Encore tout retourné par le (trop) court mais mémorable passage de Clutch sur l’une des mainstage du Hellfest 2019, la dernière galette de PLANET OF ZEUS (désormais présentés comme les « Clutch grecs » en dehors des frontières helléniques) tombait à point nommé.
Il serait réducteur de s’arrêter à cette comparaison ô combien gratifiante, mais il faut bien reconnaître que la fougue déployée par les olympiens n’a d’égale que les prestations furieuses du groupe emmené par Neil Fallon. On en profitera (pour s’en convaincre) par écouter leur « Live In Athens » sorti l’année dernière : cent minutes de rock burné devant un public survolté, complètement acquis au groupe. Clutch ne s’est d’ailleurs pas trompé en les emmenant avec eux sur quelques dates de leur Psychotic Warfare World Tour…
Tout récemment signé chez Heavy Psych Sounds Records, Planet Of Zeus semble avoir trouvé l’écurie à la hauteur de leur aspirations désormais internationales. Et ce « Faith in Physics » pourrait bien les installer durablement dans le panthéon Heavy.
« Faith in Physics » est une œuvre-somme. Un traité en abrégé de la doctrine Heavy. Et en cela, il s’agit de la meilleure démonstration des possibilités du groupe : de son aisance à produire des brûlots rock tout comme son groove imparable capable de faire remuer les culs-de-jatte (mais s’il vous plaît, ne me parlez pas d’album de la maturité). Une encyclopédie rock où Planet of Zeus agrège toutes ses influences, allant de l’incendiaire « Gasoline » à « King Of The Circus » que le Lizard King aurait facilement interprétée. Entre ces deux extrêmes, PLANET OF ZEUS nous sert une efficacité toute grohlienne (« Your Song »), une inventivité pop façon QOTSA (« Man VS God », « The Great Liar »), un groove déglingué façon Jon Spencer Blues Explosion (« Revolution Cookbook ») sur lesquelles Babis Papanikolaou, son frontman, excelle justement dans toutes les nuances de son chant. Il éructe, il swingue, il exhalte, il hurle, il grogne …en véritable locomotive gonflée à bloc, s’assurant au passage que la danse assénée claque bien comme il faut. Les Grecs s’éloignent souvent du son caractéristique de Planet of Zeus, mais il est exécuté avec une telle franchise que le groupe donne l’impression d’avoir toujours sonné ainsi.
Alors bien sûr on entend déjà les pisse-froids rétorquer que les athéniens n’offrent rien de neuf sous le soleil de l’Acropole. La recette d’un rock couillu assaisonné aux gimmicks tendance stoner et grunge est déjà usée jusqu’à la moelle. Là n’est évidemment pas le propos. Ce « Faith in Physics », c’est le retour aux fondamentaux, la foi en la base. Celle d’une putain de bonne chanson Rock, celle qui vous rend aphone, celle qui vous fait suer dans le pit. Et ce disque en est rempli.
Mais l’énergie n’est rien sans la sincérité. Ce feu qui les anime provient de leur rage, celle qui dévore l’espace du disque et lie finalement tous les titres entre eux. À côté de leurs acolytes 1000mods ou Naxatras, Il se passe définitivement quelque chose en Grèce. Tout comme le souligne Miguel Cano dans l’excellent documentaire « Greek Rock Revolution », la crise financière qu’a enduré cette jeunesse, privée d’espoir et anxieuse à propos de son futur, a stimulé une scène rock et généré une furieuse expression artistique. Et en 2019, plus que jamais, contre l’irrationalisme, la bêtise ou le fondamentalisme religieux, Planet of Zeus a un message à faire passer. C’est dans les pires moments que naît la meilleure des musiques.
Une rage contre la connerie. Une rage contre les cons. Finalement les vrais prophètes de la rage, ce sont eux.
ARTISTE : Planet Of Zeus
ALBUM : « Faith In Physics »
LABEL : Heavy Psych Sounds
SORTIE : 27 septembre 2019
GENRE : Heavy rock révolté
More: Facebook / Bandcamp / HPS Records
Last modified: 29 septembre 2019