TURNSTILE souffle un vent frais avec « Turnstile Love Connection ».

Written by À la une, Chronique

Le 28 juin dernier, TURNSTILE annonçait le démarrage officiel de l’été avec la sortie de « Turnstile Love Connection », un EP qui s’écoute autant qu’il se regarde. Le groupe prenait tout le monde par surprise en diffusant sur YouTube un court métrage réalisé par le chanteur Brendan Yates, en y incorporant toute la musique de l’ensemble.

C’est un brin naïf et clippé façon pub Supreme, mais le film saisit une certaine forme de magie d’une liberté retrouvée dans de vastes spots urbains ensoleillés, ceux-là même mis en valeur dans les vidéos de skate des nineties. C’est frais et innocent sans être passéiste. Mais l’essentiel n’est pas : au-delà de l’exercice de style, Turnstile a (toujours) de l’énergie et du fun à partager. Fidèle à sa vivacité contagieuse, Turnstile l’est aussi, sorties après sorties, à sa volonté de dépoussiérer un hardcore engoncé dans ses codes.

Et ce « Turnstile Love Connection » n’échappe pas à la règle. Mieux, on a le sentiment que le groupe peaufine encore plus ce que sera le véritable Crossover façon Turnstile. C’est bien sûr très typé NYHC : l’enchaînement de riffs totalement old school, le groove contagieux de la basse associés à l’énergie débordante de la batterie, jettent une base survitaminée pour les refrains captivants de Brendan Yates et ses phrasés hip-hop rappelant inévitablement Zach De La Rocha. Le titre d’ouverture « Holiday » reflète parfaitement cela, en y ajoutant une ligne de basse chaude et aguicheuse couplée à des arrangements électro. Comme si vous regardiez vers le soleil pour vous réchauffer le visage et gueuler «VAAAAACAAAAAAAANCCES !!!». C’est simple, terriblement efficace et addictif.

Les 45 secondes qui suivent sont certainement les plus déconcertantes que le groupe ait pu produire. On y découvre un chant mélodique du bassiste Franz Lyons plaqué sur une nappe minimaliste empruntant plutôt au R’n’B d’un Frank Ocean, ou aux sonorités alambiquées de son compère d’Odd Future, Tyler The Creator. Mais cette interlude féérique et onirique (!!) ne fait que servir le propos de la captivante et entêtante « Mystery », la chanson la plus pop et accrocheuse produite par le groupe. Sérieusement, je ne pensais jamais utiliser les mots « féérique » et « onirique » dans une chronique HxC et pourtant ça matche ! Le groove est là, c’est gavé de mélodies, c’est lourd et pendant qu’on se demande comment ils font pour pondre des titres aussi fun, « Mystery » se profile comme l’hymne de l’été. Oui ! On veut suer ! On veut slammer et se désarticuler comme des pantins sur du gros son, bordel !

Le hardcore n’a jamais sonné aussi léger et amusant. Turnstile saisit l’essence du moment et se fout bien des chapelles. C’est finalement tout ce que les kids souhaitent entendre en 2021. Mais « Turnstile Love Connection » annonce des choses encore meilleures à venir. À l’heure où j’écris, le single « Blackout » du prochain album (à paraître le 27 août) est sorti. Avec ce « Glow On » à la pochette rose pastel, produit par Mike Elizondo, fidèle collaborateur de Dr Dre (« The Real Slim Shaddy » d’Eminem ou encore « In Da Club » de 50 Cent, c’est lui), on a ce sentiment d’être en face du futur game-changer comme l’ont été Refused ou Snapcase. Mais une chose est déjà sûre : le hardcore a encore beaucoup à offrir.

Last modified: 24 août 2021