Souffrance et nihilisme : Conan explose sur « Evidence Of Immortality ».

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Vous voulez VRAIMENT une critique du nouveau Conan ? Comme si vous ne saviez pas à quoi vous attendre? Bien sûr que ça cogne fort, bien sûr que ça titille votre oreille interne, bien sûr que l’imagerie est au top et bien sûr qu’en live ça va réveiller les endormis des régions voisines à coup d’infrabasses de mammouths.

Non du coup je vais plutôt vous parler du papillon Machaon. C’est l’un des papillons les plus communs dans nos jardins. 8 à 9 cm d’envergure, des ailes jaunes et noires, c’est LE papillon auquel vous associez la fin du printemps et les beaux jours. De quoi? Vous insistez?

Bon. Il y en a quand même des choses à dire sur “Evidence of Immortality”. D’abord on peut parler de la production. Toujours aussi massive, elle semble encore plus grasse et lourde que sur “Existential Void”, sûrement grâce à ce son de cymbales ressortant énormément du mix et à cette basse et cette guitare plus séparées l’une de l’autre qu’à l’accoutumée. Les voix sont plus noyées que sur les dernières productions du combo donnant au tout un côté rugueux et presque live qui fait naître en nous un sentiment de puissance très organique. On est sur une différence très ténue mais Conan perfectionne encore son savoir-faire sans réinventer la roue.

Niveau composition, on est évidemment en terrain connu. On a droit aux habituelles incartades plus rapides à coup de blast beats, aux riffs lourds répétés ad nauseam mais ici, on s’offre un peu plus de passages noisy comme sur tout le final de “Equilibrium of Mankind” ou l’intro de “A Cleaved Head No Longer Plots”. Comme toujours chez Conan, la batterie vient remplir les vides afin de ne jamais tomber dans ce qui serait souvent considéré comme du funeral doom sans ces breaks et roulements de batterie prépondérants. On note aussi un aspect plus direct et quasi mélodique sur “Righteous Alliance” qui est, pour le coup, un single logique pour l’album. Enfin, certains seront surpris d’être accueilli par cette note de clavier infini sur “Grief Sequence”. Le titre qui s’allonge sur plus de 14 minutes est un hommage au doom le plus rétro (jusqu’à ce finish en mode vieille K7 usée) apportant une diversité bienvenue pour clore l’album.

Saviez-vous que le papillon Machaon est particulièrement attiré par le fenouil et les carottes?

Mais quoi encore? C’est pas compliqué, vous aimez Conan alors vous adorerez cet album. Si vous n’aimez pas ou n’avez jamais compris Conan, cet album ne vous aidera probablement pas. Conan c’est un style à part entière. De par le son, la composition et l’imagerie, ils ont défini des codes copiés des milliers de fois mais jamais égalés depuis 15 ans. Quand on écoute Conan, on sait où l’on va. On rejoint une troupe de guerriers exultés par la lourdeur de leur musique, la monotonie et le mal être qui transpirent de nos vies insipides. L’immortalité promise ici par Conan, c’est un purgatoire éternel dont les anglais nous offrent la bande son. Souffrance, violence et nihilisme dans un chaos fantastique et fantasmé. C’est ça Conan et “Evidence of Immortality” est un grand Conan.

ARTISTE : Conan
ALBUM : Evidence of Immortality
DATE DE SORTIE : 19 août 2022
LABEL : Napalm Records
GENRE : Caveman doom
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Last modified: 24 août 2022