Rarement la sortie, complètement silencieuse, d’un premier album nous aura offert une telle densité d’émotions et de sonorités. Probablement parce que les membres de SLOWSHINE ne sont pas des débutants et encore moins des apprentis dans le façonnage de riffs (si jamais Earth Ship vous dit quelque chose).
Bien sûr, « Living Light » est un sublime cocktail de sons parmi lesquels tout amateur de lourdeur et de mélodies y trouvera son compte : comment ne pas penser à une version stoner d’Oasis sur le morceau d’ouverture « Trails » qui serait jouée en plein désert au soleil couchant, ou à du Killing Joke sur « Brittles Bones » sur lequel on s’attend à ce que surgisse la voix de Jaz Coleman. Mais c’est bien le collage auditif réalisé par le trio allemand qui donne une unité envoutante et addictive à cet album, en faisant indiscutablement une réussite et l’une des plus belles sorties de l’automne.
Pourtant le propos du groupe est bien plus tragique que les mélodies ne pourraient le laisser croire, puisque le concept de « Living Light » n’est rien moins que l’extinction de l’espère humaine, la Nature ayant repris ses droits sur la planète, comme la pochette l’exprime si bien. Habituellement, ce genre de discours est appuyé par une musique lente, lourde, oppressante où l’auditeur est confronté au néant sans issue. Pas avec Slowshine. On est calé dans une douce torpeur, exactement comme les derniers rayons de soleil nous caressant le visage avant l’arrivée du grand froid, porté par la voix réconfortante de Jan, les passages bruyants aux guitares acérées alternant avec d’autres totalement planant (le titre pivot Wanderer), contraste brutal entre la gravité du message et le son chaleureux nous enveloppant telle une couverture rassurante.
Malgré tout le soin mélodique que le trio a voulu mettre dans son album, quelques fulgurances électriques viennent déclencher une furie sonore (le noisy « Mother Moon ») qui ne laisse ainsi jamais l’auditeur dans l’ennui ou la contemplation béate mais le surprend à chaque titre, seule la voix pleine de reverb et autre distorsions étant le fil d’Ariane de « Living Light ».
S’achevant sur un riff qui se répète mais s’éteignant doucement et inexorablement, tel les battements de cœur du dernier être humain avant la disparition définitive de son espèce, concluant en apothéose « Living Light », qui est sans conteste une réussite en tous points et devrait être un régal en concert.
Last modified: 11 novembre 2021