HÅNDGEMENG (re)met le feu aux poudres avec « Satanic Panic Attack ».

Written by Chronique

Un rade comme il en existe plein, d’une ville parmi tant d’autres. Une cave bas de plafond. Quelques passionnés bravant le froid hivernal. 1493 kilomètres en van qui les séparent de Drøbak, Norvège, leur ville natale. Qu’importe les bornes, la fatigue, les conditions sommaires, ils jouent comme si c’était leur dernier live. Un ticket d’entrée ? Mets ce que tu veux, rien à foutre. Achète-toi une bière, achète-nous une bière et prends ton putain de pied.

Leur rock sent la sueur et leur vie, sur un potard de 1 à 10, ils la poussent à 11. Toujours dans le rouge. Pour exister. Se sentir vivant. Pas du genre à regarder leurs godasses ou à paraître déprimés. Ces mecs te fixent dans le blanc des yeux pour te donner tout ce qu’ils ont dans leurs tripes. Oui, c’est ça le rock. Et il est encore debout grâce à des types comme ça. Grâce à des orgas qui croient encore à cette énergie et la font rugir des enceintes tant qu’ils peuvent. Lors de notre chronique de leur premier album on tentait de vous présenter la débauche sonore, peu révolutionnaire mais tellement jouissive, de cette bande de potes. On vous le (re)dit ici, c’est votre meilleur antidote à la morosité ambiante. Regressif à souhait et attitude zero fucks given. Voilà ce qu’est HÅNDGEMENG !

Réinventer la roue, pour quoi faire ? La roue, ils l’éclatent contre le mur ! Et avec panache ! La grandiloquence heavy dont ils font preuve transpire même de ce qui sera certainement la pochette la plus what the fuck de 2025. Avec un goût pour la provocation et l’autodérision, ces cinq gonzes se présentent totalement nus, arborant un corpse paint enlassés dans une étreinte collective. On hésite entre poilade et réelle tendresse. Un hommage à leur amitié et un rappel du concept exploré dans ce « Satanic Panic Attack ». Cet album aborde en effet la peur et l’hystérie dans les années 80 autour du heavy metal, ses supposés messages subliminaux et son imagerie liée au diable.

Et comme dans tout disque heavy qui se respecte, les Norvégiens font vivre un imaginaire cauchemardesque et post-apocalyptique, rempli de bécanes et de choppers, sans aucune nuance et subtilité, à la liste du kitsch. On nage en pleine pleine extravagance metal où les récits de ces hellriders sont griffonnés dans le sang et l’huile de vidange.

Tout ici peut paraitre excessif, à l’image de « Cauldron Born », avec sa voix d’outre tombe façon « rollercoaster de la mort » en ouverture, des harmonies vocales complètement hard rock, jusqu’aux giclées de guitares de « Supermoon ». Au final, cette overdose d’effets accentue le ton enjoué de l’album. Leur fameux doom’n roll. Oui, Kvelertak n’est pas très loin, mais leur excentricité heavy fait toute la différence. Moins punk que leurs compatriotes, ces démons soutiennent largement la comparaison. « Håndgemeng » pourrait se traduire par la bagarre, une bonne vieille rixe de bar. Donc si vous venez pour en prendre plein la gueule, vous allez être servis. Les riffs sont impitoyables. Pas seulement lourds mais mordants. Du genre à vous faire valdinguer dans le décor comme il faut. Eh oui, parce qu’en plus ça groove. Ça groove tellement fort que vous aurez l’impression de danser avec le Diable. Ecoutez donc « The Sundrinker » : c’est ce moment si particulier où le pit se transforme en un chaos total et, enivré par l’énergie de la foule, vous ne repreniez connaissance qu’à la fin de la chanson, votre pinte vide à la main et votre T-shirt goût sueur, trempé de bière bon marché.

Vous l’aurez compris, ce disque est un appel au live over the top, celui qui redonne au rock sa dimension fun et son outrance perdue. Imaginez seulement ce qui pourrait se passer si vous jouiez ce disque à l’envers !

ARTISTE : Håndgemeng
ALBUM : Satanic Panic Attack
DATE DE SORTIE : 11 avril 2025
LABEL : Ripple Music
GENRE : Doom’n’roll
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Last modified: 1 mai 2025