HIGH ON FIRE signe l’album-bulldozer qu’on attendait tous avec « Cometh The Storm ».

Written by Chronique

High On Fire fait partie des rares exemples de groupes unanimement salués par le public, les critiques, et même les plus grandes cérémonies de l’industrie musicale, et ce malgré une identité sonore qui aurait dû les restreindre à quelques caves poisseuses du sud-est américain. De par cette réussite, mais aussi la qualité, l’efficacité et l’authenticité de leur production musicale, il peut être intimidant de s’atteler à chroniquer leur dernier effort en date “Cometh The Storm”. Quelle analyse peut on apporter ? Comment ne pas tomber dans les superlatifs trop appuyés ou la critique trop désabusée ? Dans les quelques lignes qui suivent, j’ai essayé d’apporter mon ressenti succinct mais honnête sur ce nouvel opus qui, assurément, trustera les tops de fin d’année.

High On Fire est donc de retour après six longues années d’absence, le temps de digérer un grammy, de déterrer Sleep de son sommeil (j’assume la vanne) et de nous revenir avec un line-up rafraîchi par l’arrivée de Coady Willis (Big Business, The Melvins) derrière les fûts.

Je pourrais simplement vous dire que cet album maltraite vos tympans comme jamais, mais ça, on peut le dire de tous les albums d’High On Fire. Si on cherche à affiner le propos, ce qu’on constate ici c’est avant tout le retour à une production un poil plus rugueuse que sur “Electric Messiah”, si la voix reste très en avant, celle-ci semble plus rageuse, plus scandée que jamais. Pour imager mon propos, je dirais qu’on peut presque entendre les postillons que le filtre anti pop a dû recevoir dans la tronche pendant tout l’enregistrement. D’aucuns diront que Kurt Ballou a encore sévi et apporté au groupe exactement ce qu’il fallait pour servir ces titres, et ils auront raison.

Côté musique, on est en terrain connu, des gros riffs suintants qui, derrière leur brutalité, n’hésitent jamais à challenger les habitudes en sortant des accents et signatures rythmiques habituels. Pour la section rythmique, on sent une volonté un peu plus mélodique et léchée dans le jeu de Jeff Matz et une explosion primaire quasi mastodonienne (mais avec moins d’artifices) dans le jeu de Coady à la batterie. Il en ressort un sentiment de puissance écrasante qu’on n’avait pas ressenti sur les derniers efforts, lesquels se voulaient définitivement plus rock and roll.

La grande nouveauté, ce sont bien évidemment les incursions en terres perses avec l’utilisation d’instruments à cordes turques sur le pont de “Lambsbread” et, bien sûr, sur l’interlude “Karanlik Yol”. Passé l’exotisme de la proposition, la respiration qu’offre ces références à un Moyen-Orient quelque peu fantasmé et, avouons-le, assez cliché, s’avère assez efficace. Cela crée aussi du liant entre les rangées de parpaings envoyés tout du long de l’album. Un fil conducteur donc mais aussi une parenthèse bienvenue, bien que trop convenue. Il faut dire qu’on était prévenus : l’artwork signé Arik Roper nous accueillait déjà avec ce vaisseau pirate voguant entre les nuages, sur des teintes orangées… Comment ne pas y voir une allusion aux contes de Sinbad le marin et au safran?

Pour le reste, à vous de faire le tri entre les déferlantes de riffs qui s’abattent sur vous pendant près d’une heure. Personnellement, j’ai retenu le riff stoner metal entêtant de “Burning Down” : ce martèlement rythmique et cette fuzz prête à s’effondrer à tout moment en faisaient un single des plus logique. On retrouve une ambiance semblable sur le riff principal de “Tough Guy”.

Le titre éponyme nous propose des plans de tapping et un jeu à deux guitares qui lorgnerait presque vers du Gojira époque « Magma », tandis que le chant se fait plus mélodique. La lourdeur des refrains est une véritable délivrance, et d’une satisfaction rare.

“The Beating” se veut une encartade quasi punk hardcore, et renoue avec la filiation Motörhead amorcée par le groupe. C’est d’ailleurs là le solo que j’ai trouvé le plus efficace et marquant. “Lightning Beard” s’apparente à du thrash metal (mais de qualité). “Hunting Shadows” tente carrément l’aventure epic metal. Bon, à la sauce HoF ça reste sacrément puissant et porteur. Enfin, sur “Darker Fleece”, Matt Pike et sa bande nous offre,t un aspect plus noise et un final doom / sludge dissonant et lourd comme un ciel d’orage un soir d’été.

Comme toujours, High on Fire nous propose donc un album en apparence évident et facile à digérer, mais qui s’avère plus diversifié et pertinent au fil des écoutes. Encore et toujours au sommet de la chaîne alimentaire du sludge, le combo n’a pas fini de casser des nuques.

ARTISTE : High On Fire
ALBUM : Cometh The Storm
DATE DE SORTIE : 19 avril 2024
LABEL : MNRK Heavy
GENRE : Heavy metal / sludge / thrash
MORE : Bandcamp

Last modified: 19 juin 2024