Un duo de groupes qui a fait du black metal son ingrédient base, pour le marier ensuite à des mixtures post-rock, krautrock, psyché ou shoegaze : c’est l’affiche à la fois osée et cohérente proposée à Glazart ce soir par Kongfuzi avec WOLVES IN THE THRONE ROOM et ALUK TODOLO. Qui s’en plaindra ?
L’affiche de ce soir nous rappelle quelque peu celle d’avril dernier au Petit Bain, où ALUK TODOLO ouvrait pour un autre groupe aux confins du black metal et du psychédélisme : Oranssi Pazuzu. Le set d’Aluk Todolo étant relativement semblable ce soir, je ne vais pas m’étendre dessus et vous renvoie donc vers le précédent report tout en soulignant que le trio occulte n’a entre-temps rien perdu de son pouvoir hypnotique.
De retour à Paris après six ans d’absence et un album controversé entièrement porté par des nappes de synthés, WOLVES IN THE THRONE ROOM revient en 2017 sur une formule black metal plus classique avec Thrice Woven (voir notre chronique ici) sans pour autant abandonner ses obsessions arty. De quoi laisser sur le carreau certains fans de la première heure, mais de quoi attirer un autre public, dont je fais partie. Malgré une bonne concurrence de concerts parisiens ce soir, plusieurs centaines de personnes ont tout de même fait le déplacement pour constater de la bonne forme ou non du groupe d’Olympia, en formation quintet.
Evidemment, avec un Randall Dunn sous le bras, il est plus simple d’allier puissance et clarté dans sa musique. Et ce qui frappe tout de suite, c’est que la puissance du groupe ne prend jamais le pas sur ses intentions mélodiques : même avec une grosse caisse très en avant, le son est clair et prenant. Les trois guitares se répartissent les trémolos et riffs, et baladent le public entre énergie thrash et arpèges post-rock. Le tout se voit rehaussé de nappes de synthés subtiles, jamais de mauvais gout, toujours pertinentes, pour une poignées de morceaux épiques et mythiques qui racontent les forces de la nature et les combats titanesques qu’elle engendre.
Car les influences black ou folk de WITTR ne doivent pas cacher une force irritante de leur paysage sonique : les synthés blafards et pesants de la fin des 70’s et du début des années 80 qui nous plongeaient dans la noirceur de l’âme humaine, chez Joy Division comme chez Cure (on ne tarira jamais d’éloges à propos des synthés de Pornography par exemple), les mélodies répétitives de Tangerine Dream ou des BO de John Carpenter et de « l’Exorciste » laissaient poindre une horreur mystique pure. Ce synthé, c’est la force indéniable du groupe sur scène ce soir, il prolonge le récit, soutient la violence tout en lui donnant un poids mélancolique supplémentaire. Et surtout, il déploie une force incroyable lors de « Dea Artio » avec un accord d’infrabasse qui nous enveloppe et nous relâche dans une puissante pulsation dans la lenteur finale de « The Old Ones Are With Us ».
Atmosphère de fin d’année (du monde ?) oblige, on ressort au bout d’une heure et quelque, de ce voyage plutôt froid avec une onde de mélancolie qui nous parcourt l’esprit.
Last modified: 26 février 2018