Sans aide aucune, en mode 100 % DIY, les électrons libres de SUNNATA nous avaient retourné le cerveau avec leur troisième album « Outlands ». Les polonais avaient réussi à élaborer une construction de la névrose, étrangement addictive. Un disque claustrophobe, nous faisant perdre pied et instillant insidieusement la folie dans nos têtes. Le remake sonore de « l’Antre de la folie », d’un autre génie de la démence et de la paranoïa, John Carpenter. C’est dire si le successeur de « Outlands » était attendu.
Pour ce quatrième album, SUNNATA continue d’explorer son propre crédo, « un shamanic doom » (dixit le groupe) résumant finalement assez bien le paysage sonore déployé : l’occulte et le mysticisme, forgé à la puissance et à la noirceur du doom et ce, jusque dans les thèmes abordés. Ce « Burning in Heaven, Melting on Earth », au visuel des plus explicites (une religieuse dissimulée sous un voile rouge sang), tente de questionner sur le fanatisme religieux et les conséquences d’une foi aveugle en des divinités imaginées par l’Homme pour se sentir moins seul. Exercice louable, plus que jamais, à l’heure actuelle, puisque les doctrines religieuses nous empoisonnent depuis trop longtemps l’existence ; Dieu étant la réponse pour qui ne veut pas se poser de question.
Ce qui est sûr c’est que SUNNATA maîtrise plus que jamais l’art d’instaurer des ambiances mystérieuses et énigmatiques. À force d’arrangements étranges et de riffs tortueux, c’est devenu une marque de fabrique, marquant au fer rouge le son Sunnata. On voyage justement en territoires connus avec le premier single « Crows ». « God Emperor Of Dune », qui suit, enfonce le clou dans l’embrumé et l’ésotérique en agrégeant absolument tous les effets de manches connus du groupe. Et c’est là peut-être que la déception s’installe : tout le titre nous rappelle « Outlands », comme si celui-ci en était une face B. En moins inspiré et plus paresseux, malheureusement.
« A million lives » et « Black Serpent » viennent rehausser le niveau, même si l’on reste sur le même type de structure en crescendo et de jeu sur les contrastes. Ces deux titres pourront aisément s’insérer dans une setlist de leurs prochains lives. Mais l’ensemble sonne tout de même bien prévisible, ce qui gâche le plaisir d’écoute de cet album. On en vient à regretter la dynamique et l’inventivité d’ « Outlands » ; notamment sur les chants et les choeurs ainsi que les guitares schizophrènes.
Ce quatrième album sonne comme un piège pour Sunnata. L’impression d’avoir trouvé une formule séduisante et faire le pari de la reproduire à l’envi. Au risque de se singer jusqu’à la caricature. Difficile peut être de se renouveler après le sans fautes. « Burning in Heaven, Melting on Earth » n’en est pas mauvais, loin de là, mais il ne contentera pas les fans les plus exigeants du groupe.
Last modified: 24 janvier 2021