HELLFEST 2013 Le report complet : Jour 1

Written by Live

Hellyeah Hellfest 2013 (1)

Grande première pour The Heavy Chronicles, ce cru 2013 du HELLFEST nous a amené du grand, du gros, du lourd, du gras : bref, du métal et du rock en exponentiel. Compte-rendu oblige, nous avons essayé de couvrir un panel varié de concerts (on est pas dans festival métal le plus éclectique d’Europe pour rien !). Mais on ne se refait pas, et c’est « dans la Vallée » qu’on a passé le plus clair de notre temps. Et ce premier jour sous la tente de la Valley s’est avêré être le plus sombre et chargé en décibels du week-end. Immersion dans le festival de l’enfer avec 7 Weeks, Bison, Black Cobra, Pallbearer, Hellyeah, Black Pyramid, Sleep, Neurosis et une poignée d’autres. (PHOTOS : Gaël Mathieu)

Le camping du Hellfest, son immensitė digne du Mordor, ses vikings torses nus, ses zombies, ses apėros en continu, Winnie L’Ourson déambulant à l’aveuglette dans l’obscurité de la nuit… Quelle idėe m’a pris de vouloir dormir, sėrieusement ? C’est donc le cerveau totalement embrumė après trois prėcieuses heures de sommeil que je me rends sur le site (encore sec) du festival. Il est 10h30, et la populace est dėjà prėsente en masse sous la Valley.

The French awakening : 7 WEEKS

Ils avaient joué au Metal Corner l’annėe dernière, on les retrouve aujourd’hui sur la stage (agrandie) du Hellfest dėdiėe au stoner, sludge et autres fuzz psychės. Avec la classe qui le caractėrise, le groupe lance les hostilitės avec des claviers planants et des ambiances dignes de Hitchcock. Ce début de set est marqué par une proéminence de la basse, et une voix sous-mixée. Mais très vite, le groupe pousse les chevaux sous le capot, la tension riffique monte d’un cran, et le tir est ENFIN corrigé par l’ingé son. Splendides et plein d’ėnergie, les quatre limougeauds foncent dans le tas avec une assurance toute acquise. Dans la foule, un groupe agite une bannière pleine d’amour : « Allez 7 Weeks ». 7 WEEKS a durement gagné ses gallons en tournée, et aujourd’hui, je proclame haut et fort qu’ils méritent sans conteste leur place à l’affiche de ce Hellfest 2013. 30 minutes plus tard, le set se termine, bien trop tôt ma foi, ce qui mėrite un petit cafė. (Setlist)

En route pour repérer le point presse du festival, mes oreilles tombent sur un groupe de hard rock britannique du nom BLACK SPIDERS, qui m’a chaudement été recommandé par mes compagnons du Green Camp. Leur son est on ne peut plus cool, accrocheur, et le groupe offre au public matinal une performance relativement classique, mais hautement heavy. La voilà, la dose de caféine dont j’avais besoin !

Big brutal explosion : BISON

J’avais découvert ces gars-là dans le cadre de leur tournée européenne avec Black Cobra, et j’avais donc vraiment très hâte de voir BISON en live au Hellfest (lesquels remplacent High On Fire au pied levé). Et bien franchement : zéro déception. Cette fois encore, le son de la basse est tellement présent qu’il en couvre le son des autres instruments. Ce « léger » détail n’empêche pourtant pas le groupe canadien de tout défourailler sur son passage. Non seulement leur sludge archi brutal vous décrasse les oreilles pour les trois jours à venir, mais ces mecs sont de véritables bêtes de scène. Imaginez un instant un boxeur thaï en train de vous tabasser pendant votre sommeil : c’est exactement dans cette position que le public de la Valley se sent à l’heure actuelle, car il ne semble pas encore assez réveillé pour pouvoir supporter la furie de Bison. À la surprise générale, le groupe nous fait passer des canettes (ainsi que des protège-canettes trop cool !), après quoi le bassiste se met à fracasser sa basse sur le sol, puis en distribue les morceaux au public. Un mec dans la foule manque de se faire éborgner par le manche de l’instrument alors qu’un autre tente de le lui arracher des mains. Ça, c’est le genre de performance qui marque !

Une fois le dos tourné à la Valley, une douce mélodie m’attire vers l’Altar… Fureur lente et orgie d’overdrive : voici les doomeux finlandais HOODED MENACE. Aussi évident que cela puisse paraître, oui, ils portent des capuches, et oui, leur musique est menaçante. Du bon gros doom bien épais juste avant le déjeuner, mmmh… Ne me demandez pas pourquoi, mais c’est juste idéal. Je pense que je vais me pointer plus souvent sous l’Altar ! Après le dit déjeuner, je retourne à la Valley pour finalement découvrir  BLACK COBRA sur scène. Le duo de San Diego joue dix fois plus fort que ses collègues de Bison, qui sont quatre. Malheureusement, leur hardcore sludge et les cris sauvages de Jason Landrian ont tout de la bouillie sonore indigeste au possible, ce qui est très sûrement du au son de la Valley, ce qui me pousse d’ailleurs à la quitter pour de meilleurs auspices. À mon avis, Black Cobra est bien plus impactant en salle que sur des festivals en plein air. Mon nouveau choix se tourne vers EVOKEN, un groupe ricain signé chez Profound Lore Records (tout comme Bison). Leur doom atmosphérique me fait m’asseoir sur le sol humide de l’Altar, le temps de rentrer dans une courte phase méditative, et je repars vers les Mainstage pour aller voir l’un des premiers headliners de la journée : Hellyeah.

Redneck BBQ & thrashy sauce : HELLYEAH

Les remarques cinglantes ont fusé lorsque j’ai dit à mes potes que je voulais à tout prix aller voir le supergroupe US HELLYEAH au Hellfest. Mais aujourd’hui, je prends ma revanche sur les mauvaises langues et me délecte des expressions surpris de tous ceux qui voient la foule devenir dingue devant le groupe. En vrai entertainer, leur leader Chad Gray (qui est passé du look de cowboy à celui de punk accro à l’eyeliner) est une putain de boule d’énergie qui court partout sur scène et communique avec son public. Hellyeah nous la joue à l’américaine, et sert des hymnes heavy métal bien groovy, qui feraient fureur en stade. Lorsque le chanteur nous demande de crier avec lui et que l’on ne répond pas assez à ses attentes, ils nous toise en disant « bullshit ! ». Après nous avoir gueulé « bullshit » pour la dixième fois, je commence à me demander ce qu’il attend vraiment de nous, parce que bon, le public est quand même sacrément réactif ! Comme à son habitude, le groupe paie son hommage à Dimebag Darrell, tandis que Vinnie Paul jète quelques baguettes dans la fosse, histoire de se mettre les fans dans la popoche. Pour ne rien gâcher, les premiers rayons de soleil de la journée font leur apparition. Texas forever. (Setlist)

Tandis qu’Europe commence son set sur la Mainstage 1, je tombe nez-à-nez sur les gars de Bison. J’attendais leur coup de fil pour fixer le lieu et l’heure de notre interview, mais le réseau téléphonique étant ce qu’il est pendant le Hellfest… Le hasard a donc très bien fait les choses, et c’est joyeusement et sous le soleil exactement que nous nous en allons au coin presse. James, l’un des deux chanteurs, me précise tout de même qu’il aimerait bien avoir fini à temps pour voir « The Final Countdown« . Raté : l’hymne résonne sur le site alors que nous sommes en pleine discussion sur la scène stoner française. Ce qui est fait est fait, nous décidons de rester traîner dans l’herbe un peu plus longtemps, parce qu’on est quand même franchement bien, là. 100% crème, les Bisons.

And my heartbeat stopped… : PALLBEARER

Voici maintenant le deuxième nom de ma liste des groupes à ne rater sous aucun prétexte : PALLBEARER. Si vous ne les connaissez pas encore, je vous conseille de vous enfiler immédiatement leur magnifique EP « Sorrow & Extinction« . Je suis encore au coin presse lorsque j’entends les premières notes de « Devoid Of Redemption » (eh oui, malgré sa position opposée sur le site, on peut entendre la Valley depuis ici), je décide donc de me taper un sprint majeur à travers la foule pour rejoindre la tente. Heureusement pour moi, ce morceau fait sept minutes. Et que vois-je une fois à destination ? Un groupe en pleine session de headbang, en train de monter un véritable mur du son de mélodie doom. Leur métal majestueux nous transporte, tandis que le chant haut perché de Brett Campbell nous propulse direct dans la stratosphère, sa performance étant de loin la plus juste et émouvante que j’ai pu entendre jusqu’à présent (merci Youtube). Ses solos de guitare sublimes me mettent littéralement les larmes aux yeux sur « Foreigner »… Pallbearer tiennent tellement bien leur promesses que je suis sur un petit nuage, non en fait, je suis à ramasser à la petite cuillère après leur performance. Pour info, le public les acclame encore alors qu’ils sont en train de plier leur matos sur scène.

J’aurais beaucoupé aimé aller voir TERROR à la Warzone, mais comme je n’arrive pas à trouver la scène en question (même avec le plan du festival), je prends une pause et en profite pour me balader sur le site et profiter des installations du fest, ses divers bars, son Extrem Market, et ses sculptures métalliques de fou… Le Hellfest 2013, c’est un peu le Disneyland du métalleux, le divertissement est partout ! D’un oeil distrait, je regarde le show de TWISTED SISTER, qui somment le carré PMR de se lever (le carré PMR étant la zone réservée aux handicapés). Bien joué, les gars…

Endless trip under acid : BLACK PYRAMID

Je dois admettre un truc : j’ai entendu beaucoup de bien à propos de BLACK PYRAMID, j’ai écouté leur dernier album « Adversarial », je l’ai adoré, mais je ne suis pas allé bien plus loin dans ma découverte du groupe. Je pense qu’il me fallait passer par le live pour vraiment kiffer ce groupe. Il est 20h, et le fameux trio « psychedelic war metal » (comme ils aiment se qualifier) débarque sur scène. Les morceaux sont assez longs dans l’ensemble, mais les riffs et atmosphères sont tellement variés qu’on s’ennuie difficilement. Comme pour les précédents concerts à la Valley, les basses soufflent à bloc dans les enceintes… sauf que cette fois, ça n’a rien de dérangeant. C’est comme ça que ça doit sonner, parce que la musique de Black Pyramid est gonflée au groove. Et même si les zikos sont très statiques, la foule headbangue comme pas deux. La palette musicale de Black Pyramid est vaste, mais « stoner » reste bel et bien l’appellation qui colle le mieux à leur délire. Ça ne sent pas que l’herbe humide sous la tente, si vous voyez ce que je veux dire… Pour apprécier le tout, rien ne vaut de fermer les yeux et de faire le balancier de gauche à droite. Un trip sous acide, sans acide. Le groupe étant déjà bien réputé au sein de la communauté doom et stoner, les acclamations font rage du début à la fin du set. Et pour ma part, il s’agit d’un énorme coup de coeur live. (Setlist)

Une fois de plus aujourd’hui, il me faut bien cinq bonnes minutes pour me remettre des mes émotions. Pour m’y aider, un tour aux stands bouffe du festival et une bonne grosse barquette de frites maison font largement l’affaire. Je prends le temps de m’asseoir quelques minutes sur le sol boueux du Kingdom Of Muscadet histoire de prendre quelques notes pour le report, quand un festivalier suisse s’arrête et me demande si « vous faites un recensement pour l’INSEE ? Vous avez de très jolis yeux ». Merci ami helvète, mais je fais juste partie de ces gens qui utilisent encore un papier et un stylo en 2013 ! Un arrêt sous la tente Altar plus tard pour voir les death métalleux de CEREMONIAL OATH invoquer les forces obscures du doom, et je retourne à la Valley pour admirer les légendes du stoner, j’ai nommé SLEEP. Sauf que l’effet procuré par leur set est loin d’être celui que j’attendais : malgré le fait que j’apprécie vraiment leurs albums, là de suite, les solos à rallonge de Matt Pike ont plus tendance à me faire piquer du nez qu’autre chose. On passera pour cette fois, navrée pour les fans ! (Setlist)

Experience the therapy : NEUROSIS

C’est l’heure du grand final de cette première journée… En tant que « NEUROSIS rookie », je n’ai que très peu de connaissances à propos du groupe mythique d’Oakland. Forcément, je sais qu’ils sont parmi les groupes les plus heavy de l’histoire du heavy, et mater leurs lives sur Youtube ainsi que lire des articles dans la presse m’a permis de comprendre à quel point ils ont pu jouer un rôle clé dans le métal contemporain. Et pour avoir croisé Scott Kelly et Steve Von Till un peu plus tôt au carré presse, je peux vous dire qu’ils ne blaguent pas. Il est minuit et je ne sens presque plus mes jambes ni ma colonne vertébrale. Génial. Lorsque les cinq bonhommes arrivent sur scène, l’ambiance se charge en électricité aussi sec. Ces sorciers du son ont contribué à la création de pas mal de sous-genres du métal, ce qui rend leur musique plus ou moins inclassable. C’est alors qu’un terme vient dans mon esprit engourdi : « violence poétique ». Je suis tout simplement en train de vivre une expérience live hors-du-commun, je suis frappée par la foudre, comme sous les effets d’un sort vaudou. Les gens autour de moi semblent eux aussi être dans une bulle, chacun se laissant aller à quelques légers mouvements sur les rythmes prodigués par Jason Roeder. La musique de Neurosis inspire tout simplement le respect. Personne ne gueule, personne ne tient son iPhone en l’air pour filmer ou prendre des photos : les gens écoutent, ils absorbent le son, ils VIVENT l’instant. Mon dos me fait de plus en plus mal, mais je ne veux pas, je ne peux pas partir maintenant. Neurosis vient de me clouer au sol, et chaque vague d’infra-basses sonne comme une bénédiction. C’est alors que l’obscurité tombe sur la Valley… (Setlist)

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Last modified: 29 mars 2014