Dire que ce quatrième album des suédois de Domkraft était attendu est un euphémisme. Après la claque que nous avait mis Seeds il y a pourtant à peine plus de deux ans, on en voulait encore plus. Alors ? T’en voulais, en v’là !
Et le trio de Stockholm ne nous déçoit pas, tant ce « Sonic Moons » est l’album le plus massif et réussi que j’ai écouté cette année. Si certains voient la répétition presque similaire des structures d’un morceau à l’autre comme un point négatif, pour moi il s’agit du point fort de cet album. Domkraft se sont construit un refuge sonore qui est un véhicule à la transe, générée par des rythmiques lourdes, entraînantes et au côté tribal indéniable. Nul besoin de substances psychotropes pour laisser partir son esprit aux confins d’un voyage intersidéral, laissez-vous emporter par leurs hymnes psychédéliques.
Ayant utilisé le split de 2022 avec Slomatics comme un laboratoire d’essais lysergiques, Domkraft ont alors bouffé du champignon hallucinogène comme Lemmy enfilait les Jack Coke pour aboutir à une formule qu’un seul et unique groupe avait réussi à produire jusqu’ici : Sleep.
Car l’association d’un chant complètement possédé à un matraquage de fûts façon forge de l’Enfer est la base des sept mantras qui composent « Sonic Moons ». Martin Wegeland est au sommet de son art vocal et, tel un chamane, répète ses incantations doomesques sans jamais ni ralentir ni retomber une seconde dans la zénitude. Non, le psychédélisme de Domkraft ne fait pas dans la légèreté enfumée. Domkraft fait dans le bulldozer volant, écrasant tout sur son passage, sans distinction de dimensions, réelle ou créée par l’esprit, et les riffs de Martin Widholm sont parfaitement exécutés pour s’imbriquer avec la basse de son chanteur. Cette puissance, Domkraft la doit à son marteleur Anders Dahlgren qui envoie une énergie colossale à travers sa frappe, qui reste pourtant d’un groove incroyable.
Non seulement chaque morceau représente une étape de ce voyage cosmique mais ils ont cette faculté à faire monter du tréfonds de nos trippes cette énergie primaire viscérale qui déclenche à chaque fois, à chaque écoute, cette envie irrépressible de s’envoyer en l’air, au propre comme au figuré.
Rarement un album du genre n’avait allié à ce point férocité, psychédélisme, headbanging et transe. « Sonic Moons » installe définitivement Domkraft en titans du Riff, incontestablement parmi ce qui se fait de meilleur aujourd’hui au rayon heavy fucking music.
Last modified: 4 décembre 2023