THE ATOMIC BITCHWAX + GREENLEAF + STEAK @ Glazart (Paris, 14.12.18)

Written by Live

Alors que le stoner rock classique subit une sorte de lassitude et de retour de hype, dans la presse spécialisée du moins, il existe toujours ces hardworking stonerheads, ces routiers du riff qui tournent inlassablement pour faire profiter l’Europe de leur passion du rock’n’roll grâce à Sound of Liberation qui a concocté une petite tournée d’hiver pour ce beau monde. Les Anglais de STEAK, les Américains de THE ATOMIC BITCHWAX et les Suédois de GREENLEAF, unis sous le drapeau du Saint-Fuzz.

Un STEAK d’origine anglaise, ça pourrait être suspect, mais ici pas d’inquiétude, on a affaire à du produit de qualité, de la viande en provenance d’un élevage de vache Kyuss n’ayant subit aucune modification génétique. Alors oui, on connait déjà le goût, on en a mangé 100 fois, mais ça ne sert à rien de bouder son plaisir et de chercher autre chose sur la carte : on savoure ça comme une belle entrecôte, pleine de cette saveur refuge qu’on aime tant. Il y a du métier derrière, son accompagnement sonore est bien fourni aussi, c’est entrée-plat-dessert en un seul service. Il va falloir un peu de sport pour digérer tout ça.

C’est l’heure de la balade digestive ? Oh que non : c’est l’heure de se lancer les uns sur les autres. Chez THE ATOMIC BITCHWAX, on est comme ça, quand on lance un morceau, la fosse ne peut s’empêcher de se frotter. À chaque concert, on ne cesse d’être ravis de voir comment le trio nous balance son talent à la figure avec une telle nonchalance et un telle absence de bullshit, et ce dès le toujours jouissif et introductif Hope You Die. Derrière c’est l’avalanche. Le son est énorme, les notes et riffs sont balancés à une vitesse stratosphérique. « You want a fast one? » Of course we do. Rien ne les arrête, dans un mix habile d’anciens et de nouveaux morceaux. Léger accident de parcours lors de cette reprise de Pink Floyd un peu foirée par Finn Ryan en solo guitare/chant. Mais rien de dramatique, le set est rattrapé in-extremis par le retour du groupe pour terminer le tout dans un déluge de fuzz.

Alors forcément, après la classe américaine®, la rigueur suédoise calme un peu les ardeurs. Oh, ça se joue à peu de choses, le groupe spin-off de Dozer est composé de musiciens talentueux, les compos ne sont pas au rabais et le succès est au rendez-vous vu les réactions du public. Mais le tout semble forcément plus calibré, moins spontané, plus froid. Faut-il y voir la touche Nuclear Blast ? Pas forcément, puisque GREENLEAF comme Dozer porte la marque de son guitariste Tommi Holappa qui aime que son stoner soit efficace, énergique et propre mais forcément un peu chiant et anonyme parfois. Surtout, il semble manquer maintenant une certaine finesse et des influences blues ou presque jazz qui semblaient poindre sur le très plaisant Trails & Passes de 2014. Je passe donc la totalité du set à essayer de m’accrocher à tel ou tel morceau mais rien n’y fait, jusqu’à With Eyes Wide Open, le grand moment d’Arvid Jonsson au chant, mais rien n’y fait. Bon, au final, rien n’interdit de croire que la déception viendrait d’un coup de mou subjectif, d’autant plus que la foule du Glazart semble conquise dans l’ensemble. Et c’est là le principal.

Last modified: 16 avril 2018