Quoi de mieux après une longue journée de taff que de voir les patrons d’Elder sur scène ? Et bien voir aussi Pallbearer et Irist. Ça se passait le 11 octobre au Rex à Toulouse pour une énième date du marathon d’octobre de nos amis de Noiser.
Irist fait dans la violence, tout du moins en comparaison du reste de la prog du soir. Un métal lourd et moderne aux accents Sepulturiens ici ou là tout autant que des rares éléments plus doom ou sludge qui se baladent à droite à gauche. Par rares incartades, les sud américains tentent plus de douceur mélodique et ces pauses sont souvent bien senties et bien amenées. Un set rapidement emballé, presque un poil trop court. Il faut cela dit reconnaître que tout le monde est venu pour Pallbearer et surtout Elder.
Justement les quatre gaillards dépareillés de Pallbearer montent sur scène. Et là, dès les premières notes de “Foreigner” c’est du lourd, tant dans le mix que les morceaux. Ce doom moderne, nourri au post metal et au post hardcore nous nettoie allègrement les oreilles. Les nuques sont raides, les dents crispées mais très vite l’on comprend que sous cette lourdeur se cache un sens de l’harmonie particulièrement raffiné. Un set des plus homogène qui assommera le public un peu clairsemé ce soir. Mention spéciale pour “Riverbed” et ses relents 80’s du plus bel effet.
Alors que le set avance, la mélancolie est de plus en plus tangible. Chaque note se heurte à notre fébrile cage thoracique pour l’anéantissement total et ultime. Tiens, une intro à la Baroness pour “Lie of Survival”, de l’épique sur “The Ghost I Used To Be” et même du grandiose sur le final de “Given to the grave”. On sort de là marqués et pourtant prêt pour la tête d’affiche.
Elder sur scène c’est un peu le Spielberg du stoner européen. Ca maîtrise toutes les facettes de ce vaste sujet, c’est scénographiquement imparable, ça sait quand il faut nous envoyer planner sur une autre planète, quand il faut relancer dans la lourdeur, quand il vaut accélérer ou ralentir. Le son est aux petits oignons, tout est juste impeccable. On se délecte des déhanchés du bassiste Jack Donovan, on apprécie le jeu de guitare de Nick et Mike, et la batterie soutenue de Georg Edert.
Niveau setlist, c’est du classique avec le trio « Compendium », « In Procession », « Blind » pour lancer le concert — et auquel j’avais déjà eu droit au Desertfest Berlin. « Dead Roots Stirring », « Halcyon » et « Sanctuary », voilà. Une setlist efficace et assez attendue, mais avec des titres flirtant tous avec les dix minutes, difficile de proposer plus en 1h10 top chrono. Car oui, fait étonnant, Elder aura joué moins longtemps que Pallbearer. Pour autant, on ressort tous comblés car plus que les titres, c’est la maestria du groupe, son assurance acquise sur scène depuis 15 ans, sa capacité à passer de l’atmosphérique à des arrangements mélodiques complexes et quasi prog avant de nous matraquer de riffs dans la plus pure tradition stoner — le tout en s’autorisant des excursions dans le métal, le hard rock 70’s ou même du college rock ou du proto grunge — qui nous impressionne.
Pouvoir manier ces concepts sans perdre une seconde son identité et tout en proposant un set varié et cohérent, puissant et émouvant, divertissant et captivant, c’est LA prouesse que réussit désormais Elder à chaque sortie. Une des plus belles claques de l’année, entrevue pour ma part au Desertfest mais magnifiée ici par un son léché et une salle à taille humaine. Merci Elder, merci Pallbearer, merci Irist, merci Noiser, une soirée simplement inoubliable.
Last modified: 29 octobre 2022