La production discographique d’ALL THEM WITCHES est souvent impeccable (et pléthorique) mais c’est vraiment sur scène que le groupe se distingue. C’est donc toujours un plaisir de les croiser sur notre chemin, on ne va pas bouder cette occasion. On s’y rend même curieux puisque que c’est en trio que le combo va se produire se soir, suite à la décision mi-artistique mi-circonstancielle de se séparer de leur clavier.
1er constat : un lundi de Pâques et malgré des passages plutôt réguliers dans la capitale, le groupe réussit sans problème à remplir la Maroquinerie qui affiche complet depuis plusieurs semaines. Encore plus marquant, le public est composé de pas mal de jeunes. Ça parait anodin mais dans une période où le rock est quasi absent des médias et que l’on annonce la fin prochaine des ventes de guitares, voir un groupe jouant une musique vieille de plus d’un demi-siècle attirer des gens à peine majeurs laisse penser que l’on a toujours l’espoir de ne pas voir la mort du rock arriver prochainement.
21h, c’est l’arrivée du trio, qui s’installent sur scène avec cette attitude toujours modeste et sans fioritures. Pas de blabla, c’est le son qui parle pour eux. Et donc ce « nouveau » son à trois ? Alors non, ALL THEM WITCHES n’a pas radicalement changé sa formule, mais il semble bien y avoir une nouvelle aura qui émane du combo. Avec plus d’espace dans le son, c’est un groupe qui a trouvé d’autres marques et une autre dynamique de groupe. Et qui après avoir expérimenté différents sons sur album, a préféré joué la carte du retour aux sources du blues, le vrai, le dur.
Le son plus brut, plus sec, parfois plus brutal. L’absence de rondeur et de douceur du clavier les entraîne sur un terrain plus aride, laissant parler la poudre lors des passages plus durs comme « Fishbelly 86 Onions », « 1st vs. 2nd » ou le classique « Charles Williams ». Un morceau presque éthéré comme « Diamond » se transforme en ruade rugissante avec une belle dynamique. Le son très épuré et tendu du batteur Robby Staebler ressort encore plus sec, la basse de Charles Michael Parks ronronne et rugit. Mais c’est surtout Ben McLeod à la guitare qui lâche son jeu: prenant l’espace vacant, il laisse parler sa versatilité, la variété de ses phrasés et de ses effets (empruntés parfois chez Page ou Hendrix), pour un résultat toujours virtuose mais jamais fatiguant, dosant parfaitement les variations que les morceaux acquièrent sur scène, comme sur l’exercice blues qu’est « Harvest Feast ».
Surtout, en trio il est plus simple de se coordonner et la grande force du groupe est le dosage de ses effets rendant palpitante (car surprenante) et satisfaisante chaque seconde de leur set. Le beau (et Zeppelinien en diable) « Swallowed by the Sea » conclue de belle manière le show avant un rappel vibrant avec « Blood and Sand/Milk and Endless Waters ». Le public est ravi. Métamorphose réussie.
Last modified: 14 octobre 2019