Mars Red Sky et Red Sun Atacama sous bannière française, Ecstatic Vision pour les US, soit une tranche de psyché américain entre deux tranches de psyché français : voilà un beau sandwich que nous offre 3C pour régaler la Maroquinerie ce vendredi.
Le soleil rouge de l’Atacama semble bien haut dans le ciel quand commence le set des (ex)-parisiens. Fouler la scène de la Maro est un accomplissement pour le trio et, pas fébriles pour deux sous, les voilà en possession de la scène pour défendre leur Darwin sorti en 2022. Du punk furieux succède aux blues langoureux, et on décèle encore mieux en live cette envie de varier les tempos, de jouer sur la dynamique, avec aussi quelques accents latins rappelant de loin The Mars Volta. Il manque peut-être encore quelques concerts pour que cette musique très pensée s’enchaîne avec plus de spontanéité mais nul doute que cela arrivera très vite et on a hâte de le vérifier.
Ecstatic Vision, c’est le tribute band qui anéantit l’idée même du tribute band. Et c’est tant mieux. Car leur hommage tout personnel aux Stooges de Fun House est toujours aussi vivant et incarné. Cette appropriation du son fuzz des 70’s exsude la passion. Même la reprise de TV Eye sonne toujours fraîche et pimpante. Car la vision extatique c’est évidemment l’état dans lequel on est pendant une bonne partie du set des gars de Philly, qui égraine ses transes rock avec une indéfectible ferveur qui nous donne envie que les morceaux ne s’arrêtent plus. Contrairement au set précédent, la musique d’Ecstatic Vision est simple et directe, chaque morceau a son tempo quasi invariable et la transe qui en résulte est galvanisée par les cris de l’imprécateur en chef au micro, à 180 km/h sur l’autoroute du rock n’ roll.
Place à Mars Red Sky et, mine de rien, avec leur bonhomie et leur air de ne pas y toucher, et bien ce sont quand même les patrons. C’est en tout cas ce que semble penser le public de ce soir, qui acclame le trio avec chaleur. À force de tournées, d’albums et d’autres tournées encore, le groupe a su gagner sa place dans le monde stoner-doom, bien au-delà même des cercles franco-français.
L’occasion faisant le larron, la sortie d’un nouvel EP chez Vicious Circle en duo avec Queen of the Meadow est l’occasion d’en proposer une version live et ça tombe bien puisque Helen est là ce soir pour partager la scène avec les garçons. L’occasion de rappeler les origines folk de Julien Pras qui rappelle encore une fois comment Mars Red Sky ont pu proposer au public habitué à moins de finesse cette voix unique hors des sonorités doom habituelles. Mais ici point tant de folk car cet EP ne manque pas de poid ni de gros son. Tout comme les nouveaux morceaux que le groupe a aussi emmené dans ses flycases pour régaler un public très enthousiaste.
Évidemment, personne ne boude son plaisir sur les tracks plus habituelles du combo. Les ardeurs de la fosse se transforment même en chant de manif avec un « on est là ! » du meilleur ton en cette période de luttes. Mais in fine, le dernier mot sera pour le groupe, via un Strong Reflection avec Helen de retour au chant, qui achève de faire de cette soirée une réussite. « On était là ! » et on y retournera.
Last modified: 12 mai 2023