« Den Norden sind wir! » Nous venons du nord ! Non, on ne parle pas ici de Calais et sa région mais du nord de l’Allemagne, tout autour de la plus belle ville du pays : Hambourg. Votre humble serviteur a eu la chance de vivre pendant 6 ans sur le bord de l’Elbe, au cœur du quartier de St Pauli. Après avoir baigné pendant toutes ces années dans la culture stoner / sludge / grunge / punk du grand nord, il me fallait faire un point sur ce qu’on y trouve de mieux en matière de gros son !
D’abord il convient de rappeler qu’Hambourg, c’est le fief des Welturbojugendtage, autrement dit, le festival international des Turbojugend, cette bande d’adorateurs de Turbonegro et du rock n’ roll débridé. Hambourg c’est aussi une étape quasi systématique des tournées Européennes avant de rejoindre la scandinave. Enfin, c’est le Reeperbahn Festival, ce sont des tonnes de salles de concerts partout en ville, c’est une capitale historique du tatouage, c’est la ville des débuts des Beatles, bref, Hambourg pue le rock. Le nord de l’Allemagne c’est aussi plusieurs labels mythiques : Pink Tank, bien évidemment et qui a signé entre autres Camel Driver ou Low Orbit. Mais aussi H42, spécialisé dans les éditions très limitées (Karma to Burn, Mondo Generator pour ne citer qu’eux).
Pourtant Hambourg est moins hype que sa voisine Berlin. Moins extravagante, moins folle, moins rebelle, moins axée drogues et party, l’état d’esprit y est différent et cela s’en ressent dans la scène musicale Hambourgeoise.
Mantar, les patrons.
Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter Mantar, même s’il est évident que ce duo est un des fers de lance des musiques gutturales et fuzzy venues du Nord. Pour qui connaît le groupe, on voit déjà une tendance se dégager, bien que très rock n’ roll : Mantar n’est pas un groupe sexy, ni un groupe catchy, ni un projet hyper créatif ou au contraire easy listening. Mantar, comme la majorité des groupes de cette liste, c’est avant tout une grande honnêteté. Une musique sans artifices et qui ne triche pas. Une musique pour connaisseurs et pour passionnés. Ça sent la sueur glacée le long de la nuque et cet état de nonchalance typique d’une région qui baigne dans la nuit et le froid 310 jours par an.
Kavrila, la crème de la crème.
Dans le sillon de Mantar, on trouve évidemment Kavrila. Le groupe pousse tout ce que fait Mantar un peu plus loin. Un son plus crade et plus auto produit, un jeu de scène encore plus nihiliste et désabusé et pourtant fougueux, une envie encore plus claire de ne respecter aucun code si ce n’est les leurs, Kavrila c’est Iznogood et je suis sûr qu’ils seront très prochainement khalifes à la place des khalifes.
Moewn, le bon goût.
Les mouettes. Pour quiconque a déjà posé un pied sur les bords de l’Alster (le lac intérieur d’Hambourg), le nom de ce groupe est une évidence. La musique est une invitation au voyage, à prendre la mer direction les fjords puis le cercle polaire. On est sur un stoner post rock expérimental mélodique et ambitieux, quelque part perdu entre Russian Circles, Yawning Man et My Sleeping Karma. Ça joue bien, les parties ambiantes et planantes sont un vrai régal. Un bijou bien trop confidentiel et qui ne s’exporte que bien trop rarement sur scène.
Hyne, les pionniers.
Avant tout, prière de ne pas faire la même boulette que moi. Ça se prononce HUNEUX. Voilà. Ça c’est fait. Hyne, ce sont des vieux de la vieille, un groupe qui a ouvert sur Hambourg pour les plus grands, qui s’est payé le luxe d’enregistrer avec le batteur de Fu Manchu dans leur home studio devenu une référence de cette scène, bref, une institution discrète mais de qualité. Stoner flirtant parfois avec une dimension heavy rock ou Grunge, le groupe a évolué au fur et à mesure des années et malgré les différents hiatus, ils reviennent régulièrement envahir le paysage local.
High Fighter, le succès facile.
Les mauvaises langues seraient tentés de dire que la réputation d’High Fighter n’est dû qu’à la présence de Mona Miluski (ancienne attachée de presse du label Napalm Records) au chant. Mais il faut reconnaître que sa voix gutturale qui se marie à perfection avec le Sludge stoner thrash du combo mais surtout, c’est elle qui tient la baraque sur scène. Après un album et un EP particulièrement remarqués, avoir joué avec Corrosion of Conformity et tourné avec Hark et Conan, High Fighter n’a pas usurpé son succès.
Loyft, la tradition.
Loyft, c’est simplement un groupe de hard rock stoner un peu psyché et, forcément, reposant grandement sur les patrons des années 70s. Ça groove, ça joue sacrément bien et sans réinventer la roue, ils savent ajouter un petit grain de folie créatrice ici où là. Peut-être victime d’une ambition trop timorée, Loyft est le joyau brut et caché de la belle région de Schleswig-Holstein.
Voilà, le décor est planté, je vous ai transmis la playlist et pour que mon devoir soit parfaitement accompli je vous invite à assister au concert annuel des Melvins au Logo ou dans un des nombreux shows estampillés stoner aux Docks, au Grosse Freiheit 36, au Hafenklang ou sur le mythique bateau militaire reconverti, le MS Stubnitz lors de votre prochain voyage en Allemagne !
Last modified: 24 août 2021