Les vétérans du rock version delirium tremens sont de retour en 2018, avec un nouvel album – le 10è ou 11è, ou je ne sais plus combientième, et on s’en tape comme de sa première branlette. Parce qu’un nouveau MONSTER MAGNET, c’est un évènement qui mérite toute votre attention, et pas seulement une écoute distraite.
La figure de proue de ce qui est encore qualifié de scène stoner (si seulement il pouvait y avoir un digne héritier de MONSTER MAGNET !), surnageant comme un naufragé dans un océan de macchabées musicaux n’apportant plus grand-chose depuis l’explosion de cette scène, arrive encore à susciter l’excitation avec ce Mindfucker, fier rejeton du Rock’n Roll. Car à l’instar de Motörhead qui gueulaient au début de chaque concert qu’ils étaient là pour jouer du putain de rock’n roll, Dave Wyndorf poursuit l’œuvre de l’une de ses influences autant musicale que psychotrope (y a-t-il besoin de rappeler qu’il a failli y rester ?).
Mindfucker se veut avant tout un album de rock qui écrase sa chatte, et à ce niveau-là, rien à dire, il y a tout ce qu’on attend d’un énorme album qui envoie tout par la fenêtre, nous avec : du rythme, des riffs dantesques qui Sabbath sur nos oreilles plus vite qu’une montée de speed, un groove toujours aussi sexuel et suintant le stupre, bref la recette parfaite du MONSTER MAGNET version endiablé que l’on aime. En tout cas, que MOI j’aime. Quoi ? Pas d’embardée psychédélique sous dope qui n’en finit plus ? Non. Donc c’est pas un album stoner ?! Non, on a dit un putain d’album de rock’n roll, t’es bouché ou quoi ? Enlève les feuilles de tes oreilles, ça te changera la perception… Bon sang, sont cons ces stonersloth, faut revenir aux bases, écoutez Oncle Dave !
Revenons à nos pilules. J’en étais où ? Ah oui. L’autre façette de ce Mindfucker, quand on écoute attentivement, ce sont les paroles. Dave Wyndorf, qui a déjà écrit autant de superbes morceaux que de textes dignes des comics les plus… alternatifs, a dû concilier son envie de faire un album fun et de pur rock avec l’actualité, à commencer par les élections américaines. Mais contrairement à Al Jourgensen, qui se nourrit d’une haine profonde envers les politiciens pour faire des albums agressifs et engagés, les chansons de Mindfucker sont plus poétiques et leur sens pas forcément évident à la première écoute. Et comme le leader de Ministry, Wyndorf peut passer pour un prêcheur halluciné, debout sur sa caisse de bières vides, gueulant devant un sexshop à une foule qui s’en cogne des discours barrés mystico-camés, venant nous prévenir des catastrophes à venir (ou déjà commencées), mais qui manqueront certainement leur cible à cause de leur subtilité… Dommage.
MONSTER MAGNET nous offre un magnifique album alliant le meilleur du rock à une écriture toute en finesse, relevé par la superbe reprise d’Hawkwind, « Ejection ». Les vrais savent et prendront leur pied. Pardon d’avoir douté.
ARTISTE : MONSTER MAGNET
ALBUM: « Mindfucker »
DATE DE SORTIE : 23 mars 2018
LABEL : Napalm Records
GENRE : Rock’n’roll
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Last modified: 28 avril 2018