’il faut pas endurer pour dire « j’y étais », d’autant plus que je ne suis absolument pas fan du groupe ! Soyons objectifs : Kiss nous offre ce soir le show le plus rocambolesque de tout le Hellfest 2013. Entre les lights sublimes, les projections vidéos hallucinantes, et le jeu de scène très show-off, on en prend pour nos yeux et notre argent. Ce soir, ce ne sont plus seulement les « trve métalleux » qui arpentent la plaine, mais des familles tout entières. Les pyros font rage, Paul Stanley survole la foule en nacelle pour venir jouer au dessus du public, près de la régie… Show-off, je vous dis ! Et tandis que les fans s’extasient, je commence à trouver le temps long (le froid y étant pour beaucoup) : lorsqu’à plusieurs reprises, je crois le concert fini, le groupe revient à la charge pour deux nouveaux morceaux, voire plus. 1h30 de hard rock bling bling hors taxes, les Américains ne se moquent vraiment pas de leur public. (Setlist)
Back to school : KORN
Aaaaaaah, enfin il est l’heure de KORN. Je suis d’autant plus impatiente que j’ai souvent eu des échos négatifs concernant les concerts du groupe. Personnellement, je ne sais pas du tout à quoi m’attendre : vont-ils privilégier leur délire électro-dubstep ? Savent-ils encore foutre la patate aux Korneux, comme dans les 90’s ? Jonathan Davis est-il devenu fou ? Non, Davis n’est pas fou, et il a même perdu 10 kilos. Et quelle forme, QUELLE FORME ! JD arbore une tenue noire très sobre (contrairement à ses collègues sur-fringués et maquillés), car ce soir, il n’a pas besoin d’artifices : il assure purement et simplement, le bougre. La mise en scène reste simple et efficace car finalement, toute la tension repose sur les interludes ambiant et les bruitages venus d’ailleurs (comme cette talkbox qu’utilise Munky). C’est en me prenant des classiques comme « Falling Away From You » ou « Blind » dans la face, que je (re) réalise à quel point les rythmiques du groupe sonnent comme de purs beats hip hop. Les morceaux sont exécutés sans aucune faille et le son du groupe est phénoménalement bon, de quoi réveiller l’instinct adolescent qui sommeille en chacun de nous. Korn is back, bitches. C’est le moment de se lâcher. Ce concert puissant de Korn est la consolation pour avoir passé une heure et demie dans le froid devant Kiss. Ça sent la cour de récré du lycée, ça sent le shit un peu partout dans la fosse. Retour au bon vieux temps, headbang violent exigé. Ce soir et contre toute attente, on vient de se prendre une dérouillée by Korn. Tiens, c’est cadeau. (Setlist)
REPORTS DU PREMIER ET DERNIER JOUR
Last modified: 13 novembre 2013