C’est grâce au succès de Ruff Majik et leur dernière fournée « The Devil’s Cattle » que nous découvrons un peu plus l’écurie Mongrel Records, ZE label sud-africain. Parmi eux, causons aujourd’hui des gonzes de Caution Boy. Si à l’origine, il s’agissait surtout d’un one man band bricolant des chansons préenregistrés pour live/karaoké endiablés, Andi Cappo s’entoure de Treveshan Pather (à la basse) et d’Archie Kinnon (à la batterie) pour constituer un vrai groupe live capable de fureurs punk, de grooves stoner et de guitares stridentes.
Si l’entité en est à son dixième album, « Alligator » est bien le premier en tant que véritable groupe au complet avec Every Snyman (Monsieur touche à tout de chez Ruff Majik) aux manettes. Il est donc à l’image de ce trio, foutraque mais débridé, rêche et urgent, maladroit par moment mais toujours passionné.
Les huit titres de « Alligator » se veulent être un glaviot punk craché à la gueule du virus et ses conséquences désastreuses, des effets de l’isolement aux impacts politiques, jusqu’à la mort de personnes chères au groupe. Si les huit chansons n’ont été enregistrés qu’en quelques jours, les sessions d’enregistrement ont par contre été étalées sur plusieurs mois (de confinement). Si la volonté de préserver un matériau brut presque live est respectable et appréciable, on note par contre des différences notables de production entre chaque titre, faisant de « Alligator » une compilation bancale et irrégulière comme si justement les titres n’avaient pas été enregistrés en même temps ni de la même façon.
Mais les bonnes idées sont pourtant là. Expédié en 27 minutes, « Alligator » est marqué d’un son lo-fi et d’une immédiateté punk, rendant les riffs stoner bien plus agressifs et urgents. En ce sens « Silence the Screams » est une belle réussite et le combo « Swallow Me Whole » « Mutual » que n’aurait pas renié un Nick Oliveri, a l’avantage de vous faire valdinguer dans le décor comme il se doit. Caution Boy, conscient de ses limites, tire donc le meilleur des moyens à leur disposition. Ou comment renverser la vapeur et faire de quelques faiblesses une qualité.
Les titres sont accrocheurs car le groupe a également cette appétence pour des mélodies simples, familières (sans être racoleuses) et des refrains entêtants. Un peu comme les envies pop du grunge des années 90. Les titres les plus mélodiques font clairement référence aux productions de cette époque. « Consolation » et « Hue » au son sec, assez brut mais à la mélodie claire, sortent en effet du lot.
Il serait dommage de mettre à l’amende cet « Alligator » pour une production quelque peu aléatoire et manquant d’homogénéité. Appréciez plutôt un stoner sale et agressif, survitaminé à la vitalité punk de ces sud-africains ; emprunts de défauts certes, mais qui le rendent plus authentique que le QOTSA-like de leurs grands frères de label.
Last modified: 30 septembre 2021