Book of Bad Decisions de CLUTCH va probablement finir dans une bonne partie des classements de l’année. La question est maintenant de savoir si l’épreuve du live sera passée pour les morceaux qui le composent. Réponse en ce samedi soir à Paris dans un Élysée Montmartre complet et prêt à en découdre. (PHOTOS : Sylvain Golvet)
Une arrivée un peu tardive me fera rater la grande majorité du concert de BALLS OUT. Le peu que j’ai pu entendre laissait bien entendre un groupe ne faisant pas dans la dentelle, en accord avec leur nom, On notera tout de même la voix rocailleuse du bassiste/chanteur qui nous rappelle Five Horse Johnson. A charge de revanche.
Un autre regret : j’aurais aimé avoir le line-up du reste de la tournée européenne avec The Inspector Cluzo en renfort. Car on ne crache jamais sur un live de nos deux Landais préférés. Mais tant pis, le quota “duo énervé mais sans bassiste” est assuré par THE PICTUREBOOKS. Je les avais vu lors de la 1ère édition du DesertFest belge et les deux Allemands avaient laissés une forte impression, pleine d’énergie brute. Le principe est simple et n’a pas changé en quatre ans : un blues binaire sorti avec les tripes par la seul force d’un équipement instrumental minimal. Une guitare électro-acoustique, une batterie à deux toms et une caisse claire et sans cymbales, deux voix. Et c’est tout. Mais c’est pourtant suffisant pour délivrer des morceaux simple et efficaces, oscillant entre le blues primitif et le chant amérindien, le tout possède assez de gimmicks mélodiques électrisants pour que le public soit tenté de taper du pied pendant le set entier. Ce qu’il fait. Anciens et nouveaux titres se mélangent parfaitement et régalent un public curieux et déjà bien présent dans cette grande salle de l’Élysée Montmartre. Pour les aficionados, rendez-vous en mai 2019 à la Boule Noire pour un concert en tête d’affiche.
Mais place au plat de résistance. Et en 2018, CLUTCH est en France devenu synonyme d’assiette 4 étoiles. Avec des salles de plus en plus grandes et un public de plus en plus large, notre pays est devenu en quelques années un passage obligé pour le quatuor. Un succès qu’on peut juger tardif après quasi trente ans de carrière, mais c’est à la fois mérité et assez raccord avec le caractère de hard-working gentlemen de ses membres. Un nouvel album bien rempli sous le bras, les Américains se font un plaisir de venir en délivrer avec fierté une bonne partie en live. Et on les comprend, « In Walks Barbarella », « How to Shake Hands » ou « Hot Bottom Feeder » sont des classiques instantanés et passent sans problème le test du passage en live, comme les petites bombes d’énergie que sont « Weird Times » ou « Ghoul Wrangler ».
Cela posé, et malgré l’abattage et la bonne humeur qui s’en dégage, Neil Fallon semble un peu sur la réserve ce soir et ne paraît pas aussi prompt à remplir la scène comme il a pu le faire auparavant. Et cette (légère) méforme cache moins bien le manque habituel de ses coéquipiers. Surtout, le son de l’Elysée Montmartre n’est pas toujours flatteur et coupe la plupart des mediums pour nous laisser un son de guitare un peu maigre et trop contenu, peinant à remplir la salle et les oreilles (exigeantes). Enfin, l’organisation très pince-cul de Live Nation tentait aussi de réduire l’ambiance en fosse en interdisant les slams. Heureusement, la vie trouve toujours un chemin et les kids ne se laissent imposer des règles si absurdes.
On persifle un peu mais on passe tout de même un bon moment, notamment par l’ajout dans la setlist de deux vieilleries, « Spacegrass » et « Big News (I & II) », deux trips nous rappelant l’ascendance funky du groupe et sa propension au jam, deux morceaux qui permettent enfin au groupe de sortir un peu du carcan de ses morceaux qui paraissent un peu trop calibrés ce soir. Allez, rendez-vous en juin prochain sur une main stage du Hellfest pour voir si les garçons se lâcheront un peu plus.
Last modified: 18 décembre 2018