Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs : « L’humour est notre thérapie. »

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C’était un dimanche dans les coulisses du Desertfest Berlin. Tandis que la foule assistait au concert de Kaleidobolt, j’ai eu la chance de rencontrer Matthew, Adam et Sam du très explosif combo post-doom de Newcastle, Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs. Préparez-vous à une discussion mordante et décontractée avec les rockeurs les plus fous d’Angleterre.

(Je voudrais avant tout rappeler à nos lecteurs que j’écris TOUJOURS les 7 Pigs et que je ne fais jamais de copier-coller de leur nom. Oui, je suis fier de ce fait). Lorsque je suis entré dans la loge du groupe, le guitariste Adam Ian Sykes se tenait à côté de sa toute nouvelle acquisition, une panthère en céramique qu’il avait réussi à obtenir pour 50 euros aux puces d’à côté. « Il en voulait 80, j’ai dit 50. Il a dit non, je suis parti et il est revenu en courant », racontait-il à ses collègues. À ce moment-là, j’ai su que j’allais vivre un grand moment.

Quand on tape Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs sur Google, il y est dit que vous êtes un groupe de jazz. Vous êtiez au courant ?

Matthew (Baty, chant) : Un groupe de jazz ??? Je n’étais pas au courant, et vous ?

Adam (Ian Sykes, guitare) : Non, mais en même temps… On vient de terminer l’enregistrement du nouvel album et, chose amusante, c’est un album de jazz.

Matthew : Peut-être qu’il y a un groupe de jazz avec le même nom. Il faut qu’on prenne un avocat.

Sam (Grant, guitare) : Google dit que nous sommes un groupe de rock indé. Je préfère largement le jazz à ça !

Il faut environ 7 secondes pour assimiler votre nom, et c’est aussi le temps qu’il faut pour se faire une idée. Vous vouliez que les gens se fassent une opinion au moment où ils ont fini de dire « Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs » ?

M : En général, quand j’arrive au cinquième « Pigs », je commence à me sentir gêné.

S : Pour moi, c’est au premier !

A : Je pense que quiconque entend notre nom, quel que soit le temps que cela prend, s’est déjà fait une idée.

J’ai adoré votre dernier album « Viscerals ». Il est sorti il y a presque deux ans maintenant, je voulais donc savoir quelle est votre rapport à cet album sachant que vous n’avez pas pu le défendre sur scène ?

M : Je ne pense pas que nous ayons une relation différente de nos autres albums. C’était évidemment décevant que nous ne puissions pas faire de tournée et jouer les nouveaux morceaux. Pour moi, c’est la partie la plus amusante de la sortie d’un album : partir en tournée et le jouer. Je suis fier de cet album. Je suis fier de tous nos albums. J’essaie de ne pas trop y penser une fois sortis, tu vois, je ne les écoute pas. Nous avons dû réapprendre tous nos morceaux à la reprise des concerts. C’était bizarre, il s’était passé tellement de temps que nous avions complètement oublié comment les jouer. Mais c’était la même chose pour tous les groupes, on ne va pas trop s’en plaindre.

« Pour « Viscerals », lorsque nous sommes allés en studio, il y avait encore des parties manquantes ou pas finies. Pour le prochain album, nous sommes allés en studio et savions à peu près comment jouer les chansons du début à la fin. Ça s’est fait rapidement. J’aime ça. »

Vous venez de terminer l’enregistrement du nouvel album. On a appris à ne rien attendre de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs, mais pouvez-vous nous donner quelques indices ?

A : Ewan qui jouait la batterie aux débuts du groupe est de retour. C’est donc un batteur différent de celui des deux derniers albums, ce qui a eu un impact sur l’écriture. Bien plus que ce à quoi je m’attendais, en fait.

M : Nous avons composé celui-ci de la même manière que « King of Cowards ». Nous sommes partis une semaine dans un studio au Pays de Galles, juste pour composer et faire une démo. C’était un processus intense mais agréable. Après quatre jours, nous avions l’album complet. Avec « Viscerals », quand nous sommes allés au studio, il y avait encore des parties manquantes ou pas finies. Pour le prochain album, nous sommes allés en studio et savions à peu près comment les jouer du début à la fin. Ça s’est fait rapidement. J’aime ça.

En écoutant votre musique, je peux entendre des influences des années 70, 80 ou 90. Si vous ne pouviez écouter que des albums d’une de ces décennies, ça serait laquelle ?

A : Je dirais probablement les années 70.

M : Mais ce serait dommage parce que tu passerais à côté de tous les plaisirs coupables des années 80 et 90.

A : Notre bassiste Johnny choisirait le nu metal des années 2000. (Rires)

M : J’essaie d’imaginer un monde sans Destiny’s Child et ça me semble bien triste. Sinon je dirais les années 70.

En trois albums, vous êtes passés de longs morceaux sombres à des titres courts et percutants. Était-ce un choix conscient ?

A : C’était semi-conscient. Nous voulions absolument essayer quelque chose de nouveau. Nous l’avons fait sur « Feed The Rats » avec deux longs titres et un plus court au milieu. C’est l’album sur lequel nous avons le moins cogité, car c’était ce qui nous semblait bien.

M : Nous avons tous une idée du moment où une partie doit finir pour passer à une autre. Condenser les morceaux est plus stimulant pour nous que de jouer des titres longs et répétitifs. Nous faisions ça au début, c’était agréable et nous étions plutôt doués, mais ça peut devenir un peu trop confortable. C’est un défi de maintenir l’intensité et l’énergie que vous produiriez sur une longue période, pour la retranscrire dans un laps de temps plus court.

S : C’est très fun de prendre un morceau et essayer d’en extraire l’essence. On enlève tout ce qui est superflu pour le réduire à l’essentiel. Sur les deux derniers albums, et surtout « Viscerals », nous étions plus enclins à ça. Mais l’ironie, c’est qu’après ça, nous avons pris du recul parce que nous ne voulons pas utiliser constamment les mêmes méthodes.

« La musique devrait être une catharsis. Je crois que notre thérapie consiste à rire, à plaisanter et nous amuser. »

Il y a un aspect théâtral dans votre musique. Diriez-vous que c’est dans l’ADN de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs ou devons-nous nous attendre à vous voir débarquer en costume, grognon et sortir votre Black Album un des jours ?

M : (rires) Non, je ne pense pas que ça arrive.

A : C’est très important pour nous de ne pas se prendre au sérieux. Ça semble même impossible.

S : On doit s’amuser. On a tous un travail, une vie et la pression qui en découle. La musique devrait être une catharsis. Je pense que notre thérapie consiste à rire, à plaisanter et à nous amuser. Ça fera toujours partie de nous.

Vous avez démarré il y a dix ans maintenant, comment compareriez-vous le Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs de l’époque à celui de maintenant ?

A : Nous avons plus de cheveux et moins de temps (rires). Avec le retour d’Ewan, on n’a jamais autant ressemblé au groupe d’il y a dix ans En gros, on a régressé. 

S : Sommes-nous plus cyniques ? Non, toujours fun, pas encore blasé. 10 ans, et toujours pas blasé !

M : Nous sommes plus bruyants ! Nous avons beaucoup plus de matos. On continue à étoffer le backline. C’est une perspective effrayante, mais je pense que ça va s’aller.

R : Nous sommes beaucoup moins terrifiés. Même si on est encore terrifiés.

Terrifiés par quoi ? D’être un groupe, de monter sur scène ?

A : Tout ça à la fois.

M : Par la vie en général ! (rires)

S : C’est assez bizarre d’écrire des riffs dérivés à un doigt, puis de se demander, sur le deuxième album, « combien de ces riffs puis-je écrire ? » et de réaliser tout à coup, avec le troisième album, qu’il y a du confort dans tout ça et qu’il y a plein de riffs…

A: … que tu peux jouer à un doigt !

S : Continuons à écrire des riffs, il y en a beaucoup. Non exploités.

Plus tard dans la journée, le groupe a livré une performance intense, considérée par la plupart comme l’un des points forts de ce Desertfest Berlin 2022. J’ai croisé Adam après leur concert et ils semblaient ravis de leur performance et du son sur scène. J’ai confirmé que le son était également mortel depuis la fosse.

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Last modified: 26 juillet 2022