Le KRISTONFEST à Bilbao. Autant dire que tout fan de la scène sludge de NOLA attendait ce festival avec la plus grande impatience… Comment vous expliquer en deux mots le délire ? Hmmm le Kristonfest a pour ambition de faire jouer sur la même scène et le même soir 3 groupes légendaires du Sud des States, tous liés les uns aux autres : DOWN, Corrosion Of Conformity, et Eyehategod. Avec en bonus, la venue d’un groupe de doom psyché Japonais très réputé : Church Of Misery. Le rêve quoi.
Bilbao, 18 juin 2011. Habituée des queues interminables aux festivals, je suis hyper surprise de voir qu’à 1h30 de l’ouverture des portes du Santana27, gros club et bar de banlieue, seulement quelques dizaines de personnes sont au rendez-vous. J’avais oublié que les Espagnols, du moins les Basques, ne sont pas des gens pressés. L’heure c’est jamais l’heure, en gros.
Ouverture des portes vers 19h30, entrée illico dans la salle et squattage des meilleures places à la barrière. Il faut savoir que le SANTANA27 est une salle de concert mais aussi une double discothèque, et que deux bars se situent de chaque côté de la salle de concert où nous nous trouvons. C’est en allant rapidement faire un tour au stand merch que je tombe sur Mike Williams, chanteur d’EYEHATEGOD, avec qui je discute quelques secondes du Hellfest où ils ont joué le jour précedent, de la météo espagnole (froide en ce mois de juin) et du fait qu’il déchire. En bonne groupie que je suis, je lui demande gentiment de poser avec moi pour une photo souvenir, ce qu’il accepte avec la coolitude qui le caractérise. Puis c’est lors de ma mission commando au bar que je tombe nez-à-nez sur Kirk Windstein de DOWN, casse-croute à la main, à qui je tends vigoureusement la main et pose deux trois questions sur l’humeur du jour avant de prendre une photo en compagnie de l’homme que l’on surnomme «Beard Of Doom». Un mec adorable.
Ces rencontres excitantes n’auraient jamais eu lieu sur un festival de plein air, et c’est grâce à une salle de concert à taille humaine que les fans comme moi peuvent rencontrer à tout moment leur rocker préféré au coin du bar ou aillleurs. Point non négligeable…
CHURCH OF MISERY
Le show commence furieusement avec les Japonais de CHURCH OF MISERY. Les choses se passent comme tel : 4 mecs cheveux longs-pattes d’eph prennent d’assaut la scène et nous balancent en pleine figure un doom monstrueux plein de psychédélisme 70’s et de folie.
Entre la basse fuzzée qui part dans des solos de malade mental, le chanteur possédé complètement intenable (hop, une roulade arrière pour remonter sur scène après un ptit bain de foule… hop, un pied de micro cassé… hop, un ampli retourné), et le combo guitare-batterie démoniaque : on est pas loin de Sabbath pour l’esprit, pour dire que c’est du haut niveau.
Même un non-initié à ce genre de délire old school psyché ne peut que se laisser entraîner par la folie contagieuse de CHURCH OF MISERY. D’ailleurs le public est complètement conquis et c’est une ovation qui clôt le set des quatre fous furieux. Génial.
EYEHATEGOD
C’est un Jimmy Bower heureux qui monte installer son matos pour le set de EYEHATEGOD. Et c’est un Mike Williams une bouteille de liqueur à la main qui suit quelques minutes après. «We’re Eyehategod, we’re from New-Orleans», c’est donc du pur NOLA sludge bien crade et alcoolisé que nous sert le groupe, qui est remonté à bloc. La sueur est au rendez-vous et le public hors de contrôle.
Je remarque très rapidement que Phil Anselmo est accroupi en bord de scène pour assister avec un engouement démonstratif à la performance de ses super potes, lèvant le poing en l’air, kiffant à mort, à deux doigts de bondir les rejoindre… Et c’est lorsque les 1ères notes de «Sisterfucker» retentissent, que Phil se lève et emprunte la gratte de Brian Patton pour jouer avec conviction pendant que les quatre autres zikos se déchaînent. Pas la peine de vous dire que la foule entière devient hystérique, et que le morceau qui est déjà excellent prend encore plus d’ampleur.
Les présentations des musiciens par le charismatique Mike faites, un dernier morceau s’en suit puis le groupe nous quitte. Un rouleau compresseur sudiste vient de nous passer dessus, et on est qu’à la moitié du concert…
CORROSION OF CONFORMITY
Quelques dizaines de minutes plus tard, on voit Mike Dean monter sur scène et installer son matos, rapidement suivi de Woody Weatherman et Reed Mullin, qui est archi souriant. Le show commence avec « Animosity », puis se poursuit à toute berzingue avec un morceau thrash/punk, puis un autre, puis un autre… Je précise que j’adore CORROSION OF CONFORMITY, mais je suis particulièrement fan de la période heavy où Pepper Keenan jouait et chantait dans le groupe. Pas que je n’aime pas la voix de Mike Dean, bassiste de son état, mais c’est vite redondant (et disons que c’est pas non plus la panacée, niveau charisme). Ceci dit ça n’empêche pas Pat Bruders (le nouveau bassiste de Down) d’assister au show depuis le côté de la scène, vite rejoint par les autres membres de DOWN, et plus spécialement Pepper Keenan qui reste à observer avec bienveillance ses ex-collègues.
Je sens que quelque chose se trame en coulisse, voyant Pepper et Phil vivement discuter. C’est alors que Pepper disparaît des coulisses pour arriver en courant sur scène et nous gratifier de sa voix chaude et de ses hurlements salvateurs sur un morceau époque «Animosity» du groupe, «Holier» il me semble. Mais que vois-je à ma gauche ? Phil a lui aussi pris d’assaut le mic de Woodroe, c’est qu’ils sont intenables ces mecs !
Le feu sacré s’empare enfin de la scène et du public, c’est incroyable ce qui se passe là : on aurait jamais espéré mieux qu’un jam de Pepper et C.O.C ensemble, comme au bon vieux temps ! Il repart en courant, puis ré-apparaît avec sa guitare, de nouveau la foule pousse des cris hystériques, et ils nous balancent un superbe et hautement énergique «Senor Limpio» suivi d’un «Vote With A Bullet» du meilleur effet. Le temps s’est arrêté, back in the days lorsque Pepper, Woody, et Mike déchiraient tout avec les sons de «Deliverance» et «Wiseblood»… Un grand moment heavy sudiste qui fait du bien dans cet setlist un peu trop thrash à mon goût. «C.O.C !!! C.O.C !!!» scande la foule complètement conquise !
DOWN
L’étau se resserre et la foule avec, pendant que les roadies barbus de DOWN préparent la scène. Je vois Pepper très longuement taper la discut’ avec Woodroe en coulisses, puis sortir subitement pour répondre au sollicitations d’une fan et se prendre en photo avec elle. Des vigiles viennent se poster devant nous, le moment approche… Enfin, les membres du groupe montent sur scène, Jimmy le premier. Ovation. «Lysergik Funeral Procession» démarre. Il fait très chaud d’un coup, pas de crescendo avec DOWN : les cinq bros de NOLA donnent tout de la première à la dernière seconde.
C’est ainsi que les morceaux s’enchaînent : avec vigueur, sueur (beaucoup de sueur), et surtout LE SOURIRE. La complicité entre les gars est partie intégrante du show, il faut les voir faire les cons, se lancer des sourires complices, Phil bizuter Kirk tout au long du show, Pepper se marrer lors des interventions uniques en leur genre de Phil… Il va même souhaiter son anniversaire à une fille du public, en remplaçant son prénom par un erzatz de mot espagnol inaudible mais qui va faire hurler de rire tout le monde (y compris tous les roadies et la femme de Phil qui assistent au show depuis les coulisses). Ils arpentent la scène de long en large, passant la majorité de leur temps à jouer au bord des amplis, pour notre plus grand bonheur. Le remplaçant de Rex Brown, Pat Bruders, est un monstre à la basse, il reste assez en retrait par rapport aux autres, mais il n’en est pas moins excellent et plus qu’impressionnant lorsqu’il joue devant nous et POUR nous. Phil va d’ailleurs le présenter aux demoiselles comme étant un coeur à prendre, et Pat va nous offrir un début de strip-tease pour l’occasion !
Malgré les 10 morceaux initialement prévus, DOWN (et surtout Phil Anselmo) ne peut s’empêcher de squatter la scène le plus longtemps possible, entre des discours hilarants et les divers items que les fans leur lancent sur scène, il y a toujours matière à parler ou jammer. Un t-shirt Pantera ? Et hop un jam avec le public sur «Walk» ! Un ohéohé de la foule ? Et hop un jam de 3 minutes à la sauce Kirk & Pepper sur ces quelques notes. Pepper attrape un t-shirt à l’effigie de Kirk Windstein «Barba Del Doom» et c’est reparti ils font les cons sur scène. Voilà : DOWN c’est 5 frères de longue date totalement en osmose qui se font plaisir comme c’est pas permis, et qui partagent la moindre seconde avec leur audience. Ce soir au Santana27 on est un bon millier, mais on est comme à la maison, on est les invités de DOWN et ils nous font 1000% honneur.
L’heure des rappels et du puissant «Bury Me In Smoke» : à la moitié du morceau, les membres de C.O.C et Eyehategod rejoignent DOWN sur scène et jouent à la place des gars. Fun, grandes embrassades, trinquages, headbang, chaleur !!! Le concert de plus de deux heures de DOWN se termine sur une distribution intensive de médiators et autres bonheurs, et lorsque Jimmy se retrouve à court de baguettes, il va même arpenter la scène et les coulisses pour trouver tout et n’importe quoi à donner aux carnivores que nous sommes. Les membres prennent aussi le temps de venir serrer la pince à toute la barrière, ce qui fait chaud au coeur.
SETLIST
Lysergik Funeral Procession The Path Losing All Lifer N.O.D. New Orleans is a Dying Whore Ghosts Along the Mississippi Eyes of the South Hail the Leaf
Encore: Walk (Pantera cover) Bury Me in Smoke (w/ members of EHG & C.O.C.)
Voilà un énorme festival indoor qui se termine, comme quoi il n’y a pas besoin de faire venir des dizaines de groupes à la mode pour faire vibrer une salle. Pour cela, réunissez juste quatre groupes hyper talentueux et patrons dans leur genre, de préférence tous potes de longue date, et vous obtiendrez un show mémorable qui vous aura fait sourire en grand et foutu le frisson pendant des heures. A noter que j’aurais la chance de rencontrer à nouveau Kirk Windstein au bar, lequel me reconnaitra et me gratifiera d’un énorme bisou barbu et d’un gros calin alors que je venais le féliciter pour le show. Puis s’en suivra une discussion chaleureuse avec Pat Bruders qui je le répète, a sans conteste sa place au sein de Down.
Merci à Gorka et Noise On Tour pour le pass photo, et pour cet immense moment de musique. Kristonfest à jamais gravé dans nos mémoires…
Last modified: 17 novembre 2013