HELLFEST 2018 Le Report – Jour 2

Written by Live

Au deuxième jour de la Création, notre prêcheur à tous, Monseigneur Ben, a décidé qu’après une mise en bouche somme toute de bonne facture, il était grand temps de mettre les oreilles de ses fidèles à l’épreuve. Pour ce deuxième jour au HELLFEST 2018, nous aurons donc droit, entre autre, à du hip hop sous la Valley et du revival néo-metal sur les Mainstages… Alors ? Les pavés ont-ils volé ? La suite du récit vous le dira… peut être. (PHOTOS : Gaël Mathieu)

Le rythme de croisière du hellfestivalier désormais assimilé, on attaque ce deuxième jour sur les chapeaux de roues avec BLACK RAINBOWS. Bien connus du microcosme stoner européen, les Italiens ont le premier slot du matin et donc trente minutes pour réveiller le public. Pas de tergiversation, la bande à Gabriele Fiori démarre pied au plancher et, au fur et à mesure que la Valley se remplit, on se rend compte que les compositions sont taillées non seulement pour la scène mais surtout pour des grandes scènes ! Un début de journée comme je les aime !

Un groupe que l’on suit déjà de près et dont c’est déjà la deuxième venue à Clisson : les suédois de MONOLORD. Leur passage nantais l’hiver dernier est mon meilleur concert de l’année en salle, je les attendais donc de pied ferme. Dire que le trio a réussi en trois morceaux ce que certains groupes ne sont pas capables de faire en deux heures (= retourner le public) est à peine imaginable. Pourtant, après un morceau de chauffe, entendre résonner le déjà classique « Rust » est l’assurance que leur doom pachydermique va tout ravager et que le final (ou la moitié du set) sur « Empress Rising » ne fera qu’accompagner les ruines de la Valley. Encore !

Comme les Suédois n’ont pas le droit à du rab, je file voir GET THE SHOT. Enième groupe de hardcore ricain pour meubler le début de journée ? Haha, pauvres fous. Ici, c’est du Tabernac’core ©, messieurs dames ! Plus proche du crossover thrash que du hardcore traditionnel, Get The Shot déploient une énergie monstrueuse, communicative, et j’assiste à un déluge de slammers avant que le chanteur ne vienne lui même slammer dans les premiers rangs ! Une grosse beigne bien saignante comme la Warzone en a le secret !

Après un peu de répit, je peux enfin voir l’un des fleurons de la scène stoner grecque, 1000MODS. Pas de suspense, ce concert est tout simplement mon meilleur concert sous la Valley de cette édition. Mais encore ? Ce groupe est tout simplement le Fu Manchu méditerranéen, délivrant un rock à la fois plein de groove, sexy, libérant toujours plus de chaleur à chaque note, le tout sur des mélodies impeccables et des riffs à répétition. Le set est juste splendide, allant crescendo dans l’addiction à leur musique. Le final sur la doublette « Vidage » et surtout l’interminable « Super Van Vacation » en aura fait le set le plus jouissif que j’ai pu voir depuis des années. Si j’aimais déjà leurs albums, je suis tombé amoureux de ce groupe et j’attends déjà un nouveau passage en France !

C’est une autre sensation qui se prépare à l’autre bout du site, avec les gamins de TURNSTILE, l’une de mes plus belles découvertes de ces dernières années. Alliant l’énergie et le timbre de voix de Snapcase aux mélodies Fugaziènes, Turnstile font preuve d’une énergie qui ferait passer Get The Shot pour un groupe de doom. Jouant plus de vingt morceaux en à peine 35 minutes, les ricains nous abandonnent dix minutes avant la fin du set, nous laissant plus rincés qu’après un passage en machine à 2000 tours/minutes ! Si le hardcore se cherchait un porte étendard au sang neuf, il s’appelle Turnstile.

Après une première moitié de journée où se sont succédées les branlées, toutes plus fortes les unes que les autres, je me dis qu’il va être difficile de faire mieux ou au minimum aussi bien. C’est là que les programmateurs ont voulu vérifier si le festival metal le plus éclectique avait également le public aux goûts les plus éclectiques. N’y allant pas par quatre chemins, c’est au duo hip hop électro punk (dans l’ordre que vous voulez) H09909 de s’y coller. Pas vraiment le style de prédilection des habitants de la Valley, pourtant il y a foule et il y a le feu ! Si leur musique n’est pas mon rayon, je dois admettre que la sauce a pris et bien pris ! Chapeau bas ! 

Je reste au même endroit pour voir l’un des groupes qui pique ma curiosité depuis des années, DÄLEK. Leur hip hop alternatif mélange tellement d’influences que les lister serait plus long que la queue au merch, mais plus qu’un bouillon indigeste, c’est une cuisine trois étoiles qui nous est servie. Les ambiances sont très sombres et le son proche d’un Godflesh, et c’est justement ce qui me plait… contrairement au public qui fuit la tente. Dommage, car le set est excellent d’un bout à l’autre.

Faisant l’impasse sur Terror (qui passent tous les deux ans au Hellfest et au moins une fois par an en France), je me fraye un chemin vers la Mainstage 2 pour le retour attendu d’Ice-T et son groupe BODY COUNT, qui avaient battu tous les records d’affluence sur la Warzone en 2015. Le set démarre par une reprise de « Reign In Blood », et le nombre de slammers met déjà les Challengers à rude épreuve. Mais ce n’est qu’un échauffement, car la setlist fait la part belle aux deux derniers albums, sublimée par des classiques tels que « There Goes the Neighborhood » et le final « Cop Killer ». Si de loin, le set n’a pas été vécu de manière aussi intense que pour ceux collés devant, je vous garantis que ce show était implacable et que tous les fans en redemandaient.

J’essaie de fendre la foule pour remonter à la Valley mais comme le set des DEFTONES démarre, je ne me presse pas et profite de ce moment nostalgie. Si Chino Moreno fait physiquement mal à regarder, le son et la voix n’ont (presque) pas changé en vingt ans et je suis ravi de pouvoir entendre « My Own Summer » et « Around the Fur », souvenirs de mes années étudiantes.

Mais trêve de nostalgie, c’est un jeune groupe avec des musiciens à peine connus qui se prépare sous la Valley. Michel Patton au chant et David Lombard à la grosse caisse. Okay, on a à faire au nouveau méfait de Mike Patton assisté de l’ex-Slayer David Lombardo. Le sieur Patton a pondu tellement de trucs barrés et pas forcément audibles en dehors de Faith No More, qu’on peut être réservé sur ce que donnera DEAD CROSS. S’il y a une pointe de hardcore dans le son, si ça fait le job et que la voix passe toujours aussi facilement du chant mélodique à des hurlements de primates en chaleur, Dead Cross peine à déclencher les passions. La majorité des gens diront poliment « c’est pas mal », parce que bon, c’est Patton quand même. Mais pas exceptionnel non plus. Surtout en ne jouant pas le dernier quart d’heure du set d’une heure… Doit faire ses preuves, comme disent les profs.

S’il y a bien un groupe qui n’a plus rien à prouver en revanche, c’est bien CRO-MAGS. Les pionniers du hardcore new-yorkais reviennent à Clisson pour la première fois depuis 2009 et n’ont pas perdu la rage légendaire qui les anime. Forts d’un set où le circle pit force 7 aurait pu tout emporter sur son passage et faire voler les pavés, c’est un succès sans faille que remporte la bande à Jon Joseph.

Cette deuxième journée est sur le point de se clôturer, mais avant il y reste encore les maîtres du post-hardcore/sludge NEUROSIS, dont les passages en France sont inversement fréquents à ceux de Slayer au Hellfest. On peut donc parler d’évènement. La Valley est clairsemée à cette heure-là, et une fois n’est pas coutume, les absents auront eu tort. Si j’ai du mal à entrer dans « Given To The Rising », la suite du set est un voyage au fin fond de mon âme, achevé sur le splendide et massif « Through Silver In Blood ». Après un tel set, inutile de lutter pour penser à autre chose, direction le plumard, la tête et les oreilles emplies par les chansons dévastatrices de Neurosis.

L’orga nous aura encore joué le coup des ovnis cette année, et cette journée a prouvé que d’autres styles musicaux, éloignés mais pas tant que ça des habitudes des festivaliers, pouvaient avoir leur place et être apprécier par énormément de personnes présentes. Nous en aurons encore la preuve demain.

 

Last modified: 5 octobre 2018