Il n’a jamais été aussi difficile de reprendre un semblant de vie normale qu’après le DESERTFEST de Londres. Pendant trois jours, la communauté stoner, doom et psyché a prit d’assaut Camden, le quartier le plus vibrant de Londres pour célébrer la musique, la vie, le fun. Notre paradis à nous ? L’Underworld, le Black Heart, l’Electric Ballroom et le Jazz Café. Quatre salles, des dizaines de groupes chaque jour, la crème du gros son, l’ambiance la plus cool au monde. Je vais vous faire un compte-rendu journalier de ce qui est pour moi, le meilleur week-end musical de tous les temps. Personne ne me contredira… Enfin, jusqu’à l’année prochaine. On démarre donc avec les performances de BLACK MOTH, MARS RED SKY, ADMIRAL SIR CLOUDLESLEY SHOVEL, YAWNING MAN, HEXVESSEL et KADAVAR. (Photos : Gael Mathieu)
VENDREDI 26 AVRIL 2013. 15 ans que je n’avais pas mis les pieds à Londres, mais cette année, hors de question de rater le Desertfest. Je m’y suis donc pris hyper tôt pour booker tout ça, et nous voilà enfin au pub le World’s End à Camden, à récupérer nos bracelets pour les 3 jours. Et qui aurait cru qu’à peine arrivés, on allait être plongés dedans direct, en tombant nez à nez avec Bruno Fevery, venu pour le week-end voir ses potes d’Unida ? C’est ça la magie du Desertfest : à chaque coin de rue, tu peux croiser des zikos incroyables et te faire des potes tout aussi incroyables. Une fois le quartier quadrillé avec mon collègue chargé de la photo Gael, nous pouvons enfin plonger dans les ténèbres de l’Underwooooorld…
The young and the fearless : BLACK MOTH (site web)
C’est marrant, j’ai comme l’impression de connaître Black Moth depuis toujours, alors que je n’ai jamais entendu une seule seconde de leur musique. Il faut des couilles pour ouvrir le week-end à l’Underworld, et c’est avec les tympans bien propres et une pointe d’indulgence que nous les écoutons. À l’heure où j’écris ces mots, j’ai un souvenir assez approximatif de la musique que jouait Black Moth, car j’ai surtout été frappée par la présence d’une meuf dans le lineup. Harriet Bevan, ses cheveux de jais, son sourire mutin et sa bonne humeur communicative sont pour moi le highlight de cette prestation, somme toute vraiment heavy. J’ai trouvé cette mise en bouche du week-end si rafraîchissante que j’en ai oublié d’analyser la prestation. Je m’appuierai donc sur le souvenir que le public n’a pas tari d’applaudissements pour dire que ouais, c’était chouette.
Burning suns and acid trips : MARS RED SKY (site web)
J’en profite d’être toujours à l’Underworld pour assister au set de mes collègues bordelais Mars Red Sky. À noter que cette 2ème édition du Desertfest a fait venir non pas un, mais trois groupes français : Mars Red Sky, Glowsun et Abrahma. Dans le milieu stoner, ils font parti de ces « fiertés nationales » qui jouent dans les fests les plus cool et qui font honneur au « bon côté » de la musique frenchy. Ce show de trois quarts d’heure met à l’honneur une setlist festival avec des classiques du premier LP, et les morceaux les plus catchy de leur dernier EP « Be My Guide ». Le groupe bénéficie d’un son remarquablement puissant, et puis je remarque beaucoup de sourires échangés entre les gars, ce qui est très bon signe. Seul point négatif, une certaine faiblesse dans le chant de Julien (je suis pile à côté de son retour, pas non plus l’idée la plus brillante du siècle…). L’effet qui donne ce côté habituellement « trippy » est absent, ce qui rend sa prestation vocale trop abrupte à mon goût. On ne va pas trop cracher dans la soupe, parce qu’à côté de ça, ses solos sont juste parfaits. Il semblerait que le public de l’Underworld connaisse bien le groupe, puisque dès les premières notes de « Strong Reflection », les « aaaaaahhhh ! » « yeaaaahhh ! » fusent dans tous les sens. Pour ma part, c’est leur morceau à deux voix qui me fait plaisir, et je trouve d’ailleurs qu’ils devraient plus développer ce duo vocal à l’avenir. Encore un thumbs up aux copaings pour la jolie performance.
Live it the old school way : THE ADMIRAL SIR CLOUDESLEY SHOVELL (Facebook)
J’ai tellement entendu parler de ce groupe depuis que j’ai mis les pieds à Londres, que tant pis : je fais l’impasse sur Yawning Sons et file au Jazz Café de l’autre côté du carrefour de Camden pour découvrir cette soi-disant huitième merveille du rock (signée chez Rise Above). Au moment où j’arrive sur place, le groupe est déjà en piste. Avec un nom pareil, on s’attend forcément à quelque chose d’extravagant, mais la réalité est bien plus cool que ça. Sur scène, trois vieux briscards qui ont l’air tout droit sortis de la NWOBHM. Et il n’en ont pas que le style, ils en ont le SON ! Leur heavy metal so 70’s envoie du lourd, et le message est clair : on a beau avoir la cinquantaine, on a encore de l’énergie à revendre… Les ptits jeunes ? Pas prêts de nous arrêter. Avec les riffs acérés du chanteur (au faux air de Tony Iommi, soit dit en passant) sur sa Flying V, le grooooooooove avec un grand G du bassiste (quant à lui parfait mix d’Austin Powers et Garth Algar) et de leur batteur intrépide, The Admiral Sir Cloudesley Shovell nous offrent une performance à la fois super fun et viscérale, un trip aux origines du heavy metal, un témoignage authentique. Status Quo, Motörhead, le fun et l’espièglerie en plus. Cool découverte !
The Riff : YAWNING MAN (site web)
Un coup d’oeil à mon portable et je vois un message « Yawning Man commence » de mon collègue Gaël. Il est temps d’abandonner le vaste Jazz Café et de courir jusqu’à l’Underworld pour admirer le légendaire trio de Palm Springs. À peine dépassé le bar, je constate que la salle est archi comble. Pas la peine d’insister : de mon 1m57 je ne verrai rien. Je me cale dans un coin près du bar, histoire de prendre quelques notes sur les shows précédents, tout en me délectant des effusions désertiques et planantes qui se répandent dans la salle. Tout le monde est scotché, il se passe quelque chose de fantastique à n’en pas douter. Yawning Man c’est le rock de l’épicure, le stoner pour le salut de l’âme. Sans rien voir du concert, je suis emportée dans un desert trip de toute beauté, et je me dis que j’aimerais rester là pour le restant de mes jours… Pourtant c’est loin d’être possible, car il me faut désormais à nouveau courir au Jazz Café (c’est la journée navette) pour choper une bonne place pour Kadavar. Ça été le gros dilemme de ce vendredi : Fatso Jetson, Kadavar ou Steak ? Je suis bien trop accro à Kadavar pour être objective, mon choix est donc fait.
Peace, love and leprechauns : HEXVESSEL (Tumblr)
Je cours sûrement très vite, puisque j’arrive au Jazz Café à la moitié du set d’un mystérieux groupe. Hexvessel… L’ambiance est complètement hors du temps, la musique de ce groupe n’a rien à voir avec tout ce que j’ai pu écouter jusqu’à présent au festival. Je suis à la fois hypnotisée par la présence du chanteur/guitariste Mat McNerney, et à la fois fascinée par l’expression paisible sur le visage de chacun des zikos. Chose marrante quand on m’a demandé après coup quel type de musique faisait Hexvessel, j’ai répondu « des chants mystiques sur une musique de la forêt ». Coïncidence, le groupe qui se définit lui-même comme « psychedelic forest folk », use sûrement de magie blanche pour pénétrer les esprits et faire danser la plupart des gens autour de moi comme des marionnettes vaudoues. En tout cas, l’ambiance est posée. Chaque musicien a l’air dans son monde, et pourtant on les sent étrangement connectés les uns aux autres, tous emportés par la voix claire de leur frontman à l’aura magnétique. Plus en observation qu’en trip total, je les admire à l’oeuvre sur leur gratte, basse, violoncelle, synthé… Une expérience hors du commun que ce concert de Hexvessel au Desertfest !
Don’t stop til they’ll get enough : KADAVAR (Facebook)
Arrivés complètement à la bourre au Jazz Café, les allemands se jettent sur scène pour faire leur line check. Le set commence avec 10-15 minutes de retard, mais qui s’en soucie ? Le démarrage en est encore plus intense ! Pour mon plaisir et celui des fans (et des pas-encore-fans-mais-plus-pour-longtemps), le groupe se lâche et envoie autant de morceaux du nouvel album « Abra Kadavar » que de hits de du premier skeud. Plus enflammés et confiants qu’au Stone Rising Fest le 13 avril, le trio impose ses nouvelles compos avec tant de conviction que… tout le monde adhère. Comme toujours, Tiger est déchaîné derrière les fûts et, incroyable, on le surprend même à sourire à plusieurs reprises ! Wolf a le feu sacré et hurle tous poumons dehors, tout en martelant violemment sa sublime Gibson SG Custom blanche. Quant au nouveau bassiste et sveltissime Simon, eh bien il a clairement pris ses marques au sein du groupe, et livre un jeu aussi endiablé que ses deux blondinets de copains. Plus le set avance, plus ça headbangue joyeusement dans la fosse… C’est alors que le groupe balance son dernier morceau (« Goddess Of Dawn » il me semble), et que nous voyons apparaître l’un des orgas du festival derrière la batterie, faisant de grands gestes pour que le groupe arrête de jouer. Je suis sûre à 200% que Tiger le voit du coin de l’oeil, mais il l’ignore et continue de taper de plus belle. L’orga reste un moment derrière le groupe, l’air mécontent, et se montre de plus en plus insistant mais rien n’y fait : KADAVAR ne quittera pas la scène sans avoir fini son set (surtout qu’ils avaient commencé à la bourre). Et nous, hystériques et morts de rire, profitons de plus belle de ces dernières minutes de pur gros rock. Le groupe lâche tout et quitte alors la scène, sous les cris et les applaudissements. Un putain de leçon de rock délivrée avec les tripes, voilà ce qu’on vient de voir.
Pas le temps d’aller voir la fin du set de Steak au Black Heart, car nous devons tirer le portrait du groupe dans les ruelles de Camden. Ceci dit, on va tout de même finir là-bas, car c’est là que l’after a lieu. Malgré une fatigue et un mal de dos abusés, on en profite en se disant que c’est le moment où jamais de lâcher la pression. Et entre le set classic metal du mec de Metal Hammer à l’étage et la playlist 100% tueries stoner de Kipp de Steak en bas, on ne réfléchit pas 5 secondes. Fin de l’after party, on va se coucher les jambes lourdes et l’esprit léger (merci à la bière du Black Heart). Suite du DESERTFEST 2013 demain avec du lourd…
COMPTES-RENDUS DES SAMEDI ET DIMANCHE
Last modified: 13 novembre 2013