Cela faisait une paye que l’on avait pas fait une interview complètement décalée avec un de nos groupes chouchous. Duo allemand délivrant un blackened punk apocalyptique, MANTAR ont pour la seconde fois retourné le Hellfest, et c’est suite à un set tout en finesse que Hanno (dans une chemise hawaïenne du plus bel effet) et Erinc nous ont retrouvé. Influences disco, porno japonais et débat autour de la bière : voici les sujets que nous avons abordé en toute décontraction et humour avec le groupe.
Votre musique est sombre et brutale. Ça fait quoi de jouer au Hellfest en pleine journée, et devant un public aussi festif ?
Hanno (guitare & chant) : Les gens sont comme ça en festival. C’est pour ça que je ne traîne pas sur le camping, je n’aime pas être entouré de monde. Je monte sur scène, et après je rentre chez moi. Je ne porte ni chapeau de cowboy, ni t-shirt Jägermeister, je ne bois pas de shots, et en général, je n’aime pas les festivals.
Tu aimes quand même la musique ?
Hanno : Ça dépend. Il m’arrive de ne pas en écouter du tout.
Erinc (batterie) : On n’écoute pas de musique dans le van.
Hanno : Ouais, on est vraiment le groupe le plus chiant du monde. Tout le monde fixe l’horizon sans s’adresser la parole…
Vous vous ménagez pour les concerts…
Hanno : Non, on ne peut juste pas se blairer. (il n’esquisse pas le moindre sourire)
« J’adore ABBA, sans déconner c’est un de mes groupes préférés. »
Et si on parlait de l’absence de bassiste dans Mantar. Tout le monde se doute bien que deux énergumènes ne peuvent pas jouer si fort. Combien en avez-vous éliminé après le concert ?
Hanno : Le bassiste ? En fait, il reste derrière en backstage, c’est aussi lui qui chante et tape sur les fûts. En fait, on est sur scène uniquement pour notre physique avantageux.
Dans une autre interview, vous décriviez Mantar comme « un groupe pop dans un corps metal ».
Hanno : On aime composer des morceaux accrocheurs et les jouer le plus fort possible. On a grandi avec la pop, Erinc est fan de Sisters Of Mercy et j’écoutais du classic rock, donc pour nous tout est une question de refrain, de mélodie… tout en étant sinistre, brutal et diabolique. J’aime quand un morceau fonctionne. Si tu n’arrives pas à aller à l’essentiel en deux ou trois minutes, alors t’as rien compris. J’adore ABBA, sans déconner c’est un de mes groupes préférés.
C’est marrant que tu parles d’ABBA, parce que pendant votre concert aujourd’hui, je me suis dit : « mince, il y a vraiment un feeling disco chez Mantar ». Tu vois, ce côté hyper rythmé et entêtant.
Hanno : Tu sais, quand tu n’as que la gratte, la batterie… et un bassiste (rires), tu dois vraiment compter sur un bon beat et un riff qui accroche. Comme les groupes de rock, j’imagine.
Quelle est la pire comparaison qu’on ait fait au sujet de votre musique ?
Hanno : Je ne lis pas les chroniques. Pas que je me crois au-dessus de tout ça, mais ça a tendance à m’énerver. Même si c’est parfois cool de tomber sur une chronique positive. Et dieu merci, la plupart des chroniques pour nos trois albums étaient positives. Honnêtement, ça reste l’avis d’une seule personne. On apprend à pas trop y faire attention. Si un mec vient me voir et me dit « je n’aime pas ton groupe », je m’en fous. Par contre, si un mec vient m’insulter en disant « ta musique, c’est de la merde, vous êtes de mauvais musiciens », il devrait juste se mettre à notre place. Monte un groupe meilleur que le notre et on en reparle ! Un jour, on nous a décrit comme un mix entre Asphyx et Killing Joke, j’ai pris ça comme un compliment. Ça doit être dû au fait que je n’ai pas un growl death typique, ça ne fait pas réellement metal. Je pense que les gens apprécient et que ça contribue à l’attrait de notre musique.
« Erinc est fan de Sisters Of Mercy et j’écoutais du classic rock, donc pour nous tout est question de refrain, de mélodie. »
Certaines personnes demandent ce qui est arrivé à l’aigle qui trônait sur scène à une époque.
Erinc : L’aigle a perdu une aigle.
Hanno : Un connard l’a cassé. On ne le prend plus avec nous car on y tient. On priait l’aigle avant de monter sur scène, c’est comme un dieu pour nous.
Quelle est la pire bière que vous ayez jamais bue ?
Hanno : C’était en Suisse. Mais on est pas chiants, tant que c’est gratuit on boit. Mais elle avait le même goût qu’un SDF mort. Et c’est la bière la plus vendue en Allemagne, ça en dit long sur les goûts des Allemands.
Erinc : Il y avait cette bière au Japon, qui n’est pas de la bière. Ça a goût d’alcool, sauf que c’est un soda.
Hanno : D’habitude, Erinc boit des bières à la fraise, ce genre de truc. Il est déjà foutu, on dirait une ado en vacances. Je bois la fausse bière. Ils ont vraiment des trucs bizarres là-bas. Genre, du porno bizarre.
Erinc : Du porno cycliste.
Hanno : Ouais, ils ont un fantasme pour les filles sur des vélos. Elles ne sont même pas nues ! Je ne suis pas assez pervers pour comprendre. De toute évidence, je ne suis pas assez porté sur le cul pour comprendre ce genre de perversion. Tu as un vélo ? (rires)
« Au Japon, notre public avait l’air effrayé. C’est super, ça nous motive. »
Comment sont les fans japonais de Mantar ?
Erinc : Très respectueux.
Hanno : Après le concert, ils venaient nous serrer la main, prendre des photos, amener des petits cadeaux. Mais pendent le show, ils avaient l’air effrayés. Ce qui est super, parce ça nous motive. Ç’aurait été encore mieux s’ils pleuraient de peur et de honte. Un truc de Japonais. Ça et les vélos. On adorerait retourner là-bas. On a énormément tourné à l’international ces dernières années, et plus ça va, plus on déteste prendre l’avion. Conduire ça va, mais prendre l’avion nous fait péter un plomb.
Quand est-ce qu’on vous revoit en France ?
Hanno : On joue au Eurockéennes de Belfort prochainement. C’est un festival pop, parfait pour nous ! (rires) On a prévu de jouer que des morceaux d’ABBA, vous devriez venir ! C’est cool de pouvoir voir des groupes qu’on n’a pas les moyens de se payer en temps normal comme Weezer. Et ici, j’étais hyper déçu quand Manowar ont annulé. Qu’ils aillent se faire foutre, ces enfoirés !
Ce qui nous amène à terminer cette interview sur vos plaisirs coupables.
Hanno : Je n’en ai pas honte, mais j’adore vraiment le groupe de rock suédois Roxette.
Erinc : Pour moi, c’est Ace Of base.
Merci les gars, on espère vous revoir très vite !
Ensemble : Avec plaisir !
Leur nouvel album « The Modern Art Of Setting Ablaze » est toujours disponible chez Nuclear Blast Records
Last modified: 21 septembre 2019