Putain, j’adore ces gars. Au cas où vous ne seriez pas au courant du statut incontesté de SASQUATCH en tant que groupe tout-puissant de heavy rock, penchez vous donc sur « Fever Fantasy ».
Alors oui, quand Sasquatch sort une galette dans un relatif silence de ce coté-ci de l’Atlantique, je m’insurge. Et me dit qu’il n’est jamais trop tard pour en parler. Sasquatch ne fait peut-être plus partie des chouchous d’une scène à laquelle ils ont tant contribué… De cette vague post-QOTSA du début des années 2000, il ne reste plus grand monde (ou alors des reformations qu’on qualifiera le plus souvent de plan épargne retraite), alors que ces métronomes nous gratifient d’une sortie tous les 3 ou 4 ans depuis vingt ans, alimentant une discographie sans faille. Eux, sont toujours là, fidèles à leur musique.
Je vous entends déjà me répondre : mais qui en 2022 a encore envie d’entendre ce son désuet d’une époque révolue ? Parce que Sasquatch c’est avant tout le hook. L’accroche. On ne le rappellera jamais assez : la (bonne) accroche, c’est ce qui transforme la musique en chanson. Celle qui s’imprime dans votre caboche et qui n’en sort plus. Celle que vous avez envie de fredonner sous la douche ou celle pour laquelle vous perdrez votre voix en s’égosillant dans la sueur et le fracas d’un live. Cette fine frontière entre le génie mélodique et le racolage radiophonique. Et vous ne verrez jamais le Big Foot se travestir pour de mercantiles raisons.
On a pu déceler une volonté de s’ouvrir à quelques nuances avec « Maneuvers », tout en peaufinant le style percutant et accrocheur. « Fever Fantasy » en est le digne successeur, à commencer par « It Lies Beyond The Bay » qui aurait très bien pu ouvrir l’album précédent. Et à raison. Enregistré dans la continuité de « Maneuvers » en 2019, voilà deux ans que « Fever Fantasy » poireaute dans les cartons, le groupe ne souhaitant pas sortir un album impossible à défendre sur scène. Le son Sasquatch n’est plus vraiment au goût d’une certaine modernité, mais paradoxalement le groupe a réussi à progresser et à se renouveler dans leur longue carrière. Ce « Fever Fantasy » enfonce le clou.
Et tout comme son prédécesseur, cet album propose des nappes de claviers, peut-être même encore plus assumées ici (« Ivy »,« Cyclops » ou « Voyager »), venant compléter à merveille la guitare lead de Gibbs. Mais ne nous méprenons pas : on vient aussi et surtout pour la bûche. Sasquatch n’a pas son pareil pour nous envoyer valdinguer dans le décor d’une gratte assommante de fuzz, d’une basse au groove imparable et d’une frappe à réveiller les morts (Riggs est tout simplement monstrueux!). Les gifles stoner « It lies beyond the bay », « Lilac », « Witch » et « Live snakes » suffiront de vous convaincre.
La mue initiée par Sasquatch n’est en rien une forme de nostalgisme des nineties, juste un rappel à cette époque où le terme de chanson Rock avait peut être encore un sens et non l’apanage seul de la pop ou de la guinche FM. Et en ces temps où Spotify et consorts résument tout à un refrain, on a plus que jamais besoin de groupes comme Sasquatch.
Last modified: 29 juillet 2022